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Yes, indeed !

En toute sincérité. Keystone

Séquences émotions vendredi soir au Kongresshaus de Zurich. Avec son orchestre symphonique, le groupe Yes a montré qu'il est des musiques assez fortes pour être éternelles.

«We love when we play», chante Jon Anderson. Et on a envie de le croire. Le frontman de Yes est une star tellement naturelle. Rien d’étudié dans son attitude ni dans ses gestes, et c’est pour cela qu’ils sonnent si juste. Comme sa voix. A 57 ans, elle a atteint sa pleine maturité.

Etonnant contraste entre les quatre vétérans en première ligne et l’orchestre en fond. Ces musiciens – en fait majoritairement des musiciennes, polonaises de 20 ans, fraîches et gracieuses comme des anges, ne cachent pas non plus leur plaisir à être là. Entre les lutrins, on bouge beaucoup, on tape des mains, on a le sourire.

Pour Yes – dont c’est peut-être la dernière tournée -, l’exercice avec orchestre était périlleux. Les cordes et les cuivres auraient pu alourdir, empâter, boursoufler une musique d’habitude si tendue et si claire.

Mais l’arrangeur a parfaitement su éviter ces pièges. Toujours discrète, la formation symphonique tisse un délicat tapis d’arabesques sous les passages lents, souligne les moments les plus intenses et soutient le rythme le reste du temps.

La pulsion vitale

Car Yes est notamment une formidable machine à swinguer. Sur «Starship trooper», ou sur «Long distance runaround», la basse tentaculaire de Chris Squire et le beat métronymique d’Alan White assurent la plus implacable des rythmiques.

Tout ici est d’abord pulsion. C’est elle qui porte les longues fresques comme «Close to the edge» ou «Ritual». Et lorsque la tension devient trop forte, la musique bascule dans les plages lyriques, longs moments d’apaisement, de son majestueux et d’harmonies vocales cristallines.

Cristallines également, les guitares de Steve Howe. Solidement rock ou brillamment jazzy, il sait aussi remplir la salle d’un simple solo à la six cordes accoustique. Et pour compléter le quintette de base, Yes a fait appel à Tom Brislin, clavier né à l’époque des premiers albums du groupe. Une génération de différence et un accord parfait.

And you and I

Mais Yes a plus que de la virtuosité à offrir. C’est réellement une vibration que le groupe finit par communiquer à son public. Lorsque Jon Anderson s’adresse à Jane, sa femme assise au premier rang, la dédicace n’a rien d’un gimmick obligatoire pour soirée du show biz.

Il chante réellement pour elle, leurs yeux, leurs mains se parlent, et toute la salle en profite. Là encore, on a envie de croire à tant de sincérité. Dans les rangs, les visages sont radieux. Et la musique est si belle. «Love is a powerful thing».

Le final approche. Le groupe attaque «I’ve seen all good people» et une partie de l’assistance se lève enfin. Yes donnera encore «Roundabout» en rappel et le carrousel entraîne toute la salle. Cette fois, le public est debout. Un peu tard peut-être.

Accoudés à la scène, quatre très jeunes violonistes moscovites restent sous le charme. Durant tout le concert, ils n’ont cessé de marteler les temps forts de la batterie et de chanter avec le groupe. La tournée est passée en Russie, et Yes y a toujours été énorme. «We are real fans», lance le plus exubérant, avant de corriger: «real lovers». Nuance de poids.
On vous le disait bien !

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