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Multiculturelle, la Nati tire groupé

Les joueurs Hakan Yakin (à gauche) et Ricardo Cabanas illustrent le côté multiculturel de la Nati. Keystone

Joueurs aux origines et mentalités différentes, les Suisses forment un groupe soudé au Mondial. Ils tirent à la même corde, se sacrifient parfois, au nom de l'équipe.

Sur les 23 membres du cadre national sélectionné pour le tournoi, tous ne connaîtront pas le bonheur de fouler le terrain durant la compétition. Les hommes de l’ombre répondent présents…quoiqu’il arrive.

La sélection de Köbi Kuhn est un «condensé de Suisse» par excellence. Suisses alémaniques, Suisses romands, Suisses italiens et ‘Secundos’ aux origines espagnoles, italiennes, serbes, turques, albanaises, kosovares ou ivoiriennes s’y côtoient dans la bonne humeur.

Exemple d’intégration réussie, cette équipe est composée de «potes» ou, du moins, de gens qui se parlent, s’écoutent et se respectent. Ce cocktail, parfois explosif, est la clef de la réussite helvétique. Mieux, une véritable marque de fabrique.

Régler les conflits

«Cette équipe se construit depuis 2002, explique Ricardo Cabanas. Nous avons l’habitude de jouer et d’être ensemble. Bien sûr, nous avons nos problèmes, nos tensions, et nous nous engueulons de temps à autre.»

Le milieu de terrain précise: «Mais nous réglons nos affaires, nous évoquons les conflits… Il faut parler sinon ça ne va pas. Nous sommes une petite nation du football et peu de joueurs sont susceptibles d’intégrer l’équipe nationale. Il est obligatoire que le groupe soit soudé.»

Né de parents espagnols, Riccardo Cabanas évoque aussi cette Suisse multiculturelle où il a grandi, où il a appris à vivre avec des ‘copains’ aux couleurs et origines diverses: «Les différences sont normales, on prend vite l’habitude de communiquer en plusieurs langues sur, et en dehors du terrain».

L’importance du banc

Mais si les Suisses font fi des différences, ils affichent également un état d’esprit sans faille et se mettent tous au service du collectif.

«Regardez Mauro Lustrinelli, ajoute Alexander Frei. Voilà un type qui n’avait pas joué une minute en match de préparation et qui a offert le second but à Tranquillo Barnetta en entrant à quatre minutes de la fin du match contre le Togo. Il a fait passer ses intérêts personnels après ceux de l’équipe.»

«J’ai d’abord pensé à shooter, concède tout de même le Tessinois. Mais Tranquillo était mieux placé. Depuis plusieurs semaines, j’ai vraiment dû prendre sur moi et travailler au niveau mental pour supporter cette situation de remplaçant. Je n’ai cependant jamais songé à tout arrêter. Lorsque je suis entré sur le terrain à Dortmund, j’ai ressenti une émotion énorme.»

De l’ombre…

Eux aussi assis sur le banc, d’autres joueurs ne connaîtront peut-être pas les honneurs des projecteurs durant ce tournoi. Mais ils sont là, prêts à servir comme au premier jour et à imiter Mauro Lustrinelli.

«La place de remplaçant est plus facile à supporter lorsque les résultats suivent», reconnaît le défenseur Stéphane Grichting.

«Nous avons tous fait des sacrifices pour être en Allemagne et c’est parfois un peu frustrant de se retrouver dans l’ombre alors que d’autres sont en pleine lumière. Mais c’est ainsi, et il faut l’accepter. Plus nous irons loin dans la compétition et plus nos chances de montrer ce dont nous sommes capables augmenteront», précise encore Stéphane Grichting.

Tous les entraîneurs du monde le savent. L’état d’esprit des joueurs du «banc» peut changer bien des choses si ceux-ci font corps avec l’équipe ou ‘tirent la gueule’ en affichant clairement leur désintérêt pour la performance de leurs coéquipiers.

… à la lumière

«Je ne me pose pas de questions, note pour sa part Xavier Margairaz. Je suis encore jeune et j’ai l’avenir devant moi. Je me prépare pour chaque rencontre comme si j’allais être titulaire.»

Entré à deux reprises (contre la France et la Corée du Sud) en fin de match, le Vaudois prend chaque minute de jeux comme du bonus.

«J’accepte les décisions de l’entraîneur, car c’est pour le bien de l’équipe… et le groupe passe avant les performances individuelles.»

Vendredi soir contre la Corée du Sud, la Suisse a aussi acquis sa qualification pour les huitièmes de finale du Mondial grâce à ces hommes de l’ombre et qui peut-être, demain, seront dans la lumière.

swissinfo Mathias Froidevaux à Cologne

L’équipe de Suisse s’est qualifiée pour les 8e de finale de la Coupe du monde en Allemagne.
Cette année, la Suisse participe à sa 8e phase finale de Coupe du Monde de son histoire.
Les Helvètes ont enregistré leurs meilleurs résultats lors des éditions de 1934, 1938 et 1954 du Mondial en se hissant, à chaque fois, jusqu’en quarts de finale de la compétition.

– Plusieurs joueurs de l’équipe de Suisse de football ont des origines étrangères: espagnoles, serbes, kosovares, italiennes, turques ou ivoiriennes. Et la composition de cette équipe est un modèle d’intégration réussie.

– Multiculturelle, l’équipe de Suisse est également très unie. C’est grâce à un état d’esprit sans failles que les Helvètes sont parvenus à atteindre le stade des huitièmes de finale de la compétition.

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