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La pauvreté touche plus d’une personne sur dix

Les femmes sont nettement plus souvent et plus durement confrontées à la pauvreté que les hommes. Caritas

Selon Caritas, il existe une relation directe entre le bagage scolaire et la pauvreté, qui touche entre 10 et 12% de la population helvétique.

L’œuvre d’entraide réclame une réforme d’un système de formation qui ne remplit pas son rôle social, ainsi que des mesures dans les domaines de la politique de la famille et du travail.

Selon la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS), on considère comme pauvre tout ménage dont le revenu (après déduction des cotisations sociales et des impôts) n’atteint pas 2200 francs pour une personne seule et 4300 francs pour une famille avec deux enfants.

«La pauvreté est un scandale pour notre pays riche», lance Jürg Krummenacher.

Le directeur de Caritas souligne que le fossé entre les riches et les pauvres s’est encore creusé ces dernières années. Et les classes moyennes sont désormais également concernées par le phénomène.

Sur la base d’une étude réalisée par l’organisation d’entraide et présentée lundi à Berne, il réclame une lutte étatique ciblée et une meilleure prise en compte de la formation.

Formation et pauvreté

L’étude «Risque de pauvreté N°1: une mauvaise formation!» fait en effet ressortir un lien étroit entre la longévité de la pauvreté et la formation; un faible bagage scolaire augmente de manière significative les risques de pauvreté.

Au cours de leur vie, les personnes peu qualifiées sont clairement exposées à des risques de pauvreté accrus. Le passage de la formation à la vie professionnelle, la fondation d’une famille, la perte d’un emploi ou une séparation influencent en effet particulièrement le risque de pauvreté.

Mais, selon Caritas, les éléments qui pèsent sur un risque durable de pauvreté et d’exclusion sociale interviennent déjà très tôt.

Une formation insuffisante aura en effet des conséquences sur tous les aspects de l’existence. Ainsi, celui ou celle qui n’a accompli que l’école obligatoire est directement menacé de pauvreté tout au long de sa vie.

Pour preuve, à peine 86% des hommes de 30 à 64 ans sans formation autre que la scolarité obligatoire avaient un emploi en 2000, contre 92,9% des hommes au bénéfice d’un diplôme de fin d’apprentissage ou d’une maturité.

Avec une formation insuffisante, les chances de promotion sur le marché du travail seront maigres et les risques de perdre un emploi en raison de l’évolution technologique seront élevés. La formation conditionne également le choix du ou de la partenaire de vie.

Les femmes plus touchées

Le niveau de formation des parents a, en outre, une influence sur le succès scolaire des enfants. Enfin, il existe un rapport étroit entre le niveau de formation, la santé et l’espérance de vie.

Celui ou celle qui n’a qu’une formation élémentaire est exposé à de plus grands risques de maladie, d’invalidité et vit moins longtemps que les personnes au bénéfice d’une formation plus complète.

Au final, les femmes sont nettement plus souvent et plus durement confrontées à la pauvreté que les hommes, relève pour sa part Carlo Knöpfel, responsable des études de Caritas Suisse.

Celles qui présentent un risque particulièrement élevé sont des femmes d’origine étrangère qui élèvent seules leurs enfants et qui sont dotées d’un faible bagage scolaire. Les familles comptant plus de deux enfants et les hommes vivant seuls sont aussi concernés.

Réformer la politique de la formation

Les réformes apportées au système éducatif dans les années 1960 et
1970 avaient pour but d’ouvrir l’accès aux études à tous les jeunes. Ce but n’a pas été atteint, poursuit Carlo Knöpfel. Il existe toujours un lien entre l’origine sociale et la probabilité d’atteindre un niveau de formation supérieur. La lutte contre la pauvreté passe donc en premier lieu par la promotion de l’égalité des chances d’accéder à une bonne formation.

«Il faut agir très tôt sur le plan de l’éducation, c’est-à-dire déjà chez les enfants en âge préscolaire et dans les petites classes», explique le directeur de Caritas, Jürg Krummenacher.

Davantage d’institutions d’encadrement complémentaires à la famille – crèches, familles de jour, groupes de jeu ou jardins d’enfants – doivent être créées. Le système de bourses doit être étendu et les règlements cantonaux en matière de prêts doivent être harmonisés.

Sur le plan professionnel, la formation continue doit être encouragée, en introduisant par exemple un congé payé à cette fin. La politique de formation doit être complétée par la promotion d’offres de places d’apprentissage et l’introduction de prestations complémentaires pour les familles dans le besoin.

Les responsables politiques et les employeurs portent la responsabilité du développement d’une telle politique.

swissinfo avec les agences

850’000 personnes sont touchées par la pauvreté en Suisse dont 220’000 enfants.
En 2002 en Suisse, le seuil de pauvreté était de 2’200 francs pour une personne seule et de 4’300 francs pour une famille avec deux enfants.
Est donc considéré comme pauvre tout ménage dont le revenu – après déduction des cotisations sociales et des impôts – est inférieur au seuil de pauvreté.

– Environ 10 % de la population vit dans la précarité durant de longues périodes.

– Un plus grand nombre est confronté à la précarité durant des périodes limitées: dans ces cas, le problème est principalement lié au chômage ou à un divorce.

– Selon Caritas, c’est avant tout un faible bagage scolaire qui augmente le risque de pauvreté.

– Il s’avère ainsi que les femmes élevant seules leurs enfants, dotées d’un faible bagage scolaire et peut-être encore d’origine étrangère, mais aussi les familles comptant plus de deux enfants ou les hommes vivant seuls, présentent un risque de pauvreté particulièrement élevé.

– Caritas Suisse est une oeuvre d’entraide dont le siège est à Lucerne. Elle a été fondée en 1901.

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