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Un vrai succès populaire

Damien Farquet (à g.) a remporté trois fois l'épreuve. Il est ici avec Emmanuel Buchs et Rico Elmer, lors de l'édition 2000. Keystone Archive

Fleuron des épreuves de Ski-Alpinisme en Europe, la Patrouille des Glaciers (PDG) a débuté jeudi, en Valais. Record d'affluence garanti. Mais météo incertaine.

Dix-huit patrouilles militaires qui rallient Zermatt à Verbier par la Haute Route. La première édition de la PDG remonte à 1943. L’intérêt qu’elle suscite pousse les militaires à en organiser deux autres, l’une en 1944 et l’autre en 1949.

Malheureusement, cette dernière édition est endeuillée par la mort de trois patrouilleurs. Le Département militaire fédéral de l’époque décide donc d’interdire définitivement la PDG.

Renaissance et succès

Il faudra attendre 1984 pour que la Patrouille des Glaciers retrouve ses droits. Ceci, grâce à une poignée de militaires passionnés, et à l’appui de l’armée.

Mieux, à une époque où le Ski-Alpinisme n’est pas médiatisé, les organisateurs auront la bonne idée d’ouvrir l’épreuve aux civils.

Vingt ans après, la PDG est organisée toutes les années paires. Elle est devenue une véritable légende vivante.

Mais elle victime de son succès. Cette année, 920 patrouilles – dont 72 féminines – y participent. Et les organisateurs ont été contraints de refuser la participation de 450 patrouilles.

Son succès, la PDG le doit bien sûr à la beauté du parcours de la Haute Route. Mais également à une organisation toujours de type militaire, qui ne laisse rien au hasard.

Ouverte à tous

Notons que la mise sur pied (en 1984 également) de deux autres courses plus courtes, entre Arolla et Verbier, a fortement contribué au succès de la PDG. Qui est ainsi devenue une véritable épreuve populaire.

Après quatre participations dont trois victoires, le garde-frontière Damien Farquet demeure le détenteur du record de l’épreuve. Et, cette année encore, le Valaisan et ses deux coéquipiers sont les grand favoris de la course.

«Cette épreuve est probablement la plus difficile, mais aussi la plus belle, lance Damien Farquet. Même si les Italiens ou les Français organisent de superbes courses telles que la Pierra Manta, en Savoie dans le massif d’Arêches.»

Et la Haute Route n’a pas de secret pour le douanier valaisan. Il connaît sur le bout des doigts les 53 kilomètres de long, les 100 kilomètres d’efforts, et les 8000 mètres de dénivellation de la course.

Plus poétiquement, Zermatt – Verbier, c’est un parcours émaillé de noms mythiques comme la Tête Blanche, le Col de Bertol, Arolla, le Col de Riedmatten, La Barma, La Rosablanche et Verbier.

«Ce parcours est unique, dit Damien Farquet. Mais il nécessite une grande préparation et passablement de sacrifices si vous voulez être parmi les meilleurs.»

Pour Damien Farquet et son équipe, la course commence en hiver déjà avec un entraînement intensif, assorti de nombreuses sorties à skis de fond.

Et Damien Farquet de préciser: «Au printemps, on intensifie les exercices en pratiquant la peau de phoque à haut niveau, pour faire un maximum de dénivelé avant le jour J.»

Effort et plaisir

«Cela dit, raconte Damien Farquet, cet effort est très largement récompensé par l’ambiance qui règne pendant la compétition. Au départ et à l’arrivée, les spectateurs nous soutiennent moralement. L’ambiance est unique.»

Mieux encore, pour le douanier, le déroulement de l’épreuve est parfois magique: «Le début de la course s’effectue de nuit, avec une lampe frontale. Or, aux passages les plus délicats où on se croit seul, des passionnés ont fait le chemin pour nous soutenir! C’est extraordinaire.»

Sécurité avant tout

Pour autant, les problèmes de sécurité ne sont pas négligés. Bien au contraire.

L’état-major (militaire) de la PDG compte 170 personnes. Et 1800 volontaires travaillent durant ces trois épreuves dont le budget global est estimé à 1,8 million de francs.

«C’est ce qui rassure les participants, assure Damien Farquet. Et c’est nécessaire. Car, malgré toutes les précautions qui sont prises, la montagne peut toujours nous réserver des surprises.»

D’ailleurs, tous les patrouilleurs doivent être équipés de radios, de balises Argos (pour le repérage en cas d’avalanche), de cordes et de piolets.

Météo incertaine

Seul bémol à cette édition 2002, l’incertitude qui règne en matière de météo pour cette fin de semaine. D

Jeudi, les premiers concurrents de la 10e patrouille des glaciers ont rallié Verbier. La course s’est déroulée dans de bonnes conditions et sans problème.

La meilleure patrouille, celle de l’association romande de ski (composée de Frédéric Grandjean, Julien Vial et Benoît Dessibourg) a mis quatre heures et trois minutes pour couvrir le petit parcours de l’épreuve, soit les 26 kilomètres séparant Arolla de Verbier.

Ils n’ont pas battu leur meilleur temps de l’édition 2000 qui était de cinq minutes inférieur.

Mais la suite n’est pas garantie. Une grosse perturbation météorologique est annoncée. La grande course qui se déroule dans la nuit de vendredi à samedi pourrait être reportée de 24 heures, voire, dans le pire des cas, annulée.

Quant à l’avenir, il est assuré. La disparition de la Division de montagne 10 – dont dépend l’épreuve – n’aura pas de graves conséquences sur la PDG.

Pour preuve, Berne vient de donner son feu vert à l’organisation de la PDG 2004. Mais, pour le brigadier Maryus Robyr, patron de l’épreuve, il faudra changer de structure. Et créer une nouvelle unité spéciale pour l’organisation de la Patrouille des Glaciers.

swissinfo/ Jean-Louis Thomas

Grande course A: Zermatt Verbier, 26/27.4.2002
Petite course B1: Arolla – Verbier 25.4.2002
Petite course B2: Arolla -Verbier 27.4.2002

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