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Pas d’échec du dialogue sur le «mur» israélien

La «barrière de sécurité» érigée par Israël reste au centre de la polémique. Keystone

L'ambassadeur suisse à l’ONU rejette l’idée selon laquelle les consultations menées par la Suisse sur la «barrière» érigée par Israël n’ont abouti à rien.

Comme Peter Maurer l’explique à swissinfo, la Suisse a rempli son mandat et a lancé plusieurs propositions spécifiques.

En juillet 2004, l’Assemblée générale de l’ONU adopte une résolution dans laquelle le démantèlement du «mur» érigé par Israël est demandé. Cette construction a été jugée «illégale» par la Cour internationale de justice (CIJ).

L’Etat hébreu justifie sa démarche en affirmant que la «barrière» est temporaire et répond à des critères de sécurité.

En tant qu’Etat dépositaire des Conventions de Genève, la Suisse est chargée par l’Assemblée générale de l’ONU de «conduire des consultations et à en faire rapport à l’Assemblée générale en vue d’assurer le respect du droit international humanitaire».

Le rapport en question a été conclu à la fin du mois de juin. Suite à sa publication par l’ONU la semaine dernière, des critiques ont mis en évidence le fait que les consultations menées par la Suisse n’avaient abouti à aucun progrès significatif. Ambassadeur suisse à l’ONU, Peter Maurer répond aux questions de swissinfo.

swissinfo: Peut-on réellement dire que les consultations menées par la Suisse n’ont abouti à rien?

Peter Maurer: Il ne s’agit pas d’une évaluation juste. Nous avons totalement répondu au mandat limité que nous avait donné l’Assemblée générale de l’ONU. Comme il est possible de le constater dans le rapport, nous nous sommes engagés avec force afin de trouver des réponses et des solutions adaptées.

swissinfo: Mais au final, ni les Israéliens ni les Palestiniens ne sont déclarés prêts à des discussions directes sur la question?

P.M.: Cela est tout à fait correct, les deux parties refusent pour l’instant de s’asseoir à la table des négociations. Mais ce n’est pas une grande surprise. Il est inconcevable de penser qu’Israéliens et Palestiniens puissent se mettre soudain d’accord sur une formule magique.

Nous avons émis des propositions et nous les avons diffusées. Puis nous avons récolté les réponses des Etats parties aux Conventions de Genève ainsi que celles des protagonistes directement concernés par la question de la «barrière de sécurité».

swissinfo: La Suisse a notamment proposé la tenue de deux groupes de discussion, l’un avec Israël et l’autre avec les Palestiniens. Quel est le but d’une telle proposition?

P.M.: C’est de faire en sorte que les pays qui possèdent une influence quelconque sur les deux protagonistes puissent prendre l’initiative d’élaborer des scénarios permettant d’avancer dans ce processus.

L’idée n’est pas de réunir les deux parties en conflit autour de la table des négociations mais de faire en sorte que les Etats parties aux Conventions de Genève s’engagent envers les Israéliens et les Palestiniens et puissent influencer sur leur vision respectives sur la question des droits humanitaires.

swissinfo: Selon la Suisse, la tenue d’une conférence des Etats parties aux Convention de Genève n’est pas la voie à suivre actuellement. Pourquoi?

P.M.: Il ne s’agit pas d’une interprétation suisse mais du reflet des commentaires et des réactions récoltées de tous les côtés. Ceux qui ont répondu à nos questions sont convaincus que la priorité est le retrait israélien de Gaza et non la tenue d’une conférence qui ne servirait probablement pas à grand-chose actuellement.

swissinfo: le rapport demande qu’Israël s’engage formellement à démanteler la «barrière de sécurité» dès lors que les conditions de sécurité le permettront. Quelles garanties avez-vous qu’Israël respectera un tel engagement?

P.M.: Officiellement, Israël a toujours déclaré que ce «mur» était érigé en fonction des menaces qui pèsent sur sa sécurité. Il me semble donc logique que, conformément à leur propre politique, les Israéliens démantèlent cette «barrière de sécurité» dès lors que la preuve sera établie que les menaces n’existent plus. Ceci ressort également très clairement de nos consultations.

Interview swissinfo, Morven McLean
(Traduction et adaptation de l’anglais: Mathias Froidevaux)

– L’Assemblée générale de l’ONU a adopté en juin 2004 une résolution dans laquelle le démantèlement du «mur» érigé par Israël est demandé. Cette construction a été jugée «illégale» par la Cour internationale de justice.

– L’Assemblée générale a ensuite mandaté la Suisse pour que celle-ci – en tant qu’Etat dépositaire des Conventions de Genève – conduise des consultations et établisse un rapport. Cela dans le but d’assurer le respect du droit international humanitaire dans la région concernée.

– La Suisse a mené ces consultations avec Israël, les Palestiniens et les Etats parties aux Conventions de Genève.

– Ces discussions sont la base du rapport rendu à l’Assemblée générale de l’ONU.

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