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Chères lectrices, chers lecteurs,

Le Tessin a bénéficié d'une visibilité sans pareille sur la scène internationale en accueillant la conférence sur la reconstruction de l'Ukraine. Mais une fois l'euphorie passée, le canton italophone du sud de la Suisse devra aussi affronter ses zones d'ombre, au rang desquelles figure la menace mafieuse. 

Bonne lecture,


Keystone / Mikhail Metzel / Kremlin Pool /

La Russie a-t-elle encore une chance de retrouver le chemin de la démocratie? Si cette question ne figurait pas au programme de la conférence de Lugano, elle tient particulièrement à cœur de mon confrère Igor Petrov, responsable de la rédaction russophone de swissinfo.ch. 

Évidemment, la réponse n’est pas simple.Mais les experts interrogés par Igor Petrov entrevoient des possibilités. Pour Ulrich Schmid, professeur à l’Université de Saint-Gall, des leçons peuvent être tirées de l’exemple allemand après la Seconde Guerre mondiale. «La population allemande a été rattachée sous la contrainte au projet de l’Occident avec les droits de l’homme, la démocratie et la tolérance. Cette démarche n’a été possible que parce que le pays a capitulé et a été occupé par les puissances occidentales».

Il ne fait aucun doute que la Russie doit, elle aussi, assumer la responsabilité de ses crimes de guerre. «Mais un tel travail sur le passé ne sera possible qu’au terme de l’ère Poutine», souligne Ulrich Schmid. Une presse libre qui dénonce les abus, une justice indépendante qui établit la sécurité juridique ainsi qu’une société civile vigilante, qui ne se laisse pas endormir par la propagande, sont autant de prérequis pour que le changement démocratique puisse avoir lieu.

Benjamin Schenk, professeur à l’Université de Bâle, souligne quant à lui la part de responsabilité qui incombe aux pays occidentaux. «On aurait pu et dû appuyer bien plus fortement en Occident la démocratisation de la Russie, que ce soit par des aides économiques globales, par des programmes d’échange pour les élèves et les étudiantes et étudiants, par un réseau de jumelages de villes, par la suppression de l’obligation de visa pour les voyageuses et voyageurs».  L’Occident n’aurait pas dû non plus «dans son propre intérêt soutenir activement la nouvelle élite économique russe dans le pillage du pays», estime-t-il.

Keystone

Si l’image romantique et idéalisée de la mafia véhiculée par le cinéma est depuis longtemps remise en question, les autorités judiciaires helvétiques n’ont jusqu’à présent pas véritablement pris le taureau par les cornes. C’est l’analyse de notre correspondant au Tessin, Federico Franchini.

Les entrepreneurs tessinois ont peur. Pas tant des organisations criminelles en tant que telles, mais plutôt de la concurrence redoutable que représentent les entreprises infiltrées par des organisations mafieuses. Et la situation ne concerne pas seulement le canton du sud de la Suisse. Pour preuve, la première langue de la ‘Ndrangheta en Suisse serait désormais le… Schwyzerdütsch (suisse allemand).

Ces dernières années, le parquet fédéral a été peu réactif dans ses enquêtes et a agi presque exclusivement sur la base de commissions rogatoires italiennes, a dénoncé récemment une ex-collaboratrice du Ministère public de la Confédération. Le sujet de l’infiltration de la mafia dans l’économie suisse n’a jamais été une priorité.

Le nouveau procureur de la Confédération, Stefan Blättler, veut désormais placer ce sujet au centre de son agenda. Son premier voyage à l’étranger s’est déroulé en Italie, précisément pour coordonner ce type d’enquête avec ses collègues transalpins. «Aujourd’hui, il ne suffit plus de constater l’existence du phénomène. Il ne suffit plus d’analyser certaines situations. Il faut aussi se battre, c’est-à-dire transformer les éléments d’enquête en actes d’accusation», a-t-il déclaré lors d’une table ronde organisée récemment au Tessin.

Keystone

Difficile pour l’horlogerie française d’exister face à l’ultra-dominant «Swiss Made» sur le marché des montres de luxe. Une jeune entreprise de Mulhouse tente le pari et ambitionne une fabrication «100% française» pour son dernier modèle, une grande première sur le marché.

«Au départ, quand on a dit qu’on voulait fabriquer tout en France, ou majoritairement en France, on ne nous a pas crus», confie Didier Finck, 36 ans, cofondateur de la PME Apose. Une année a été nécessaire pour créer un pool de fournisseurs exclusivement français, faire les prototypes et les valider, relève la start-up. 

Grâce à un partenariat avec une manufacture de luxe basée à Morteau, l’ensemble des pièces qui fait fonctionner le mouvement est désormais fabriqué dans l’Hexagone. Le résultat? La N°3-100, proposée depuis avril en série limitée de 200 exemplaires à 2250 euros. Le «made in France» a certes un coût, mais les acheteurs comprennent de plus en plus cette logique, notamment depuis la pandémie de Covid, selon les concepteurs de la marque.

Le «made in France» cher à l’ancien ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg serait-il en train de porter ses fruits? Peut-être, mais il faudra encore du temps pour que l’horlogerie française retrouve son lustre d’antan. Dans les segments du haut et du milieu de gamme, la Suisse ne laisse que des miettes à ses concurrents français ou allemand: plus de 95% des montres vendues plus de 1000 francs sont produites avec le label «Swiss Made».

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