La voix de la Suisse dans le monde depuis 1935
Les meilleures histoires
Démocratie suisse
Les meilleures histoires
Restez en contact avec la Suisse

Tensions au Zimbabwe: la Suisse est sur ses gardes

Après le meurtre mardi d'un second propriétaire terrien, chacun redoute un embrasement général au Zimbabwe. La communauté internationale est inquiète. Pour assurer la sécurité de ses 500 ressortissants, la Suisse a mis en place un dispositif de crise.

Après le meurtre mardi d’un second propriétaire terrien, chacun redoute un embrasement général au Zimbabwe. La communauté internationale est inquiète. Pour assurer la sécurité de ses 500 ressortissants, la Suisse a mis en place un dispositif de crise.

«Actuellement, il y a une grande tension, due aux événements de ces derniers jours», souligne Thomas Olafsson, chargé d’affaires et vice-consul à l’ambassade de Suisse à Harare. Il évalue à 500 personnes, les Suisses présents au Zimbabwe, dont six ou sept fermiers. Une précision importante compte tenu des menaces particulières encourues par les propriétaire terriens en ex-Rhodésie.

Mercredi, certains fermiers blancs du Matabeleland occidental ont commencé à évacuer leurs fermes après le meurtre mardi de Martin Olds, la deuxième victime d’un conflit qui oppose la communauté des fermiers blancs aux partisans du président Robert Mugabe. Selon la presse, l’ambassade de Grande-Bretagne a admis faire face à une augmentation très importante de demandes de passeports britanniques, premier signal d’un éventuel exode des Blancs du Zimbabwe.

De son côté, la Suisse affiche un calme helvétique, emprunt de sérénité et de vigilance. «Nous prenons très au sérieux ce qui se passe», précise-t-on au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Un dispositif de crise a été mis en place. Il intègre le scénario d’une évacuation des ressortissants suisses. L’ambassadeur de Suisse au Zimbabwe est en contact avec la communauté. Et selon le DFAE, jusqu’ici personne n’a fait état de menaces. Mais, la situation peut évoluer rapidement.

L’inquiétude de la communauté internationale est palpable. Le secrétaire britannique au Foreign Office Robin Cook, dont le pays est l’ancienne puissance coloniale du Zimbabwe, a mis en garde contre le risque de déstabilisation de toute l’Afrique australe que fait courir l’actuelle crise au Zimbabwe. L’ONU également commence à s’inquiéter. Selon l’AFP, le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan a exhorté mardi soir le président Mugabe à désamorcer les tensions liées à la réforme agraire.

Mais, peu après cet entretien, Mugabe a jeté de l’huile sur le feu en estimant que les fermiers blancs s’étaient comportés en «ennemis du Zimbabwe», en cherchant à «contrecarrer notre révolution et notre indépendance». Selon lui, les fermiers blancs n’auraient pas dû s’opposer à une réforme soumise à référendum en février, qui aurait autorisé l’Etat à saisir leurs terres sans avoir à payer de dédommagements.

Le sort des 68 000 Blancs du Zimbabwe paraît très incertain dans un pays épargné jusqu’ici de toutes tensions raciales. Morgan Tsvangirai, leader de l’opposition au Zimbabwe, a accusé mercredi le président Mugabe de mener «une vendetta personnelle». «Ce que nous voyons là, dit-il, c’est un pays qui est sans ressource face à un homme dont les actions font délibérément du mal au pays et à son peuple».

Nombre d’observateurs inscrivent l’attitude de Mugabe dans une perspective électorale. Un spécialiste a précisé au quotidien français Libération: «A chaque élection, Mugabe attaque les Blancs et évoque une réforme agraire, aussitôt oubliée le lendemain du vote. La seule différence, c’est qu’aujourd’hui il est désespéré. Son régime est aux abois. Il pousse donc les choses plus loin pour éviter de perdre le vote rural». Le vote des campagnes, où vit 60 pour cent de la population du pays, est en effet crucial. Pour la survie du régime Mugabe.

Jugurtha Aït-Ahmed

Les plus appréciés

Les plus discutés

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision