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«Show» Toutankhamon à Zurich

La dernière touche à la reconstitution du tombeau. Semmel Concerts

Des organisateurs de concerts ont reconstruit à Zurich les chambres mortuaires, grandeur nature, de Toutankhamon.

Cette exposition spectacle doit faire renaître chez le visiteur la sensation de la découverte faite dans la Vallée des Rois par Howard Carter en 1922.

Recréer à l’échelle 1:1 les trésors funéraires de Toutankhamon, découverts en novembre 1922 par Howard Carter, et les disposer comme ils étaient au moment où l’archéologue anglais a projeté sa lanterne sur le tombeau: c’est le but de l’exposition «Toutankhamon, son tombeau et ses trésors» qui vient de s’ouvrir à la Toni Areal de Zurich.

Ce sont des spécialistes allemands et suisses de l’organisation de concerts et de grands événements populaires qui ont eu l’idée de cette reconstruction, il y a cinq ans. Ils veulent susciter l’émerveillement, l’émotion et la curiosité des visiteurs. Sauf que cela ne fonctionne qu’à moitié.

Au cœur de l’exposition, le visiteur se retrouve en effet devant deux sortes de cubes ouverts qui recréent la chambre mortuaire et la chambre du trésor. Les objets découverts par Carter y sont bel et bien arrangés comme sur les photos en noir-blanc de Harry Burton.

Fausses lanternes au sol

Deux lanternes avec fausse flamme vacillante sont posées à même le sol et il n’y a évidemment ni poussière ni odeur. Certains objets ont l’air un peu «toc». Les responsables assurent néanmoins que les quelque mille copies de l’exposition ont été réalisées à l’ancienne par des artisans supervisés par des scientifiques.

Quelques objets exposés individuellement rappellent toutefois un peu plus loin la splendeur de l’art égyptien. Les sarcophages, qui s’emboîtaient les uns dans les autres, impressionnent par leur format.

Le fameux masque du jeune pharaon mort à 19 ans (ou 20, selon les sources), c’est-à-dire sa copie, est lui exposé seul dans une petite salle circulaire aux rideaux ondulés qui évoquent davantage un local de vote… L’original n’a plus quitté l’Egypte depuis 1980.

Choix justifiés

Les responsables de l’exposition ont justifié leurs choix devant les médias. «Les Européens ne sont pas encore habitués à l’idée du spectacle culturel, et pourtant ce genre, s’il s’appuie sur de solides connaissances scientifiques, permet de transmettre des connaissances et de susciter la curiosité», ont-ils déclaré.

«Vous ne pourrez jamais donner à voir un tel fait historique avec des originaux, puisque ceux-ci ne sont pas tous visibles, pas tous au même endroit, et pas tous transportables», a aussi souligné l’égyptologue Martin von Falck, conseiller scientifique de l’exposition.

Petits arrangements…

Dans la documentation, l’expert justifie aussi les petits arrangements qu’il a fallu faire avec la réalité historique. «Dans un premier temps, Carter et ses collaborateurs ont pu voir essentiellement des coffres, des caisses et autres contenants. On ne pouvait par conséquent pas se satisfaire de la situation de découverte: pour la chambre funéraire, le moment choisi pour la présentation a été celui de la disposition lors du sauvetage du sarcophage intermédiaire», explique Martin von Falck.

Un autre égyptologue justifie de son côté le choix des copies: «Jamais une copie d’un tableau de Raphaël ou du Titien ne pourra exercer sur l’observateur le même effet que l’original», écrit Wilfried Seipel dans le catalogue. Selon lui, dans d’autres cas, l’effet dépend davantage du contexte dans lequel l’objet individuel s’inscrivait.

L’auteur cite ainsi l’armée chinoise de terre cuite, présentée en Europe grâce à des copies conjointement à de très rares pièces originales. La copie permet ainsi de «retrouver la cohésion» de l’ensemble, écrit Wilfried Seipel.

L’exposition n’a donc rien à voir avec les trésors exposés il y a quatre ans au Musée des Antiquités de Bâle. Mais si l’on fait abstraction de l’écrin certes pratique (4500 mètres carrés) mais peu muséographique qu’offre l’ancienne fabrique de produits laitiers Toni, la magie, peut-être, opérera…

swissinfo, Ariane Gigon, Zurich

Le pharaon Toutankhamon a régné de 1333 à 1323 avant J.-C ou de 1354 à 1343, selon d’autres sources.

On ne connaît pas exactement les causes de sa mort, à l’âge de 19 ou de 20 ans.

Recouvert lors de la construction du tombeau de Ramsès VI, le tombeau de Toutankhamon restera 3300 ans invisible et sera le seul à échapper aux pillages.

Il a été découvert en novembre 1922 par l’égyptologue anglais Howard Carter (1874-1939).

En 2004, après 25 ans d’absence en Europe, des objets importants du trésor de Toutankhamon avaient été exposés au Musée des Antiquités de Bâle, attirant plus de 600’000 visiteurs.

L’exposition «Toutankhamon, son tombeau et ses trésors» est à voir du 8 mars au 29 juin 2008 à la Toni Areal de Zurich, Förrlibuckstrasse 109.

L’exposition a coûté quelque 5 millions d’euros, financés essentiellement par des privés.

Le billet d’entrée coûte entre 19 et 24 francs la semaine selon l’heure de visite, 29 francs le week-end (rabais pour étudiants, retraités, familles).

Les textes affichés dans l’exposition et les panneaux d’exposition sont en anglais et en allemand.

Des audioguides payants sont à disposition en français, italien, allemand, anglais.

Les concepteurs de l’exposition attendent 200’000 visiteurs.

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