Des perspectives suisses en 10 langues

Alix et Lefranc sont orphelins

Alix restera le personnage le mieux connu de Jacques Martin.

Jacques Martin est décédé jeudi à Pully, dans le canton de Vaud, où il résidait depuis 1984. Agé de 88 ans, le dessinateur belge était considéré comme le père de la bande dessinée historique.

Avec Jacques Martin, c’est l’un des derniers grands de la bande dessinée «classique» qui disparait. Au début du mois, les amateurs du genre avaient en effet déjà déploré la perte de Tibet, le père de Ric Hochet.

Avec Hergé

Jacques Martin débute ses activités de dessinateur à Bruxelles, dans l’immédiat Après-guerre. Dès 1948, il travaille avec quelques grands noms de la «ligne claire» au sein du Journal de Tintin.

Il y fréquente notamment Edgar P. Jacobs, le créateur de Blake et Mortimer et Hergé. La collaboration avec le père de Tintin se poursuivra d’ailleurs jusqu’en 1972 dans les studios Hergé.

Son influence s’est révélé importante dans l’élaboration de plusieurs albums de Tintin, principalement au niveau du scénario. C’est ainsi que Jacques Martin a toujours revendiqué la paternité de nombreux gags, dont le fameux gag du sparadrap dans l’Affaire Tournesol.

BD historique

Mais c’est avant tout pour sa production propre que Jacques Martin restera connu. Parallèlement à son activité dans les Studios Hergé, il réalise ses propres albums. Ses deux personnages principaux sont Alix et Lefranc.

Créé en 1948, Alix est un jeune romain d’origine gauloise. Ami de César, il vit toute une série d’aventures à travers le monde antique. En 1952, Jacques Martin crée une autre série. Cette fois, le héros est un journaliste, Guy Lefranc.

Les séries d’Alix et Lefranc resteront les deux plus grands succès de Jacques Martin. Mais au fil des ans, d’autres séries seront encore créées ayant pour héros des personnages évoluant dans des époques aussi différentes que l’antiquité grecque et égyptienne ou encore la France du moyen-âge ou de Louis XIV.

Parallèlement à ces aventures, Jacques Martin réalise également des albums documentaires, sortes des guides de voyage à travers les différentes époques où évoluent ses héros.

«Je pense que Jacques Martin restera comme père de la bande dessinée historique, surtout de la bande dessinée historique très documentée, déclare Pascal Siffert, responsable de La Bulle, librairie de bandes dessinées de Fribourg. Il ne voulait pas dire n’importe quoi et il passait beaucoup de temps à se documenter. Il a donc vraiment poussé les auteurs à devenir beaucoup plus précis à ce sujet.»

La production de Jacques Martin frappe par son ampleur et sa durée: plus de 60 ans depuis le premier album des aventures d’Alix. Mais les dernières années ont été marquées par une baisse de la qualité, principalement au niveau des scénarios.

«Je ne pense pas que les scénarios ont baissé en raison du nombre de séries, commente Pascal Siffert. C’est peut-être en raison de son âge. Jacques Martin avait par ailleurs de gros problèmes de vue. Il était donc accompagné de dessinateurs qui l’aidaient et qui dessinaient pour lui. C’est plutôt là que j’irai chercher l’explication.»

L’homme qui aimait la Suisse

Jacques Martin appréciait particulièrement la Suisse. Il avait quitté la Belgique en 1984 pour s’y installer. Il vivait dans la commune vaudoise de Pully.

Ce goût pour la Suisse se retrouve d’ailleurs dans l’un des plus fameux album de Lefranc, Le repaire du loup, puisque c’est la commune valaisanne de St-Luc qui sert de cadre à cet histoire.

Par ailleurs, Jacques Martin s’était rendu à plusieurs reprises au festival de la bande dessinée de Sierre.

Olivier Pauchard, swissinfo.ch

Jacques Martin est né en 1921 à Strasbourg. Français, il choisira la nationalité belge à plus de 50 ans.

Il publie ses premiers desssins en 1946 à Bruxelles et entre deux ans plus tard au journal de Tintin.

Il collabore avec Hergé, le créateur de Tintin, jusqu’en 1972.

En 1948, il lance sa propre production avec le début des aventures d’Alix.

Il quitte la Belgique et s’établit en Suisse en 1984.

Atteint d’une grave maladie des yeux, il cesse de dessiner en 1992, mais crée encore dialogues et scénarios.

Décès le 21 janvier 2010 des suites d’un oedème pulmonaire à l’âge de 88 ans.

Alix: monde romain

Lefranc: époque actuelle

Jhen: moyen-âge

Arno: époque napoléonienne

Orion: Grèce classique

Loïs: France de Louis XIV

Kéos: Egypte des pharaons

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision