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Un autre théâtre à découvrir à Berne

Séquence théâtrale des "Personnages" de la compagnie "L'Oiseau-Mouche". (Photo du site)

Pour sa 19e édition, le Festival «auawirleben» a choisi la thématique du jeu théâtral exécuté par des handicapés mentaux. Une dizaine de troupes du genre, suisses et françaises, se produisent dans les théâtres de Berne, jusqu'au 13 mai.

D’entrée, un tel festival suscite le débat de la frontière entre la normalité et l’anormalité des personnes, entre les présumés sains d’esprits et ceux que l’on appelle encore parfois les fous. Dans ce sens, l’art théâtral apporte des embryons de réponses et redit combien ladite frontière est arbitraire.

«Pour le handicapé mental, explique Irène Howald, membre de la direction du Festival «auawirleben», le théâtre est une nécessité qui relève d’un besoin de dire des choses qu’il n’ose énoncer dans sa réalité quotidienne. Encore que cela soit aussi certainement le cas chez les acteurs dits normaux».

Dans leurs recherches de pièces de théâtre pour leur 19e édition, les membres de la direction du Festival «auawirleben» se sont rendu compte qu’il y en avait beaucoup qui étaient actuellement interprétées par des handicapés mentaux, en Europe.

Au même moment, le Schlachthaustheater de Berne envisageait également de programmer ce même type de théâtre. «Du coup, cela nous a tous décidé à tenter de faire la promotion du théâtre exécutés par des handicapés mentaux, en ville de Berne».

Et cela, bien que le Festival de théâtre «auawirleben» ne contienne pas habituellement de thématique aussi définie.

Confiante, Irène Howald ne songe pas une seule minute à un possible fiasco financier pour cette 19e édition. Car, selon elle, le concept du théâtre, de la peinture ou de la musique faites par des handicapés mentaux est dans le vent et attire plus que jamais le grand public.

«Ce genre de spectacles touchent les gens, assure Irène Howald, plus particulièrement certains côtés enfouis et inconscients de leur personnalité».

Dans le registre des différences, le théâtre joué par des handicapés relèverait davantage d’une émotion plus brute, très directe et surtout des plus authentiques.

C’est peut-être auprès du spectateur que la différence se ferait le plus sentir. Inéluctablement, précise Irène Howald, «il sera attiré par un spectacle d’handicapés par un certain voyeurisme».

Toujours est-il qu’à la sortie de tels spectacles, on découvre des gens le sourire aux lèvres, tant ils sont généralement envahis par le plaisir de découvrir que le comédien handicapé est capable de transmettre une émotion de qualité artistique aussi intense que celle d’un acteur dit normal.

Il est à préciser que ces comédiens handicapés ont pour la plupart reçu une formation artistique de trois ou quatre ans. Ce sont des artistes qui ont longtemps travaillé le texte, le chant et même la danse, avant d’apparaître sur scène.

Enfin, il est à souligner que tous les spectacles du Festival «auawirleben» sont des créations. Interprétées notamment par trois troupes suisses: Le Théâtre genevois de l’Esquisse dans «Un hangar sous le ciel», le Theater Hora de Zurich dans «Die Lust am Scheitern» et celui de Suisse orientale «Die Regierung» dans «L’ascenseur».

Emmanuel Manzi

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