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Fondation Beyeler: une «success story» au nom de l’art

Comme les autres, la salle Rothko bénéficie de la lumière naturelle. (Photo Serge Hasenböhler ©2006)

Inaugurée 1997 à Riehen (Bâle-Ville), la Fondation Beyeler recèle la collection des galeristes Hildy et Ernst Beyeler et offre de multiples activités.

Dix ans et 29 expositions temporaires après, avec 340’000 visiteurs par an, c’est le musée le plus visité de toute la Suisse.

En installant sa collection privée en 1997 dans un bâtiment signé Renzo Piano, le couple de galeristes bâlois Hildy et Ernst Beyeler ont offert un magnifique musée à leur ville.

Cézanne, Picasso, Rousseau, Mondrian, Klee, Ernst, Matisse, Newman, Bacon, Dubuffet, Baselitz, etc, plus une vingtaine de pièces d’Afrique, d’Alaska et d’Océanie, tout l’art majeur du 20e siècle est résumé en 200 peintures et sculptures de 40 artistes.

D’abord une collection privée

Une collection réunie au fil de cinquante ans d’activités de la Galerie Beyeler de Bâle.

«Cette collection s’est constituée sans volonté préconçue, raconte Christoph Vitali, directeur de la fondation. Ce sont des œuvres qu’ils ne voulaient ou ne pouvaient pas vendre.» Comme ces travaux tardifs de Paul Klee qui atteignent des sommets aujourd’hui mais dont personne ne voulait, à l’époque.

Mais les Beyeler ont surtout gardé ce qu’ils aimaient, à l’image ces grands marchands qui ont fait l’histoire de l’art. «Ce n’est que dans les années 80 qu’ils ont commencé à se demander ce qu’ils allaient en faire», indique encore Christoph Vitali.

La construction du musée a été financée par une fondation créée en 1982 par le couple et qui est également responsable de la Fondation Beyeler de Riehen. Le terrain a été mis à disposition par la commune et le canton de Bâle-Ville.

Une association unique

Depuis dix ans, cette collection est mise en valeur dans le magnifique bâtiment conçu par l’Italien Renzo Piano (auteur du Centre Pompidou de Paris), revêtu de porphyre rouge et coiffé de verre, dont les 22 salles sont baignées de lumière naturelle. Le tout en pleine campagne.

«C’est cette association unique entre une collection, une architecture et un paysage qui fait le succès de la fondation, le grand public vient volontiers y passer la journée», déclare son directeur à swissinfo.

Mais c’est aussi un programme dynamique, avec expositions temporaires concerts, défilés de mode et autres manifestations. Au point que, avec 340’000 entrées et jusqu’à 1500 visites guidées par an, «c’est le musée le plus visité de Suisse», se réjouit Christoph Vitali.

Situé dans le triangle bâlois entre Suisse, Allemagne et France, la majorité des visiteurs sont du reste des étrangers.

«L’Autre collection»

Dès le 19 août, ce dixième anniversaire sera marqué par une exposition consacrée pour la première fois à l’histoire de la Galerie Beyeler. Soit près de 16’000 toiles, sculptures et travaux sur papier qui ont transité par le Bäumleingasse 9, adresse d’origine demeurée inchangée.

«On va montrer les 100 œuvres les plus importantes qui ont, pour la plupart, rejoint de grandes collections publiques et privées du monde entier, explique Christoph Vitali. Ce sera un hommage à l’œuvre de toute une vie, le portrait en tableaux d’un galeriste génial.»

Soucis financiers

Mais le succès n’empêche pas les soucis financiers. «M. et Mme Beyeler ont dû se retirer, financièrement. Et comme notre programmation est importante, elle est aussi difficile à financer», déclare Christoph Vitali
.
A l’époque, les pouvoirs publics s’étaient engagés à verser, pour les dix premières années d’exploitation, une contribution aux frais de fonctionnement de 2 millions sur un budget total de 14 millions de francs par an.

«Nous avons déposé une demande de prolongation de subventions. La commune de Riehen a dit oui, le canton est un peu plus réticent, mais j’espère que ca va continuer», indique encore Christoph Vitali.

Les billets d’entrée rapportent 5 millions de francs, à quoi s’ajoutent les revenus de la boutique, du restaurant, etc.

Il s’agit de trouver de nouvelles rentrées. Christoph Vitali a créé une société des amis du musée, dont les quelque 130 membres rapportent entre 300’000 et 400’000 francs par an. Et puis il y a les sponsors.

Un jeune loup pour reprendre les rênes

Ce n’est donc pas un hasard si, dans ce contexte financier délicat, le successeur désigné du directeur de la fondation, qui prendra sa retraite en avril 2008, n’est autre que Samuel Keller.

Samuel Keller, c’est le directeur d’Art Basel depuis 1995 et le créateur de la foire jumelle Art Basel Miami Beach en 2002. Un historien de l’art grand découvreur de talents mâtiné de publicité. L’arrivée d’un «businessman de l’art» marquera-t-elle un tournant dans l’histoire de la fondation?

«C’est vrai, mais je crois que Samuel Keller va, tout comme moi, se consacrer en priorité au programme et ensuite seulement aux moyens de payer tout ça», répond Christoph Vitali.

swissinfo, Isabelle Eichenberger

Parallèlement à leur activité de galeristes, Hildy et Ernst Beyeler ont rassemblé pendant 50 ans 200 oeuvres de 40 artistes majeurs du 20e siècle.

En 1982, la collection est confiée à une fondation et présentée au public pour la première fois dans son ensemble en 1989 à Madrid.

La Fondation Beyeler a été inaugurée le 18 octobre 1997 à Riehen (Bâle-Ville).

Le nouveau musée a été construit par Renzo Piano, architecte génois qui est notamment l’auteur du Centre Pompidou de Paris.

En dix ans, la collection et 29 expositions temporaires ont attiré 2,5 millions de visiteurs.

Sur un budget annuel de 14 millions de francs, 2 millions proviennent du canton et de la commune et 5 millions des entrées.

Exposition temporaire Edvard Munch, «Signes de l’art moderne», du 18 mars au 15 juillet, avec 140 peintures, dessins et gravures de l’artiste norvégien (1863-1944).

Les dix ans de la Fondation seront célébrés par «L’autre collection», un hommage à 60 ans de travail de la Galerie Beyeler, du 19 août au 6 janvier 2008.

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