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Proche-Orient : Berne accepte un mandat de l’ONU

Le mandat de l'ONU à la Suisse est une marque de confiance, selon Micheline Calmy-Rey. Keystone

La ministre suisse des affaires étrangères salue la résolution de l’ONU contre le mur israélien en Cisjordanie.

Micheline Calmy-Rey s’engage aussi à remplir le mandat confié par l’ONU à la Suisse. Berne doit mener une vaste consultation sur le respect du droit humanitaire dans la région.

La ministre suisse des affaires étrangères s’est exprimée devant la presse quelques heures après l’adoption par l’ONU d’une résolution appelant Israël à démanteler sa ligne de sécurité en Cisjordanie. Un texte équilibré qui reflète la position exprimée par la Cour internationale de justice (CIJ) le 9 juillet dernier, selon Micheline Calmy-Rey.

Or, le point 7 de la résolution de l’ONU s’adresse directement à la Suisse. L’Assemblée générale des Nations unies invite en effet la Confédération – en tant qu’ Etat dépositaire des Conventions de Genève – «à conduire des consultations et à faire rapport à l’Assemblée générale en vue d’assurer le respect du droit international humanitaire» au Proche-Orient.

Une réunion peu probable

Ce point inclut la possibilité de convoquer une Conférence des hautes parties contractantes aux Conventions. «La Suisse est prête à accepter un tel mandat», a déclaré Micheline Calmy-Rey.

Mais la cheffe de la diplomatie helvétique s’est déclarée sceptique quant à la tenue d’une telle conférence.

«La Suisse a déjà reçu le mandat d’organiser ce genre de réunion, en 1999 et en 2001. A chaque fois, Israël et les Etats-Unis étaient absents », a rapellé la ministre.

Micheline Calmy-Rey s’est donc déclarée soulagée de ne avoir – cette fois-ci – l’obligation de mettre sur pied une rencontre des Etats parties à la 4ème convention de Genève (protection des civils en tant de guerre).

De son coté l’ambassadeur de Suisse aux Nations Unies a précisé : «La Suisse fera de son mieux – avec modestie, réalisme et engagement – dans l’accomplissement du mandat difficile qui lui a été confié».

Sur les ondes de la Radio suisse romande, Jenö Stahelin a également souligné que la tenue d’une conférence n’était pas une obligation. «Notre mandat est de voir à quel point nous pourrions améliorer le respect du droit international humanitaire dans le conflit israélo-palestinien », a souligné l’ambassadeur en poste à New York.

Avant d’ajouter : «Nous allons consulter toutes les parties, y compris Israël, sur la meilleure manière de procéder. »

Une portée symbolique

«Israël ne démantèlera pas pour autant sa barrière de sécurité», a expliqué pour sa part à l’ats un autre diplomate suisse à l’ONU. Berne n’est par ailleurs «qu’invité» à faire des pas supplémentaires par le texte de résolution et n’est donc pas liée par des contraintes de temps.

Il faut dire que le vote de 150 pays, dont celui de la Suisse, constitue un désaveu de portée symbolique à Israël.

Car, les résolutions de l’Assemblée générale, composée de 191 pays, n’ont pas de caractère contraignant et le Premier ministre israélien Ariel Sharon a d’ores et déjà laissé entendre qu’il n’en tiendrait pas compte.

La résolution, présentée par un groupe de pays majoritairement arabes ou musulmans, a été adoptée par 150 voix contre 6 et 10 abstentions. Outre Israël, les Etats-Unis et l’Australie ont voté contre. L’Union européenne (UE) a voté unanimement en faveur du texte.

L’avis de la CIJ



Prenant acte de l’avis consultatif émis le 9 juillet par la Cour internationale de Justice (CIJ) de La Haye qui avait déclaré illégale l’édification du «mur», la résolution «exige qu’Israël, puissance occupante, s’acquitte de ses obligations juridiques» telles que mentionnées dans l’avis consultatif.

Qualifiant la résolution de «partiale et totalement contre-productive», l’ambassadeur israélien à l’ONU, Dan Gillerman, a accusé ses promoteurs de détourner l’attention de la gravité du terrorisme en s’en prenant à une mesure destinée à lutter contre le terrorisme.

Pour sa part, le représentant palestinien, Nasser al-Kidwa, s’est réjoui des «résultats magnifiques obtenus aujourd’hui dans le soutien à la loi internationale et dans la promotion de la paix et de la réconciliation au Proche-Orient».

Les Palestiniens ont indiqué que si Israël n’appliquait pas l’avis de la CIJ et la résolution de l’ONU, ils s’efforceraient d’obtenir une autre résolution, légalement contraignante cette fois, au risque de se heurter au veto des Etats-Unis.

swissinfo avec les agences

L’Assemblée générale de l’ONU demande à Israël de se conformer à l’avis de la Cour internationale de justice (CIJ) et de démolir le mur en construction en Cisjordanie.
L’ONU demande également, conformément à l’avis de la CIJ, que des réparations soient payées aux Palestiniens qui ont subi des dommages du fait de sa construction.
La résolution onusienne confie à la Suisse le mandat de consulter les parties au conflit israélo-palestinien.

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