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Le courtier zougois Glencore botte en touche

Les 830 employés de l’usine de Noyelles-Godault, en France, ont obtenu un sursis. Keystone

Glencore - héritier de Marc Rich - se refuse à tout commentaire sur l'affaire Metaleurop dont il est l'actionnaire principal.

A l’origine d’une énorme pollution au plomb, une filiale française du groupe a obtenu un répit avant une éventuelle décision de liquidation.

Avec la décision de placer la société exploitante Metaleurop Nord en redressement judiciaire, les 830 employés de l’usine de traitement de zinc et de plomb de Noyelles-Godault (Pas-de-Calais) peuvent souffler. Provisoirement du moins.

Mi-janvier, Metaleurop avait décidé de couper les vivres à sa filiale Metaleurop Nord ainsi qu’à son usine de Noyelles. Explication officielle: la dégradation du marché et la chute des prix du zinc et du plomb.

Un site pollué au plomb

Cette semaine, le Tribunal de grande instance de Béthune a désigné deux administrateurs judiciaires qui devront examiner les comptes de la société.

Une décision sera prise après une période de trois mois, renouvelable. Mais, il faut savoir que dans plus de 90% des cas, un redressement judiciaire débouche sur une liquidation.

En juillet 2002, Metaleurop SA avait pourtant annoncé un plan social pour la réduction des emplois de 830 à 560, ainsi que des mesures pour assainir le site, fortement pollué au plomb.

Un tiers du capital

A Zoug, au siège de la société Glencore, la porte-parole du courtier en matières premières se refuse à tout commentaire.

Glencore se prépare-t-il à vendre sa participation? «Nous ne répondons pas à cette question», dit Lotti Grennacher.

Même réponse quand swissinfo demande si la société prépare une défense face à une possible plainte pour la pollution du site français.

Et ce n’est pas fini. Glencore (44,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2001, selon son site Internet) ne confirme ni ne dément contrôler Metaleurop. «Nous possédons 33% du capital», se contente de répéter Lotti Grennacher.

Un député écologiste au front

L’attitude du courtier n’étonne pas Josef Lang, député écologiste au législatif zougois et connaisseur du dossier.

«Il y a dix ans déjà, dit-il, la société Marc Rich – qui s’appelait encore ainsi avant de prendre le nom de Glencore – avait agi de la même manière avec l’affaire d’une usine d’aluminium aux Etats-Unis.»

«Quand la pression politique et sociale sera assez forte, pense l’écologiste, Glencore reconnaîtra ses responsabilités. Elle a d’ailleurs les moyens de fournir un plan social aux ouvriers français.»

Seule différence avec l’exemple américain, précise le député, «Marc Rich était un homme plus vulnérable que ne l’est l’actuel patron de Glencore»

Josef Lang parle, bien sûr, de Willy Strotthotte qui était numéro deux à cette époque.

Pour coordonner des actions avec les syndicats français, le député a pris contact avec les syndicats suisses de la métallurgie.

Interprétation contestée

Autre point suscitant la controverse, le groupe Metaleurop est soupçonné d’avoir vendu à trop bon prix (100 millions de dollars) son unité d’électrolyse de zinc de Nordenham (Allemagne) à la société Xstrata. C’était en décembre.

Or Glencore possède quelque 40% de Xstrata (également basée à Zoug). Dans un communiqué, Metaleurop conteste cette interprétation. «Le prix, écrit le groupe, a été obtenu après de longues négociations.»

swissinfo, Ariane Gigon Bormann, Zurich

– Glencore, qui compte 350 employés à Baar (ZG), est un des premiers négociants en matières premières au monde.

– En 2001, selon ses informations, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 44,5 milliards de dollars.

– La société est née 1994 de la reprise de la société du fameux Marc Rich, le négociant en matières premières réfugié en Suisse depuis 1983 pour échapper à une condamnation pour fraude fiscale aux Etats-Unis.

– Glencore est dirigée par Willy Strothotte, qui était le numéro deux de Marc Rich.

– La société possède 33% de Metaleurop, mais ne confirme ni ne dément en avoir le contrôle effectif.

– Metaleurop Nord est à l’origine d’une gigantesque pollution au plomb. Et a été placé en redressement judiciaire le 28 janvier.

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