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Une nouvelle compagnie pour Béjart

Maurice Béjart et Marcia Haydée, complices de longue date. swissinfo.ch

A 75 ans, Maurice Béjart se lance dans un nouveau pari en métamorphosant une classe de Rudra, son école, en une nouvelle compagnie: «M».

Première étape: la création de «Mère Teresa et les enfants du monde», avec la danseuse brésilienne Marcia Haydée.

Maurice Béjart a largement atteint l’âge de la retraite. Un passé somptueux et rayonnant. Et un présent non moins chargé: entre le Béjart Ballet Lausanne (BBL) et Rudra, son école-atelier, il a largement de quoi s’occuper.

Mais voilà, l’idée d’un nouveau départ l’a saisi: «Je crois que c’est nécessaire de se remettre en question continuellement, et de se créer de nouveaux problèmes, parce que c’est comme ça qu’on progresse», remarque-t-il.

Estomaqué par la qualité de la dernière promotion de son école, il a décidé de créer une nouvelle compagnie, en plus du Béjart Ballet Lausanne. Qu’avait-elle de si particulier, cette dernière promotion?

«Le talent. La volonté du travail. Et quelque chose qui fait que tous sont soudés. C’est une espèce de famille spirituelle qui travaille ensemble… Ils sont mieux ensemble: leur communauté leur donne encore plus de talent», répond Béjart.

En principe, les danseurs et les danseuses qui sortent de Rudra n’ont pas trop de difficulté à trouver du travail à l’étranger, dans une compagnie prestigieuse. En l’occurrence, le chorégraphe marseillais a vu les choses autrement: «Je voulais les garder!»

Tout simplement. Et pour ce faire, Maurice Béjart endosse personnellement le budget du lancement de la «Compagnie M»: «Mon argent, je le dois à la danse. Il est normal qu’il y retourne».

Une école «en progrès»

C’est en 1992 que Béjart crée l’Ecole-Atelier Rudra Béjart Lausanne. Une école multidisciplinaire dont la danse constitue le socle. Rudra, école gratuite, accueille des élèves du monde entier. Et, selon son fondateur, progresse…

«Les professeurs font des progrès en prenant conscience de leur enseignement. Et puis, plus l’école est connue, plus des gens viennent auditionner pour y entrer, et plus la sélection est de qualité».

A ce propos, si la Compagnie M compte des artistes français, italien, hollandais, brésilien, argentin, allemand, coréen ou tchèque, pas de Suisse à l’horizon…

Idéalement, quel est le profil d’un jeune danseur ou d’une jeune danseuse qui voudrait entrer «chez Béjart»? «C’est difficile à dire. Je crois que la qualité de ma compagnie, sur quarante années d’existence, a été la diversité», répond-il.

Et d’ajouter: «Il y a eu des techniciens, des émotifs, des beaux, des pas beaux, des types humains excessivement différents plus que dans aucune autre compagnie, je crois. Parfois de bons comédiens qui n’étaient pas très bons danseurs, parfois l’inverse. J’ai toujours cette image de l’humanité où il y a des grands et des petits, des gros et des maigres, des doués et des pas doués, des intelligents et des cons».

M comme Maurice, Marcia et Mère Teresa

Pour la «Compagnie M», l’épreuve du feu, ce sera les 18 et 19 octobre, dates de la création mondiale, à Lausanne, de «Mère Teresa et les enfants du Monde».

Mère Teresa sur la scène du Théâtre de Beaulieu? «Elle sera là et elle ne sera pas là. J’espère qu’elle sera là par son message et sa pensée, mais on ne va pas s’amuser à faire une fausse imitation en mettant un sari sur une dame», précise Béjart, qui vise à faire passer «l’humour et l’amour» de la célèbre religieuse.

Pour l’y aider, le chorégraphe a fait appel à la Brésilienne Marcia Haydée, directrice du Ballet de Stuttgart depuis 1976, une «inspiratrice» avec laquelle il a déjà collaboré une douzaine de fois.

Marcia Haydée a immédiatement accepté le projet: «Parce que c’était Béjart. Car, il faut avoir une vision très forte pour transposer ce thème sur scène. Et je lui fais confiance. Car ce qu’a fait Mère Teresa dans le monde, ce qu’elle a donné, ce n’est pas cela qu’on peut montrer sur scène», dit-elle.

«Ce que l’on peut montrer, c’est le sens de ce qu’elle était. Et ce sens, c’est le même que celui qu’il faut avoir quand on s’occupe de danseurs qui sont si jeunes, qui viennent de si loin et sont donc comme des orphelins. J’essaie d’être le professeur, celle qui montre le chemin. J’essaie de parler. Pour ces jeunes, je suis une mère, pas un directeur. Ce rôle-là, c’est celui de Maurice Béjart.»

Maurice Béjart qui s’apprête par ailleurs à porter une nouvelle fois Stravinsky à la scène, avec le BBL. Ce sera également en octobre. Nous y reviendrons.

swissinfo/Bernard Léchot

Maurice Béjart et le «Béjart Ballet Lausanne» sont installés dans le chef-lieu vaudois depuis 1987.
Evénement: il lance la «Compagnie M», construite avec la dernière promotion de son école, Rudra, une «école-atelier» fondée en 1992.
15 danseurs et danseuses la constituent, alors que le BBL est formé de 35 artistes.
La Compagnie M créera «Mère Teresa et les enfants du monde» les 18 et 19 octobre à Lausanne, Théâtre de Beaulieu.
Avec la participation exceptionnelle de la danseuse brésilienne Marcia Haydée, directrice du Ballet de Stuttgart depuis 1976.

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