
Faux départ pour la nouvelle règle du sprint

Le nouveau règlement qui régit, entre autres, le 100 m est montré du doigt à Paris après l’élimination du sprinter Jon Drummond.
Membre de l’IAAF, le Suisse Hansjörg Wirz s’exprime sur les mesures adoptées à Edmonton en 2001 et mises en place en janvier.
Le nouveau seigneur du sprint mondial se nomme Kim Collins et vient de la petite île antillaise de Saint-Kitt & Nevis. A la surprise générale, il a remporté lundi soir le 100 m des Mondiaux de Paris devant tous les grands favoris en courant en 10’’07.
Une belle histoire. Pourtant, ce dont tout le monde se souviendra, c’est plutôt la pantalonnade qui a accompagné le déroulement des quarts de finale de la discipline reine.
Victime du nouveau règlement du sprint, le vétéran américain Jon Drummond a refusé de quitter la piste cendrée du Stade de France comme l’y invitaient les officiels. Allant même jusqu’à se coucher sur le sol, tant sa déception et son incompréhension de la sanction étaient grandes.
Depuis le 1er janvier, un seul faux départ est en effet autorisé par course. Et l’auteur de toute nouvelle infraction est irrémédiablement disqualifié.
Depuis 1989 et les Mondiaux d’Helsinki, jamais un tel spectacle ne s’était déroulé sur le tartan d’une grand «messe» mondiale. Les pontes de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) n’en reviennent toujours pas.
L’analyse de Hansjörg Wirz
«Le nouveau règlement du sprint a été accepté par le conseil de l’IAAF lors des Mondiaux d’Edmonton en 2001 et les athlètes ont eu deux ans pour s’adapter à ces nouvelles mesures avant qu’elles ne soient mises en vigueur», explique le Suisse Hansjörg Wirz.
Ancien hurdler de haut niveau (400 m haies), le Schaffhousois a, tour à tour, occupé les postes de coach et de directeur technique de la Fédération suisse d’athlétisme.
Aujourd’hui président de l’Association européenne d’athlétisme, il est à ce titre membre du Conseil et de la Commission des compétitions de l’IAAF. Présent à Paris, il condamne l’attitude antisportive de Jon Drummond.
«Cette nouvelle règle du faux départ est beaucoup plus équitable que l’ancienne. Elle empêche des athlètes d’essayer de «voler» les départs tout en se sachant à l’abri de la disqualification. Le sprinter américain aurait dû accepter la sanction puisqu’il était en tort.»
Même s’il n’est pas sorti totalement des starting-blocks, sa jambe d’impulsion a bel et bien effectué une poussée significative avant que le pistolet du starter n’ait retenti.
Son temps de réaction a ainsi été mesuré en dessous du centième de seconde. Une performance impossible à réaliser pour l’être humain et donc synonyme de faux départ.
Le règlement, c’est le règlement, et les vociférations et les tentatives d’intimidation du vétéran des pistes n’ont eu pour effet que de retarder le déroulement de la compétition.
Pas de remise en question
La pièce burlesque dont il a été l’acteur principal durant de longues minutes dimanche au Stade de France semble n’avoir aucune chance de faire changer d’avis l’IAAF.
«Même si de nouvelles affaires Drummond venaient à éclater, insiste Hansjörg Wirz, nous sommes tous convaincus que cette nouvelle règle est la bonne et que ce n’est que de cette manière que l’équité peut être respectée.»
Peut-être. Mais cette nouvelle règle a déjà montré ses limites aux actuels Championnats du monde de Paris.
swissinfo, Mathias Froidevaux
La nouvelle règle du faux départ a été adoptée en 2001 et mise en place en janvier 2003.
Visant à répondre aux exigences de la TV, elle est contestée par beaucoup d’athlètes.
Aux USA, cette réglementation régit les championnats universitaires mais n’est toujours pas appliquée aux pros.
– Kim Collins de la petite île antillaise de St-Kitt & Nevis a remporté l’épreuve du 100 m des Mondiaux de Paris. Pour la première fois depuis 1995, aucun Nord-Américain n’est monté sur le podium.
– L’histoire retiendra la pagaille semée par Jon Drummond au stade des quarts de finale.
– Après un faux départ contesté (seul son pied d’impulsion ayant bougé) Jon Drummond a refusé durant de longues minutes de quitter la piste.
– Au-delà d’un spectacle burlesque, son élimination a mis en évidence le problème posé par la nouvelle règle du faux départ concernant les épreuves du sprint.
– Celle-ci disqualifie un athlète auteur d’un second faux départ, même si ce dernier n’est pas l’auteur du premier.
– Auparavant, seul un sprinter coupable de deux faux départs était éliminé.

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