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James Thiérrée, génie de l’air et de la mer

James Thiérrée, un regard 'doux-amer' qui rappelle quelqu'un... swissinfo.ch

Le petit-fils de Charlie Chaplin crée au Théâtre de Vidy-Lausanne «Au revoir parapluie», une odyssée poussée par des vents magiques.

Humour et fantasmagorie sont au rendez-vous de ce spectacle qui marie musique, danse, pantomime et acrobatie.

Une imagination débridée, une légèreté surnaturelle, un talent de virtuose: tel est James Thiérrée, metteur en scène, acteur, mime, danseur et acrobate. Ce jeune homme de 32 ans, Lausannois de naissance, est le petit-fils de Charlie Chaplin et le fils de deux acteurs de cirque. Un héritage parfaitement honoré dans ses spectacles, trois jusqu’à ce jour et déjà une renommée internationale.

Sa dernière création, «Au revoir parapluie», est à l’affiche du Théâtre de Vidy depuis le 16 janvier. Le soir de la Première, le public ravi et ému a fait une «standing ovation» à l’enfant du pays, mais aussi sans doute au passé glorieux du mime que le comédien porte en lui et qu’il prolonge sur scène avec brio.

Une filiation manifeste

James Thiérrée ressemble à son grand-père, physiquement déjà: mêmes pommettes saillantes, même regard doux-amer. S’y ajoute l’agilité artistique et cet air agréablement effaré sur scène, comme s’il découvrait à chaque instant la fragilité du monde.

Un tour de piste, un pas de danse, une pantomime, une bouche qui s’ouvre pour laisser échapper le silence, et voilà Charlot revenu de là-haut. Le petit-fils rend hommage au grand-père, se dit-on alors. Mais James Thiérrée s’en défend. Il jure et promet que tout cela n’est nullement intentionnel.

«On va dire que c’est génétique, confie-t-il en riant. Mon grand-père, je ne l’ai pas vraiment connu, j’étais très petit lorsqu’il est mort, il n’y a donc pas eu de transmission directe. Cet héritage, je le laisse tout simplement opérer. Sur ce sujet, je n’ai guère de théorie. Avoir Chaplin dans ma famille, ça ne me prend pas la tête. Mais, je ne rentre pas non plus dans une dynamique de rejet. J’essaie surtout de profiter de l’enseignement de mes parents auprès desquels j’ai appris le métier du cirque».

Le goût du large

Enfant de la balle, James Thiérrée accompagne, à 4 ans déjà, sa mère et son père qui dirigent le Cirque Imaginaire. «On voyageait beaucoup», souffle-t-il, et ce goût du voyage m’est resté».

Le goût du large, voudrait-on ajouter, repérable en tout cas sur scène. Dans ses deux derniers spectacles, Thiérrée vole de rivage en rivage et règne en maître sur les airs et les mers. «La Veillée des abysses» (créée à Vidy-Lausanne en 2003) et aujourd’hui «Au revoir parapluie» sont de petites odyssées, homérique ou shakespearienne.

Le vent s’y engouffre, une tempête se lève, un équipage affronte les flots, un bateau s’échoue sur ce qui ressemble à une île. Apparaissent des magiciens, des sirènes, des nymphes et même des cyclopes. Le même univers marin, d’une création à l’autre. Le même silence aussi.

Pas un mot n’est dit dans les spectacles de James Thiérrée. L’histoire se raconte par l’image et par le jeu des danseurs, mimes, acrobates, comédiens et chanteurs. En somme, le monde du cirque, celui qui a émerveillé l’enfance de Thiérrée.

swissinfo, Ghania Adamo

«Au revoir parapluie», à voir au Théâtre de Vidy-Lausanne, jusqu’au 4 février.
Par la «Compagnie du Hanneton», James Thiérrée.

Né en 1974 en Suisse, James Thierrée commence son apprentissage en 1978, dans le cirque de ses parents, Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée.

Participant à leurs voyages, il en profite, tout en travaillant le violon et l’acrobatie, pour s’initier au théâtre, notamment à l’école du Piccolo de Milan et celle de Harvard, jusqu’en 1994.

Il travaille notamment avec le metteur en scène Benno Besson. Le cinéma fait appel à lui. Après «Prospero’s book» de Peter Greenaway en 1989, il travaille entre beaucoup d’autres avec Maurizio Nichetti, puis Raul Ruiz («Généalogie d’un crime».

En 1998, il fonde la Compagnie du Hanneton, crée «La Symphonie du Hanneton», puis «La Veillée des abysses».

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