Ça chauffe dans «La Moscheta»!
Mise en scène par Gino Zampieri, la pièce de Ruzante est la troisième création à l'affiche du Théâtre Populaire Romand cette saison.
Après sa présentation à la Chaux-de-Fonds, «La Moscheta», qui tire les fils du triangle amoureux, fera un grand tour en Suisse romande.
La Chaux-de-Fonds ne peut qu’être fière de son TPR (Théâtre Populaire Romand). C’est dit et redit par Gino Zampieri à chaque occasion. Et Zampieri, directeur de cette vénérable institution, a raison. Oser le pari de trois créations cette saison dans une ville de 37.000 habitants seulement, largement concurrencée par Genève et Lausanne, est une performance en soi.
Trois productions maison sont, en effet, à l’affiche du TPR cette année. Il y a eu d’abord «La demande d’emploi» de Michel Vinaver, présentée dans la mise en scène de Charles Joris. Il y a eu ensuite «Voyages de rêve», un spectacle musico-théâtral conçu par Jean-Martin Moncéro.
Et voici aujourd’hui LA création attendue de Gino Zampieri qui, avec «La Moscheta», revient sur ses terres d’origine, à savoir l’Italie et sa très charmante ville de Padoue.
La misère annoncée
Padoue où Zampieri a vécu enfant, juste après la seconde guerre mondiale. «A l’époque, précise-t-il, la ville et ses environs souffraient de la misère. Je suis moi-même issu d’un milieu modeste, et lorsque des années plus tard j’ai lu ‘La Moscheta’, j’étais étonné et ému de constater que l’histoire de cette misère était comme annoncée dans la pièce de Ruzante».
Ecrite en 1529 par l’Italien Angelo Beolco, dit Ruzante, «La Moscheta» a donc pour cadre Padoue, sa campagne et ses paysans frustes. «Avec presque cinq siècles de distance, j’ai connu chez moi les mêmes problèmes de survie, explique Gino Zampieri. Mais ce n’est pas parce que je suis Padouan que je monte cette pièce. Elle m’intéresse parce qu’elle dit que, pour surmonter la désespérance, l’être humain, quel qu’il soit et où qu’il soit, fait toujours marcher ses instincts primitifs».
Scènes cochonnes
Il ne faut pas croire pour autant qu’il s’agit d’un drame, dans «La Moscheta». C’est une comédie que nous livre Ruzante. «Dans la pièce, les instincts en question sont plutôt bestiaux”», commente en s’amusant Gino Zampieri. Car pour survivre, les personnages s’inventent des amours interdites. Le triangle amoureux, voilà, c’est ça la ruse qui vous empêche de sombrer.
Après cela, on pourra dire que Ruzante est le père du Boulevard. Sauf que chez lui il n’y a pas de placards. Juste quelques scènes… cochonnes, avec la présence sur le plateau d’un porc, d’un vrai, un petit quand même.
«Il est là, et il attire le regard avec une violence déconcertante», lâche dans un sourire Gino Zampieri.
swissinfo, Ghania Adamo
– Le Théâtre Populaire Romand (TPR) est né en 1959 à Neuchâtel, sous la forme d’une société coopérative.
– Il renaît en 1961, différent, à l’instigation de l’auteur Bernard Liègme, et sous la direction de Charles Joris. La compagnie s’organise en communauté dans une ferme du Val-de-Ruz.
– Dès 1993, 6 villes liées par conventions de trois ans, La Chaux-de-Fonds, Neuchâtel, Le Locle, Bienne, Delémont et Moutier, donnent au TPR le statut d’une association.
– En 2001, Charles Joris est remplacé par Gino Zampieri.
– Depuis 1961, le Théâtre Populaire Romand a donné environ 5’000 représentations de 70 créations différentes, devant plus d’un million de spectateurs.
«La Moscheta» par le Théâtre Populaire Romand, a été créée à La Chaux-de-Fonds, à L’Heure Bleue. A voir ensuite à:
Winterthur, Theater am Stadtgarten, le 28 février.
Moutier, Chantemerle, le 3 mars.
Sierre, Les Halles, le 10 mars.
Neuchâtel, Théâtre du Passage, le 12 mars.
Châtel Saint-Denis, Univers@lle, le 17 mars.
Bienne, Théâtre Palace, les 20 et 21 mars.
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