Un galeriste suisse au service de l’art contemporain chinois

La Biennale de Shanghai se taille actuellement un beau succès et la peinture contemporaine chinoise s´impose sur le marché de l´art. En coulisse, Lorenz Helbling, un Suisse de 40 ans, a participé à cette aventure.

Quand Lorenz Helbling s’est installé à Shanghai, il y a cinq ans, il n’existait aucune galerie d’art moderne digne de ce nom. Un désert culturel qui n’était pourtant qu’apparent. Et ce Suisse originaire de Brugg (AG) était bien décidé à défricher le terrain.

Après deux années d’étude de l’art à l’université Fudan de Shanghai et trois passées dans une galerie de Hong Kong, il ne débarquait pas tout à fait en terrain inconnu. «Quand j’ai quitté Hong Kong, mes amis m’ont souhaité bonne chance. Mais ils n’y croyaient pas du tout. Il n’existait encore aucun collectionneur en Chine.»

Ses premières expositions, il les organise dans des couloirs d’hôtels et seul un petit groupe d’amateurs étrangers s’y intéresse. «Le plus difficile a été de convaincre les artistes chinois eux-mêmes. Ils ne comprenaient rien au travail d’un galeriste. Ils étaient nourris d’a priori négatifs. Ils refusaient d’entrer dans un circuit mercantile ou préféraient partir à l’étranger.»

Il y a deux ans, Lorenz Helbling a finalement ouvert sa galerie «ShanghArt» dans le parc 97, situé au cœur de l’ancienne concession française. «Le Suisse», comme on l’appelle, est devenu incontournable dans le milieu. Et son rôle de galeriste n’est plus contesté par personne. Il travaille aujourd’hui avec une quarantaine d’artistes représentant trois générations de créateurs.

Du pop art avec ses «Maos» multicolores du début des années 90, on est passé aujourd’hui à des œuvres beaucoup plus diversifiées utilisant les nouveaux médias. «Ce qui se produit en ce moment à la Biennale de Shanghai est passionnant. La Chine avec sa très ancienne tradition culturelle se confronte aux autres mondes», conclut-il.

Frédéric Koller, Shanghai