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Martina Hingis: «Il ne faut jurer de rien!»

Martina Hingis, souriante et détendue. swissinfo.ch

Contrainte de mettre un terme à sa fabuleuse carrière suite à différentes blessures, la Saint-Galloise espère en secret un miracle médical.

A 22 ans, elle semble cependant avoir fait une croix sur ses années tennis et évoque sa «retraite» avec Mathias Froidevaux.

Difficile de s’y habituer! Souriante et détendue, Martina Hingis reste si crédible dans sa jupette de tennis, raquette à la main. Comme prête à affronter l’une des meilleures joueuse du moment dans le cadre d’un tournoi prestigieux.

Rien de cela en fait. En face, sur les courts en dur du Holmes Place Sports Club français de Veygi, à la frontière genevoise, ses adversaires étaient mercredi – et pour l’espace de quelques minutes – les enfants qui participent au dixième «Stephane Oberer Camp».

Deux minutes de «bonheur» pour ces ados, une partie de son nouveau job de femme d’affaires pour Martin Hingis, qui continue d’honorer les contrats passés avec ses sponsors. Rencontre:

swissinfo: Martina Hingis pouvez-vous jurer ici et maintenant que vous ne reviendrez jamais sur le circuit professionnel de la WTA?

Martina Hingis: Il ne faut jurer de rien dans la vie! Il n’y a aucune raison. J’ai été obligée de prendre cette difficile décision de me retirer. Et à moins d’un miracle médical…

De toute façon plus je serai éloignée des courts et plus il serait difficile de revenir au niveau des meilleures. Le tennis évolue sans cesse. Vous savez, c’est la vie qui le veut ainsi. Je ne suis pas amère car j’ai été tellement chanceuse tout au long de ma carrière.

J’ai eu une vie formidable dans le milieu du tennis. Aujourd’hui encore, lorsque je me rends à Roland-Garros ou Wimbledon, c’est un peu difficile.

Dans ces moments, j’aimerais à nouveau pouvoir me retrouver sur le court et jouer au niveau qui était le mien, ressentir cette atmosphère si particulière. Mais ce n’est pas possible. Alors, je fais d’autres choses !

swissinfo: Monica Seles et Jennifer Capriati avec qui vous avez encore des contacts étaient également «perdues» pour le tennis. Aujourd’hui, elles rejouent et gagnent à nouveau. Ne vous disent-elles pas de prendre le temps qu’il faut mais de revenir ?

M.H.: Arrêter n’est pas ma décision, mais celle de mon corps! Ces dernières années étaient vraiment difficiles avec les opérations que j’ai dû subir. Il fallait que je m’arrête avant de ne plus pouvoir marcher ou pratiquer un sport. Si je n’étais pas blessée, il est évident que je jouerais encore.

En regardant en arrière, je me rends compte que le tennis m’a beaucoup apporté. Désormais, je dois apprendre à vivre autrement. J’étudie, je me consacre à ma passion pour les chevaux et je me déplace régulièrement pour répondre aux attentes de mes sponsors.

Et puis j’essaie de rendre un peu de tout ce que j’ai reçu en m’engageant dans diverses causes qui me tiennent à cœur.

swissinfo: la compétition vous manque-t-elle?

M.H.: Pour moi la compétition c’est tous les jours. Dans le domaine des études particulièrement. En fait, je pense qu’il s’agit avant tout d’un état d’esprit : celui d’avoir la volonté de faire les choses du mieux que l’on peut. Une attitude par rapport à la vie. Je veux conserver ce mode de fonctionnement dans ma nouvelle vie.

swissinfo: Votre carrière a véritablement débuté lorsque vous avez gagné votre premier tournoi, à Filderstadt. Ironie du sort, c’est là que vous vous êtes blessée sérieusement la première fois en 2001 et que vous avez disputé votre dernier match en octobre 2002.

M.H.: Je ne m’en étais pas rendue compte jusqu’ici, mais c’est vrai. Même si j’ai joué mon premier match professionnel à Zurich, c’est bien à Filderstadt que j’ai remporté mon premier titre.

Cela prouve, si besoin est, à quel point la victoire est proche de la défaite en sport. Comme je me suis imposée à quatre reprises là-bas, j’en garderai un bon souvenir.

swissinfo: puisque l’on parle de souvenirs pouvez-vous nous dire celui que vous gardez en tête comme le meilleur et celui qui vous fait le plus souffrir?

M.H.: Il n’y a pas de meilleur ou de moins bon souvenir. Les premiers tournois, les Grand Chelem, gagner et perdre, tout a été matière à apprentissage.

A haut niveau, la frontière entre l’ivresse du succès et l’amertume de la défaite est très ténue. Mais ce n’est jamais une question de vie ou de mort et il y a toujours une nouvelle chance.

swissinfo: Vous resterez dans les annales de l’histoire du tennis comme la première représentante de la Suisse à avoir remporté un tournoi du Grand Chelem. Que vous inspire la magnifique victoire de Roger Federer à Wimbledon?

M.H.: Si j’ai pu ouvrir la voie j’en suis heureuse. C’est fantastique pour lui. Je sais ce que l’on ressent dans ces moments. Lorsque l’on est là, que l’on peut se dire: je l’ai fait! Je lui souhaite désormais bonne chance dans sa quête de la place de numéro un mondial.

C’est bien pour la Suisse d’avoir des athlètes d’exception. Des exemples.

swissinfo: Vous êtes arrivée en Suisse à l’âge de huit ans. C’était en 1988. Aujourd’hui, vous passez également du temps en Floride où vous possédez une maison. Ou vous sentez-vous chez vous?

M.H.: Je ne possède qu’une résidence en Floride. Dans le passé, c’était idéal pour m’entraîner. Désormais je m’y rends lorsque je désire prendre des vacances ou alors lorsque je me dois d’être présente sur le territoire américain pour certains événements.

swissinfo: Vous avez passé presque toute votre jeunesse en compagnie de votre mère comme entraîneur. Si d’aventure vous aviez des enfants, leur enseigneriez-vous le tennis?

M.H.: J’ai toujours eu de bonnes relations avec ma mère et elles le sont encore aujourd’hui. C’est mon amie. Pour moi la famille doit toujours passer en premier, c’est le plus important. S’il est possible de combiner les deux, alors tant mieux.

En ce qui concerne les enfants, je leur ferai part de mon intérêt pour le sport quel qu’il soit. Car c’est une école de vie qui pemet de tisser des liens très forts. Après, ce sera à eux de savoir s’ils désirent persévérer.

swissinfo: pour terminer Martina, lorsque vous entrez désormais sur un court de tennis, faites-vous toujours bien attention de ne pas marcher sur les lignes?

M.H.: Non bien sûr, tout cela est oublié. Ces anciennes superstitions n’appartiennent pas à ma nouvelle existence!

swissinfo, interview Mathias Froidevaux de retour de Veygi

Martina Hingis a remporté 40 tournois dans sa carrière – dont cinq Grand Chelem (Australie en 1997, 98 et 99, US Open 97 et Wimbledon 97) – et deux Masters (1998 et 2000).
Surnommée la «Princesse de Trübbach», la Saint-galloise a été la plus jeune joueuse à remporter un tournoi du Grand Chelem (16 ans, 3 mois et 26 jours).
Elle a également été la plus jeune à devenir numéro une mondiale (16 ans, 6 mois et 1 jour). Une place qu’elle a occupée durant 209 semaines au total.
Ses gains en compétition se montent à 18,3 millions de dollars (revenus publicitaires non compris).

-Martina Hingis ne participe plus à aucune compétition de tennis depuis le 10 octobre 2002 et sa défaite à Filderstadt contre la Russe Dementjewa.

-Ironie du sort, c’est également à Filderstadt qu’elle s’était blessée pour la première fois en 2001. Et là encore que tout avait véritablement commencé pour elle puisque c’est à Filderstadt qu’elle avait remporté son premier tournoi sur le circuit professionnel.

-Blessée encore en mai 2002, elle a tenté deux «come-back» avant de jeter définitivement l’éponge pour une période indéterminée, voire définitive.

-Absente des courts, la Saint-Galloise reste très populaire. Elle est présente en spectatrice lors des grands rendez-vous comme les tournois du Grand Chelem (Australie, Roland-Garros, Wimbledon et US Open) et continue d’honorer ses contrats avec ses sponsors.

-Mis à part cela, elle partage sa vie de «jeune retraitée» entre ses études, sa passion pour les chevaux et son nouveau petit ami, Stefan, un moniteur de ski et ancien junior de tennis qu’elle avait perdu de vue depuis plusieurs années.

-Martina habite à Schindelligi et possède également une résidence en Floride.

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