L’été des festivals sera rock

Pete Townshend et Roger Daltrey: les deux fondateurs des Who seront à Paléo le 20 juillet. Keystone

Les Who, Radiohead, Placebo, Depeche Mode, Deep Purple, Indochine: dinosaures et géants de rock se tailleront la part du lion à Paléo, à Montreux et à Avenches.

Affluence garantie, mais suspense défloré cette année, puisque grâce aux blogs Internet, la presse a su donner la quasi-intégralité des programmes avant leur annonce officielle.

Mardi 25 avril: le matin même de la conférence de presse du Paléo, l’avant-veille de celle de Montreux, le quotidien vaudois 24 heures publie sur une double page les programmes des deux plus grands festivals de l’été romand.

Pas vraiment de quoi fâcher les responsables. A Montreux, on juge cette impatience de la communauté du web à connaître le menu plutôt «flatteuse». Et à Nyon, le patron du Paléo admet qu’il aurait «mauvaise grâce» de s’en plaindre.

«We all came out to Montreux»

Faut-il le rappeler? C’est l’incendie de l’ancien Casino de Montreux en 1971 qui a insipré à Deep Purple son «Smoke on the Water», hymne planétaire. Après avoir enflammé ces dernières années l’Auditorium Stravinski et les Arènes d’Avenches, les très alertes papys du hard rock sont de retour à Montreux le 15 juillet.

Et pour que personne ne puisse l’ignorer, ce sont les effigies – très stylisées – de trois des musiciens du groupe qui ornent l’affiche de cette 40e édition, pour une fois déclinée en trois variantes.

Une des forces de Montreux, c’est de proposer des premières mondiales, des plateaux improbables et des hommages exclusifs. Ainsi, Carlos Santana revient cette année pour trois soirées aux couleurs d’Afrique, de blues et de jazz.

Arthur H., Victoria Abril et Bernanrd Lavilliers qui rendent hommage à Claude Nougaro, ce sera aussi à Montreux, entre un Chick Corea pour une fois voué à Mozart et deux soirées flamenco de haut vol, avec Diego El Cigala et le revenant Paco De Lucia.

D’autres grands noms ? En vrac, Paolo Conte, Sting, Simply Red, Morrissey, Massive Attack et un autre revenant: Iggy Pop… avec les Stooges, s’il vous plaît.

Sans oublier le jazz (Klaus Doldinger, David Sanborn, Herbie Hancock et tant d’autres), les deux soirées brésiliennes, la toujours très engagée Tracy Chapman (qui sera aussi à Paléo), Bryan Adams, pour la première fois à Montreux, où Sigur Ros, un OVNI, comme seule l’Islande, patrie de Björk, peut en produire.

Les Who: paléo… mythiques

Ils étaient à Monterey en 1967 et à Woodstock en 1969. Troisièmes dans la hiérarchie du rock britannique des années 60 (derrière les Beatles et les Stones), les Who sont le groupe dont peut se réclamer l’ensemble des courants hard, punk et dérivés.

Du quartette original, il ne reste que Roger Daltrey, chanteur puissant et Pete Townshend, guitariste virtuose et compositeur inspiré. Keith Moon, batteur flamboyant – et déjanté – est mort en 1978, suivi en 2002 de John Entwistle, bassiste au son énorme.

Pour les remplacer, le band a notamment engagé le frère de Pete Townshend comme seconde guitare et un certain Zak Starkey, fils du batteur des Beatles et filleul de… Keith Moon. Sait-il taper aussi vite, précis et inventif que feu son parrain ? A juger sur pièce. Au Paléo.

Paléo qui propose cette année d’autres grands noms du rock, un peu plus jeunes, comme Ben Harper, les Pixies, Depeche Mode, Placebo ou les Français de Louise Attaque et d’Indochine.

Français encore, Raphaël, seconde vente d’albums dans l’Hexagone l’an dernier, Benabar, Cali ou Olivia Ruiz, autant d’alternatives à la Star Ac’, dont la dernière nommée est pourtant issue. Et parmi cette brochette de nouveaux auteurs de talent, Maxime le Forestier viendra rendre hommage à l’un des pionniers du genre: Georges Brassens

A Paléo, il y aura encore du Mozart (année du 250e oblige), du reggae avec Ziggy Marley, du hip-hop avec Diam’s, un zeste d’électro et un Village du Monde cette année tourné vers l’Est et plus particulièrement vers les Balkans. Avec entre autres Goran Bregovic, compositeur d’Emir Kustrica.

Tout ceci évidemment pour ceux qui auront été assez prompts à se ruer sur les billets, puisqu’à l’heure où vous lisez ces lignes, trois soirs sont complets et les trois autres n’en sont pas loin.

Radiohead et Jamiroquai à Avenches

La ruée sur les billets, Avenches l’a également connue cette année en annonçant sa soirée Radiohead: 100’000 connexions quasi-simultanées sur le site de Rock’Oz Arènes et les 8000 sésames vendus en quelques heures.

Contrairement à ses deux grands aînés, le Festival n’essaye pas de garder le secret sur sa programmation et dévoile ses stars au coup par coup.

Après Radiohead, groupe à part, éternel expérimentateur et influence majeure pour tout ce qui rocke en Angleterre depuis dix ans, Avenches a ainsi lâché le nom de Jamiroquai. Moins de frénésie pour le combo disco-funk, déjà vu l’an dernier à Paléo. Aux dernières nouvelles, il reste des billets.

La suite du programme sera dévoilée le 11 mai, mais deux noms circulent déjà: celui de Franz Ferdinand, très acclamé (là encore) l’an dernier à Paléo et celui des Babyshambles… pour autant que leur leader, le très déjanté Pete Doherty, n’ait pas encore fait des siennes d’ici là…

swissinfo, Marc-André Miserez

En bref

– Le Montreux Jazz Festival, 40e du nom, se tient du 30 juin au 15 juillet, dans trois salles au bord du lac: l’Auditorium Stravinski (3500 places), le Miles Davis Hall (2000 places) et le Casino Barrière (1000 places). Outre les 48 concerts payants, Montreux offre un Festival «off», entièrement gratuit, sur les quais.

– Le Paléo, 31e édition, se tient du 18 au 23 juillet sur le terrain de l’Asse, proche de la sortie d’autoroute de Nyon. Il accueille 35’000 personnes par jour, pour plus de 120 concerts et performances diverses en six jours, répartis sur six scènes. C’est un des plus grands «open air» d’Europe, qui depuis quelques années se joue systématiquement à guichets fermés.

– Rock’Oz Arènes, 15e du nom, se tient du 15 au 19 août dans l’amphithéâtre romain d’Avenches, capable d’accueillir 8000 spectateurs par soirée.