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Le fédéralisme suisse, moteur de paix

Il y a un an, la population de Colombo saluait les espoirs de paix au Sri Lanka. Keystone Archive

Depuis un an, les armes se sont tues au Sri Lanka. La Suisse soutient le processus de paix. Et elle accueille, depuis jeudi, des députés cingalais.

Le fédéralisme helvétique pourrait constituer une solution pour rapprocher les deux parties en conflit.

Arrivé jeudi en Suisse, ce groupe de parlementaires srilankais effectue une visite d’études jusqu’à mardi prochain. Et cela sous la conduite du Docteur Jayalath Jayawardena, ministre de la réhabilitation et de la réinstallation des réfugiés, qui est aussi membre du Parlement.

Composée de représentants de la majorité et de l’opposition, la délégation a fait le voyage pour en avoir plus sur les structures fédérales suisses et les mécanismes de recherche d’un consensus.

Le programme prévoit une visite à l’Institut du fédéralisme à Fribourg et des entretiens avec des représentants du canton de Fribourg et de l’administration fédérale.

Un cessez-le feu après 20 ans de guerre

Le modèle fédéraliste peut constituer une porte de sortie de la crise que traverse le Sri Lanka depuis une vingtaine d’années.

Cette île est exsangue. Militairement, l’affrontement a débouché sur un match nul.

Avec l’aide de la Norvège, après 20 ans de guerre civile, 65 000 morts et 1,6 million de réfugiés, le gouvernement ski lankais et les séparatistes tamouls sont parvenus à un cessez-le-feu l’an passé.

Depuis en février 2002, les armes se sont tues. Maintenant, il s’agit de reconstruire la paix.

Les négociations ont succédé aux négociations. Elles ont débouché en décembre 2002 sur une avancée. Les Tamouls ont en effet finalement renoncé à créer leur propre Etat.

A la recherche d’une solution politique

«Les parties ont décidé de rechercher une solution politique qui passe par une autodétermination à l’intérieur d’un Etat sri lankais fédéraliste et uni», précise le médiateur norvégien.

Dans la foulée, une délégation des Tigres Tamouls s’est rendue en Suisse pour se renseigner sur le fonctionnement du fédéralisme helvétique.

«Lors de cette petite visite de deux jours, il s’agissait surtout de permettre aux gens de mieux se connaître. C’est très important lorsque l’on veut jouer un rôle de soutien», explique Markus Heiniger, responsable du programme Sri Lanka au sein de la division politique IV du ministère des Affaires étrangères.

Mais les demandes ne sont pas uniquement venues des Tigres tamouls. En effet, les autorités cingalaises ont également demandé un soutien de la Suisse dans le domaine du fédéralisme.

Le fédéralisme n’est pas exportable tel quel

«Avec les représentants tamouls et cingalais, nous tentons de définir ce que le modèle helvétique peut apporter au Sri Lanka, dit Markus Heiniger. Cependant, le fédéralisme ne se laisse pas tout simplement exporter. Cela ne marche pas.»

En Suisse, le fédéralisme s’est historiquement développé du bas vers le haut et les pouvoirs de la Confédération lui ont été attribués par les cantons. Au Sri Lanka, la situation est différente. Le problème, c’est que l’Etat central doit y abandonner une partie de ses pouvoirs.

Pour cet Etat centraliste, il peut toutefois être important de voir comment fonctionnent des structures fédéralistes décentralisées. Les premiers contacts ont montré que les Sri Lankais sont très intéressés par le fédéralisme dans le domaine des finances, de la sécurité et de l’armement.

Mais la Suisse veut également transmettre son expérience dans le domaine de la multiculturalité.

«Nous favorisons des contacts avec des représentants du Tessin ou des Grisons, par exemple, révèle Markus Heiniger, pour illustrer la question des minorités dans la discussion.»

La Suisse s’est engagée pour la promotion de la paix au Sri Lanka il y a une dizaine d’années déjà.

Sa contribution la plus importante consiste à développer un réseau permettant un dialogue entre les différentes composantes de la société. Un projet qui est co-financé par l’Allemagne.

Un processus de paix encore en danger

«Ce processus de paix est remarquable, souligne Markus Heiniger. D’autant plus qu’il n’avait rien donné pendant 20 ans.»

Et d’ajouter: «Il peut prendre encore beaucoup de temps. C’est pourquoi un ancrage dans la société civile est nécessaire, aussi bien du côté tamoul que cingalais».

D’autant que la paix est encore fragile. Des affrontements sporadiques mettent régulièrement à mal le cessez-le-feu et remettent chaque fois sérieusement en cause l’ensemble du processus.

Mais, jusqu’à présent, les deux parties ont préféré poursuivre sur la voie de la paix. C’est la raison pour laquelle la Suisse – avec d’autres pays – continue de soutenir le processus.

A noter enfin que des cadres du mouvement des Tigres feront également le voyage de la Suisse. En mai probablement.

swissinfo, Hansjörg Bolliger (traduction: Olivier Pauchard)

– Le modèle fédéral suisse était également pressenti pour résoudre la crise chypriote.

– Le plan de paix du secrétaire général de l’ONU Kofi Annan prévoyait de réunifier l’île sur le modèle d’une Confédération avec un Etat central composé de deux Etats constituants, l’un grec et l’autre turc.

– Mais les dirigeants des deux entités ont refusé mardi de soumettre ce plan de réunification à référendum.

75% des 19 millions d’habitants du Sri Lanka sont des Cingalais, bouddhistes et chrétiens.
Les Tamouls, hindouistes et chrétiens, sont 18%.
Depuis 1983, la guerre civile a fait 65 000 victimes.
30 000 Sri-Lankais se sont réfugiés en Suisse.

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