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Toiles érotiques en cercle restreint

Hannes Thommen:«J'ai toujours été plus intéressé à dessiner des femmes que des fermes." swissinfo.ch

A la fin de la semaine dernière, le peintre Tom Men, pseudonyme artistique du graphiste bernois Hannes Thommen, présentait son oeuvre au public. Ou plutôt à son public. Car la soirée était privée.

Un immeuble administratif du quartier du Marzili, à Berne. Au 3e étage, une partie locative. Un couloir et des appartements: celui de Hannes Thommen, qui inclut son atelier, et ceux de ses voisins… Le tout transformé en galerie d’art. Vaste accrochage, pour une soirée unique qui a duré toute la nuit, et s’est prolongé sur le week-end.·

Pendant 25 ans, Hannes Thommen a travaillé comme graphiste en dirigeant l’atelier FUNTOM, à Berne. En l’an 2000, rupture: il le revend à son fils, et décide de se consacrer entièrement à la peinture. Un tel virage n’entraîne-t-il pas des angoisses? «Non. Le stress pour moi, c’était de travailler très dur à l’atelier, parfois seize heures par jour, et de peindre encore le soir. Maintenant, je peux investir presque toute cette énergie sur ce qui n’était jusqu’à maintenant qu’un hobby. C’est une nouvelle vie».

Une nouvelle vie dans laquelle les femmes ou plutôt la femme, en tant que sujet artistique, tient une place centrale. «J’ai toujours été plus intéressé à dessiner des femmes que des fermes, par exemple… Dans la femme, il y a tout. Formellement aussi. Mais il n’y a pas que ses lignes. Pour moi, la femme est un mystère beaucoup plus important que ce que l’homme représente».

Les formes féminines en tout cas, Hannes Thommen sait les saisir. Ses sujets ont parfois la grâce torride des beautés de Manara, parfois la chair joyeuse des pin-ups américaines des années 50-60. «Mais celui qui a eu une grande influence sur moi, c’est Tomy Ungerer. Dans mon domaine, c’est Dieu lui-même!».

Silhouettes callipyges, reins cambrés, extases mystico-charnelles, entrelacs de corps, les toiles défilent, ainsi que les différentes esquisses qui ont mené à chacune. Au-delà de la pulsion érotique qu’elles évoquent et suscitent, on prend conscience du perfectionnisme qui habite «Tom Men».

Une soirée privée, c’est bien, un accès au vrai public, c’est sans doute mieux… Problème: Hannes Thommen n’apprécie guère les galeristes. «Comme je n’aime pas beaucoup discuter avec eux, j’ai un ami qui a fait ça pour moi. Et les galeristes n’ont aucun intérêt pour ce que je fais. Tous ont dit: pourquoi avez-vous envoyé cette collection? Cela ne m’intéresse pas… il n’a pas de nom». Alors il projette de faire sans eux. En créant par exemple son propre lieu d’exposition permanente: un site sur le web, prévu pour le printemps 2001.

Bernard Léchot


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