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Quatre ans de prison pour le pilleur de musées

Quelques objets dérobés par Stéphane Breitwieser en Suisse. Keystone Archive

La justice fribourgeoise a reconnu Stéphane Breitwieser coupable de 69 vols d'objets d'art, commis en Suisse de 1995 à 2001.

Le voleur d’art est condamné à quatre ans de prison et à l’expulsion du territoire suisse pour 15 ans.

Les juges du tribunal pénal de la Gruyère ont largement suivi le Ministère public qui avait requis cinq ans de réclusion. La défense, elle, a plaidé sans succès l’appropriation illégitime.

Si la cour l’avait suivie, Stéphane Breitwieser aurait quitté la prison Bellechasse dans quelques mois pour rejoindre la France. Une seconde procédure l’y attend pour les 105 vols qu’il a commis ailleurs qu’en Suisse.

Risque de récidive

Le Ministère public a écarté dans son réquisitoire le bien-fondé d’une proche libération. Il a rappelé l’expertise psychiatrique qui a conclu à un fort risque de récidive.

L’accusation a encore démoli pièce après pièce l’argumentation selon laquelle le prévenu comptait restituer les oeuvres d’art volées. «C’est un argument de convenance émis lorsqu’il s’est fait prendre», a dit le substitut du procureur Jean-Marc Sallin.

Selon lui, plusieurs faits contredisent cette volonté de restituer: tout d’abord, le temps et l’argent que l’accusé consacre aux objets d’art qu’il subtilise. Il se comporte comme un véritable propriétaire et se documente longuement sur elles.

Amour sans limite

De son propre aveu, Stéphane Breitwieser a dépensé une fortune pour faire encadrer dignement les tableaux volés. Il a également confié que ces objets étaient indispensables à son bien-être.

Au cours du procès, l’accusé a dit qu’il pensait les rendre au bout de 10 ou 15 ans lorsque sa passion pour l’art se serait assouvie. «C’est la loi de Lavoisier revue et corrigée, rien ne se vole, tout se restitue», a ironisé la procureure générale.

Cette dernière a mis l’accent sur l’amour immodéré et extrêmement égoïste de Stéphane Breitwieser pour l’art. Il en prive d’autres, sans scrupules.

Et lorsqu’il jette son dévolu sur une oeuvre, il fait preuve de détermination et même de ténacité, retournant plusieurs fois jusqu’à ce qu’il puisse s’emparer de la pièce convoitée, que ce soit dans un musée, une église ou une salle des ventes.

Le Ministère public n’a trouvé aucune circonstance atténuante à l’amateur d’art, au contraire. Selon lui, sa collaboration et ses aveux n’ont pas été immédiats.

Quant aux regrets, le prévenu a plus donné l’impression de regretter la perte des objets que les vols.

«J’ai tout perdu»

La destruction de sa collection par sa mère est un véritable drame pour cet homme. «J’ai tout perdu», a-t-il dit au bord des larmes au deuxième jour du procès.

Jeudi matin, la cour a entendu le père de l’accusé; ce dernier a apporté son soutien à son fils qu’il avait perdu de vue à la suite de son divorce. «Nous avons perdu huit ans et demi».

Son encadreur a également témoigné mettant l’accent avec brio sur la sensibilité artistique de l’accusé. «Vous avez bien plaidé», lui a lancé le président.

L’expertise psychiatrique ne lui a reconnu qu’une très faible diminution de responsabilité, d’au maximum 10%. Elle conclut que l’accusé « savait qu’il volait et savait que c’était répréhensible. Il pouvait choisir.»

swissinfo et les agences

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