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Le travail en Suisse, un sanctuaire qui résiste à tous les assauts

En 2012, les Suisses refusent six semaines de vacances pour tous. Comme souvent, les milieux économiques et la droite ont fait campagne en prédisant la ruine de l'économie si l'initiative était acceptée. Et leurs arguments ont porté. Keystone

La votation sur le revenu de base inconditionnel le prouve une nouvelle fois, le travail est une valeur sacrée en Suisse. Congés supplémentaires, salaire minimum, baisse de l'âge de la retraite... autant de propositions balayées en votations. Petit retour historique.

Le refus du RBI n’est pas une surprise, dans un pays où des mesures bien moins radicales n’ont jamais abouti.

Non à plus de vacances

Depuis 1984, la loi suisse accorde un minimum de quatre semaines de vacances par an à tous les travailleurs. En 2012, le syndicat Travail.Suisse a tenté de porter cette durée à «six semaines de vacances pour tous». L’initiative, malgré son attrait apparent, a été balayée par 66,5% des votants et par l’unanimité des cantons. Les Romands et les Tessinois y avaient été un peu plus sensibles, sans toutefois être convaincus.

Seule exception dans ce domaine, l’initiative lancée par les Démocrates suisses «pour un jour de la fête nationale férié», acceptée en 1993 par 83,8% des votants et tous les cantons. Auparavant, ce jour de fête patriotique n’était pas un férié officiel dans tous les cantons.

Non à une durée de travail réduite

A plusieurs reprises depuis 1924, les Suisses ont refusé dans les urnes une limitation de la durée du temps de travail. En 1988 par exemple, l’initiative «pour la réduction de la durée du travail» prévoyait une réduction par étapes pour parvenir à un maximum de 40 heures par semaine. Elle a été rejetée à 65,7% des suffrages.

Puis en 2002, les Suisses ont balayé à 74,6% l’initiative «pour une durée du travail réduite», qui proposait d’inscrire dans la Constitution la semaine de 36 heures. Une durée jugée excessivement courte et dommageable pour l’économie, selon la majorité des votants.

Non à un abaissement de l’âge de la retraite

L’aversion des Helvètes à trop de contraintes dans le monde du travail s’est aussi clairement affichée sur l’âge de la retraite. Par sept fois depuis 1978, le souverain a dit non à un texte dans ce domaine. Depuis 1948, l’âge de la retraite est fixé à 65 ans pour les hommes, et à 64 ans pour les femmes depuis 1964.

Parmi les grands échecs, celui de l’initiative des Verts en 2000, qui voulaient fixer le droit à l’AVS à 62 ans, avec une rente partielle. Elle a été refusée par 54% des Suisses, tout en affichant un clair «Röstigraben» (fossé entre Suisse alémanique et Suisse romande).

Dernier échec en date en 2009 avec l’initiative de l’Union syndicale suisse, qui prévoyait une retraite à la carte dès 62 ans, rejetée par 58,6% des voix. Le projet voulait accorder une rente anticipée complète aux personnes gagnant moins de 120’000 francs par an.

Le difficile chemin de l’assurance maternité

Il faudra soixante ans pour qu’un véritable congé maternité voie le jour en Suisse. Et on ne compte plus les revers qui ont émaillé ces soixante ans.

Depuis 1911, les frais liés à la maternité sont pris en charge par l’assurance maladie et accidents en Suisse. En 1945, l’assurance maternité est inscrite dans la Constitution. Mais à quatre reprises entre 1974 et 1999, le peuple rejette les projets liés à cette thématique.

Il faudra attendre le 26 septembre 2004 pour que le congé maternité soit accepté au niveau national. Il prévoit 80% du salaire pendant 14 semaines.

Non au salaire minimum

Allant à l’encontre de la tendance européenne, les Suisses ont refusé en 2014 d’introduire un salaire minimum légal au niveau national. L’initiative «pour la protection de salaires équitables» de la gauche et des syndicats a été balayée à 76,3% des voix.

Elle prévoyait un revenu minimum de 22 francs de l’heure, soit environ 4000 francs par mois pour un plein temps. Les votants ont été sensibles aux arguments des milieux économiques, du centre et de la droite ainsi que du gouvernement. Ceux-ci affirmaient qu’un tel salaire n’aurait pas été supportable pour de nombreuses entreprises.

Un oui… à une diminution des prestations chômage!

Concernant les prestations chômage, les citoyens suisses ont accepté en 2010 une diminution des prestations. Dans le cadre de la révision de la loi sur l’assurance chômage, ils ont accepté (à 53,4% des voix) une série de mesures pour «assainir» l’assurance chômage: hausse des cotisations, coupes dans les prestations, durée de prise en charge plus brève…

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