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La courtoisie a tué lors du naufrage du «Titanic»

La courtoisie peut se payer cher.

Les gentlemen britanniques ont eu moins de chances de s'en sortir que les passagers américains moins stylés, indique une étude helvetico-australienne.

Une analyse des statistiques des survivants et des victimes du célébrissime naufrage du 14 avril 1912 démontre que, sans céder à la panique alors même que leur vie était en danger, un grand nombre de personnes ont obéi à leurs normes sociales.

Pas moins de 1517 voyageurs ont ainsi perdu la vie lorsque ce transatlantique prétendument insubmersible a heurté un iceberg et coulé lors de sa traversée inaugurale vers New York. Les quelque 2223 passagers et membres d’équipages présents à bord étaient en majorité d’origine britannique, américaine, irlandaise et scandinave.

En collaboration avec David Savage, de l’Université de technologie de Queensland, Bruno Frey, professeur à l’Université de Zurich, a démontré que les passagers britanniques ont eu 10% de chances de moins de sauver leur peau que les autres.

Les Américains ont eux bénéficié de 12% de plus de chances de survie que les Britanniques.

Lutter pour survivre

Bruno Frey est convaincu que la forte proportion de victimes britanniques s’explique par leur strict respect des conventions sociales et du «flegme britannique» qui prévalait à l’époque.

«A l’époque du naufrage, la norme sociale selon laquelle il fallait sauver les femmes et les enfants d’abord était très largement suivie», explique-t-il. En comparaison, les Américains semblaient alors donner plus d’importance à leur survie qu’à faire preuve de «fair-play».

«Une hypothèse voudrait que, dans de telle circonstances, les Américains soient plus individualistes et donc plus aptes à se battre pour survivre, mais une autre indiquerait qu’ils ignoraient tout simplement cette norme sociale de sauver les femmes et les enfants d’abord.»

Cette étude fait partie d’un projet de recherche statistique visant à étudier comment les gens réagissent dans des situations extrêmes. Le naufrage du «Titanic» s’est avéré un cas intéressant parce qu’il existe de très nombreuses données, que ce soient les listes de passagers, les documents de l’enquête et les témoignages des survivants.

Bruno Frey se dit très surpris par ces résultats parce qu’ils contredisent sa théorie, selon laquelle les gens agissent pour leur propre compte dans des circonstances de stress extrême.

Pas de panique!

«Selon mon hypothèse, les mâles adultes, qui sont plus forts que les femmes et les enfants, tendraient à se sauver eux-mêmes en priorité. Mais nous avons découvert que les femmes ont de meilleures chances de survie.»

L’étude, qui n’a pas encore été publiée, démontre que le taux de survie des femmes lors du naufrage a été de 53% plus élevé que celui des hommes et que celui des enfants a dépassé de 15% celui des adultes.

Bruno Frey a également comparé le comportement des passagers du «Titanic» avec celui des passagers d’un récent crash d’avion dans la rivière Hudson à New York.

«Il semble que dans des situations de danger extrême, les gens ne paniquent pas et font preuve, en général. d’un comportement étonnamment solidaire», explique-t-il.

«Nous voulons définir les conditions qui provoquent des comportements de panique ou de calme, et si les normes sociales fonctionnent ou non. Nous savons que, dans certaines circonstances, les gens paniquent, mais que, dans beaucoup d’autres, ils ne paniquent pas. Mais nous ignorons encore quelles sont ces circonstances.»

swissinfo, Matthew Allen à Zurich
(Traduction de l’anglais: Isabelle Eichenberger)

Cet orchestre a été créé en 1981 et interprète de la musique de chambre de différentes époques et styles.

Cet ensemble s’est fait une réputation internationale en interprétant les morceaux joués par l’orchestre du Titanic dans le film de James Cameron sorti en 1997.

Voyage inaugural. Le Titanic de la ligne White Star RMS était le plus grand et le plus sûr des bateaux à vapeur de l’époque. Il a entamé son voyage inaugural de Southampton à New York le 10 avril 1912, avec 2223 passagers à son bord.

Naufrage. La nuit du 14 avril, il a heurté un iceberg à 400 miles de la côte de Terre-Neuve. Le paquebot a coulé en deux heures et 40 minutes à l’aube du 15 avril.

Survivants. Ajoutée à une température très basse, la rapidité du naufrage et l’insuffisance de canots de sauvetage ont fait que seules 706 personnes ont survécu.

Héroïsme. Le plus grand nombre de survivants ont été des passagers de 1re classe, dont les cabines étaient au-dessus de la surface de l’eau et plus proches des canots de sauvetage. C’est l’équipage qui a eu le taux de survie le plus bas, y compris le capitaine Edward J. Smith, qui a coulé avec le bâtiment en criant «Soyez britanniques, mes garçons, soyez britanniques».

Epave. L’épave a été découverte en 1985 par une expédition franco-américaine.

Au cinéma. Plusieurs films ont évoqué ce désastre, dont le film hollywoodien de 1997 avec Kate Winslet et Leonardo Di Caprio.

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