Des perspectives suisses en 10 langues

La Suisse un pays de marins, sans régatiers

6 octobre 2002: Alinghi brille au large d'Auckland. SP

Dominique Wavre, Stève Ravussin, Bernard Stamm et le défi Alinghi à la Coupe de l'America font flotter les couleurs suisses sur les mers du monde.

Comme le fit, en son temps, Pierre Fehlmann. Pour autant, la voile suisse reste à la traîne.

Souvenez-vous! C’était au milieu des années 80, Pierre Fehlmann remportait la Whitbread – une fameuse course autour du monde.

Des images de l’équipage suisse et du bateau «UBS» faisaient alors le tour du globe. Et, en Suisse, le monde de la voile sortait enfin de l’anonymat.

«Mes cinq tours autour du monde avec des équipages suisses ont fait rêver les Suisses, se souvient le Vaudois. Ils ont donné à certain l’envie de se lancer sur les mers.»

Des réussites exemplaires

Près de deux décennies plus tard, Pierre Fehlmann a fait des émules de premier choix.

Dominique Wavre, Stève Ravussin et Bernard Stamm ont pris le relais et brillent de mille feux sur les océans. Lors de courses au large et en solitaire principalement.

Les deux premiers entament bientôt la Route du Rhum, alors que le troisième a déjà établi un nouveau record dans les vagues du Round Alone. (cf encadrés)

Et ce, alors qu’à Auckland, sept marins suisses – sans compter la présence d’Ernesto Bertarelli – appartiennent au cadre du défi suisse qui participe à la Coupe de l’America.

Des arbres qui ne cachent malheureusement pas de forêt

Malheureusement, au-delà de ces illustres exemples, le bilan des autres sports de voile reste bien mitigé en Suisse.

Depuis 1968, plus aucun représentant helvétique n’a en effet réussi à remporter de médaille dans les multiples séries – Finn, Tornado, 49yer, etc.- répertoriées aux Jeux olympiques.

Pire, malgré plus 140 clubs de voile et près de 20’000 membres actifs (16’000 adultes et 4’000 juniors) inscrits auprès de swiss sailing, seuls sept régatiers font actuellement partie du cadre national.

«C’est très peu reconnaît François Stockburger, président de la fédération suisse de voile. Mais il faut bien voir qu’une préparation pour les J.O. se fait sur deux à trois ans. Et ces athlètes – principalement des jeunes – doivent faire d’énormes sacrifices sans bénéficier d’aides financières suffisantes.»

«Il est grand temps que nos autorités politiques prennent conscience qu’il faut plus aider les jeunes sportifs en leur offrant un appui financier ou au moins un poste dans l’administration. L’amateurisme est dépassé!»

Heureusement, comme tout un chacun peut participer aux Championnats du monde sans devoir faire partie d’un cadre national, il ‘suffit’ de disposer d’un budget conséquent pour s’y inscrire. Là, les résultats des Suisses sont bien meilleurs.

A titre d’exemple, deux Suisses ont été sacrés Champions du monde en 5,5 au mois de juillet à Helsinki.

Une relève bien présente

Pourtant, le potentiel existe et la relève est là. Le fantastique troisième rang acquis par les jeunes du Centre d’étude à la Régate (CER) de Genève lors du dernier Tour de France à la voile tend à le prouver.

Responsable du CER et skipper du bateau «Ville de Genève», Etienne David ne mâche pas ses mots: «Il ne faut pas se cacher la vérité. La Suisse est peut-être un pays de marins, mais pas de régatiers».

Les talents existent bel et bien. Mais le manque de soutiens financiers leur est fatal.

«En Suisse, il n’y a pas de culture maritime, poursuit Etienne David. Et comme nous n’avons pas de côtes, nous n’avons pas de marché économique lié à la voile. Cela handicape vraiment les régatiers.»

Ce constat est confirmé par Pierre Fehlmann, aujourd’hui président du Forum International de la Course Océanique (FICO).

«Les conditions d’entraînement en Suisse ne sont pas idéales. Ce qui obligent les navigateurs à s’expatrier. De plus, pour réussir à faire des résultats aujourd’hui, il est obligatoire d’être professionnel», affirme-t-il.

Au niveau des régates de type J.O., Championnats du monde ou d’Europe, il est donc très difficile pour les Suisses de percer. Ce d’autant que l’après carrière est bouché.

Ainsi, ceux qui réussissent sont des exceptions. Des passionnés, de véritables «tronches» qui portent haut les couleurs de leur pays sur les mers du monde.

En espérant, à l’instar de Stève Ravussin, ouvrir des portes à leurs successeurs. Dans le domaine du sponsoring notamment, domaine dont ce sport a un besoin crucial.

swissinfo/Mathias Froidevaux

7 marins suisses dans le cadre élargi d’Alinghi
140 clubs de voile
20 000 membres actifs (16 000 adultes et 4 000 juniors) inscrits auprès de swiss sailing
7 régatiers membres du cadre national

Stève Ravussin, Dominique Wavre et Bernard Stamm brillent dans les courses au large et en solitaire sur les mers du monde.
Sept marins suisses font partie du cadre élargi de défi suisse Alinghi qui participe à la Coupe de l’America.
Les jeunes marins du CER ont établi une performance de choix lors du dernier Tour de France à la voile.
Pourtant, les sports de voile en Suisse restent à la peine notamment en fonction du manque de moyens financiers.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision