
Dans les chiffres rouges, les écoles Steiner cherchent des aides publiques

Les 38 écoles privées Rudolf Steiner en Suisse fêtent cette année leur 75e anniversaire. Leur congrès annuel national du 12 au 14 janvier aura pour principale préoccupation le financement de leurs institutions.
En effet, les derniers exercices comptables annuels des écoles Steiner en Suisse ont singulièrement glissé vers les chiffres rouges depuis 1996. Les contributions financières des parents d’élèves se révèlent de moins en moins importantes.
D’ailleurs, beaucoup moins de familles envoient leurs enfants à l’école Steiner depuis la crise économique des années 90. En quatre ans, l’école Steiner a vu 400 élèves démissionner, pour des raisons de financement inhérentes à leurs parents. En outre, leurs enseignants acceptent de travailler pour de très bas salaires.
Pour la première fois en 75 ans d’histoire en Suisse, l’école Steiner a dû fermer les portes de son institution dans le canton de Neuchâtel, au terme de l’année scolaire 1999-2000, faute d’argent.
Claude Zweiacker, chef du Service de l’enseignement obligatoire dans le canton de Neuchâtel, explique: «la Loi neuchâteloise précise que l’Etat ne subventionne en aucune manière l’enseignement privé, quel qu’il soit».
Comme la plupart des cantons helvétiques, l’Etat de Genève ne subventionne pas non plus les établissements d’enseignement privés. Martine Brunschwig-Graf, conseillère d’Etat en charge du Département de l’instruction publique: «Nous n’avons aucune base légale pour subventionner les écoles privées».
Toutefois, les cantons de Lucerne et Bâle-Campagne, de même que la commune de Soleure ont accordé, eux, des subventions à l’école Steiner. Alberto Schneebeli, chef du Service de recherche et développement des écoles dudit canton bâlois: «Notre constitution de 1984 donne la possibilité d’aider les écoles privées, car elles sont considérées comme des alternatives aux écoles publiques».
Pour l’heure, le Tessin, lui, ne subventionne pas «ses» deux institutions Rudolf Steiner. Mais, à la mi-février, les citoyens tessinois seront appelés à voter sur une initiative et un contre-projet concernant les subventions aux écoles privées.
Francesco Vanetta, chef du Service des écoles secondaires tessinoises: «Si l’initiative populaire pour une liberté de choix de la scolarité aboutit, les parents d’élèves qui fréquentent des écoles privées recevront un subside en fonction de leurs revenus. Si c’est le contre-projet qui passe, le subside ne sera alors accordé qu’aux élèves de 6 à 15 ans (scolarité obligatoire) de ces écoles privées».
Cela dit, l’école Steiner mène sa campagne de sensibilisation tous azimuts. Elle a recueilli 13 500 signatures concernant ce qu’elle appelle son manifeste de Bâle. Un texte qui revendique un financement public pour toutes les écoles non étatisées d’intérêt public. Ce manifeste sera déposé, début février, auprès de la Conférence des directeurs de l’instruction publique.
Robert Thomas, coordinateur de toutes les écoles Rudolf Steiner en Suisse: «Le principe du libre choix des familles en matière d’éducation pour leurs enfants est inscrit dans la Constitution fédérale. Tout comme l’obligation et la gratuité de suivre une scolarité. Or, les parents des élèves de l’école Steiner doivent non seulement payer leurs impôts (notamment pour l’école publique), mais également financer l’enseignement privé de leurs enfants…».
Pour mémoire, le penseur autrichien Rudolf Steiner (1861-1925) élabora «l’Anthroposophie» qui se veut «un chemin pour l’homme vers la connaissance spirituelle au travers de sa créativité». C’est le principe de base qui sous-tend l’enseignement prodigué dans les écoles Steiner.
Emmanuel Manzi

En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.