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Une force indispensable entre gauche et droite

Le nouveau président du PDC, Christophe Darbellay. Keystone

Le nouveau président du Parti démocrate chrétien (PDC, centre-droit) Christophe Darbellay entend refaire de sa formation la 3e force incontournable dont le pays a besoin.

Dans une interview à swissinfo, le Valaisan reconnaît néanmoins qu’évoluer dans un contexte politique marqué par une forte polarisation entre gauche et droite dure reste un exercice d’équilibriste.

Christophe Darbellay a été élu le 2 septembre à la tête du PDC. Cette accession à la présidence n’a guère posé de problème, puisque les délégués l’ont investi sur le score sans appel de 214 voix sur 218.

Désormais, sa mission est notamment de mener son parti à bon port lors des élections fédérales de l’an prochain. Mais la tâche n’est pas facile: le PDC a vécu une érosion importante de son électorat au cours des dernières années.

Cette érosion lui a d’ailleurs coûté sa position de 3ème parti national et l’un de ses deux sièges au gouvernement. Pour remonter la pente, Christophe Darbellay mise sur un programme politique susceptible de raviver l’intérêt des électeurs pour le centre.

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Parti démocrate chrétien

Ce contenu a été publié sur Le Parti démocrate chrétien (PDC) descend du Parti catholique conservateur. Longtemps opposé à l’Etat fédéral, les catholiques se sont intégrés dès la fin du 19e siècle en occupant un, puis deux sièges au gouvernement fédéral. Ancré dans les campagnes, le PDC s’est ouvert dès les années 70 en se profilant comme un grand parti du…

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swissinfo: En tant que président, quel regard portez-vous sur votre parti?

Christophe Darbellay: Mon regard est critique, mais positif. Le parti a vécu des moments difficiles avec l’éviction d’une représentante au gouvernement.

Mais nous avons fait notre aggiornamento. Nous disposons maintenant d’un programme qui est très clair, d’une ligne politique qui me semble très intéressante tant pour nos électeurs que pour de nouvelles personnes intéressées à nous soutenir.

Je crois que nous sommes sur la bonne voie. Mais nous avons encore beaucoup de travail, car nous n’avons pas encore de signe tangible nous montrant que la polarisation à droite et à gauche serait en voie d’extinction.

swissinfo: Votre parti s’est toujours voulu le défenseur des familles et des petites et moyennes entreprises. Maintenez-vous ce cap?

C. D. : C’est évidemment un cap que nous maintenons, mais de nouveaux thèmes sont davantage soulignés dans notre programme. Il y a notamment la question de l’emploi et des assurances sociales.

Nous voulons évidemment maintenir notre électorat traditionnel dans les régions où nous sommes forts. Mais nous voulons aussi parler à un nouvel électorat.

Nous pensons en effet que dans les agglomérations, il existe toute une série de personnes qui sont sensibles à notre programme, par exemple les jeunes qui ne votent pas traditionnellement à droite ou à gauche.

swissinfo: Depuis quelques années, la politique suisse est de plus en plus polarisée entre la droite dure et la gauche. Dans un tel contexte, comment un parti du centre comme le vôtre peut-il évoluer? Doit-il être plus à gauche ou plus à droite?

C. D. : Pour mon prédécesseur [la nouvelle ministre de l’Economie Doris Leuthard, NDLR] et moi-même, cela a toujours été une randonnée sur une arête, comme en haute montagne. On doit évidemment composer avec les différentes tendances du parti.

Nous faisons de la politique pour nous-mêmes; il y a une ligne du parti démocrate-chrétien, nous n’avons de comptes à rendre à aucun autre parti. Mais évidemment, nous devons chercher des alliances en fonction des thèmes.

C’est plutôt du coté socialiste pour les allocations familiales ou la politique sociale. Mais il y a aussi des sujets difficiles comme les finances fédérales où nos alliances sont plutôt à droite.

En fonction des sujets, nous avons donc des alliances particulières, mais il n’existe aucune stratégie de rapprochement avec un parti.

swissinfo: Votre parti se réfère au christianisme, mais vous être parfois en porte-à-faux avec les autorités religieuses, le dernier différend concernant les lois sur l’asile et les étrangers sur lesquelles on vote le 24 septembre. Ne devriez-vous pas abandonner cette référence chrétienne?

C. D. : Ce débat a eu lieu au moment où nous avons réécrit notre programme politique, en 2004. La majorité de notre base a souhaité que nous maintenions cette référence aux valeurs chrétiennes.

Je trouve que c’est une bonne chose; ce sont des valeurs qui sont immuables, beaucoup plus modernes qu’il n’y paraît. Mais je dois aussi dire que nous avons quelques divergences de vues avec les milieux de l’Eglise. Cela peut arriver, je souhaite que nos contacts s’améliorent par la suite.

Je pense aussi qu’il y a un certain nombre de malentendus, notamment concernant la Loi sur les étrangers. Cette loi est bonne pour la Suisse et fixe certains critères et principes en matière d’immigration. C’est à mon sens une nécessité.

Par contre la loi sur l’asile est beaucoup plus délicate, car elle concerne l’être humain; c’est quelque chose d’extrêmement symbolique. Nous pensons quelle a été débarrassée d’éléments qui étaient inacceptables et qu’elle permet aujourd’hui de résoudre un problème pratique.

Mais évidemment c’est le rôle des Eglises de rappeler valeurs universelles et c’est le rôle d’un parti démocrate chrétien, en fonction des valeurs universelles, de résoudre aussi des problèmes qui se posent dans la pratique et qui ne sont pas forcément toujours en accord avec la théorie prise à la lettre.

swissinfo: Plus de 600’000 Suisses vivent à l’étranger. Attendez-vous quelque chose de particulier de la Cinquième Suisse?

C. D. : Pour moi, ce qui est très important, c’est que les expatriés gardent un engagement et un contact avec leur pays d’origine. Etant donné qu’ils possèdent une vision un peu plus distante et un peu plus critique, il me semble essentiel qu’ils continuent à participer à la vie publique.

Mais je n’ai pas l’impression que nous y soyons bien parvenus à les intégrer dans la discussion, quelque soit le parti politique. Il faudra donc trouver de nouvelles formes pour que ces gens puissent s’exprimer plus directement dans le débat public suisse.

Interview swissinfo, Olivier Pauchard

Le Parti démocrate-chrétien (PDC) est actuellement la 4ème force politique de Suisse. Il a obtenu 14,4% des suffrages lors des dernières élections fédérales de 2003.

Il participe au gouvernement aux côtés de l’Union démocratique du centre (UDC / droite dure), du Parti socialiste et du Parti radical démocratique (PRD / droite).

Au niveau fédéral, le PDC dispose de:
– un ministre
– 15 sièges (sur 46) à la Chambre haute du Parlement
– 28 sièges (sur 200) à la Chambre basse du Parlement

A seulement 35 ans, Christophe Darbellay est de loin le plus jeune président d’un parti politique suisse.

Il est député à la Chambre basse du Parlement (Conseil national) depuis 2003.

Entré en politique sous les couleurs du Parti chrétien-social valaisan, il se définit lui-même comme un «centriste à tendance sociale».

Cet ingénieur agronome a notamment été vice-directeur de l’Office fédéral de l’agriculture (2000-2004). Depuis 2004, il est directeur de la Société des vétérinaires suisses.

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