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Le parcours sans faute d’une femme rayonnante

Doris Leuthard aura désormais moins de temps pour ses loisirs (photo: Kurt Reichenbach pour "Schweizer Illustrierte"). Kurt Reichenbach für Schweizer Illustrierte

Avec son accord, son élection était déjà pratiquement acquise. Maintenant, Doris Leuthard veut restaurer l'esprit d'équipe et le dialogue au sein du gouvernement.

Deux thèmes, entre autres, lui tiennent particulièrement à cœur: le vote électronique et l’implication civique des Suisses de l’étranger.

«Les Suisses de l’étranger doivent participer activement aux décisions. Leur séjour dans un autre pays leur permet regard différent. Dans ce sens, ils représentent un atout et un enrichissement dans le processus législatif», souligne Doris Leuthard.

Pour la politicienne, le vote électronique est l’une des conditions nécessaires pour favoriser une participation civique des Suisses de l’étranger.

«La Suisse, en comparaison du reste de l’Europe, n’est pas vraiment un modèle du genre. Nous avons encore des progrès à faire. J’espère que le rapport sur le votre électronique poussera la Confédération à approfondir le dossier de l’E-Government.»

Offensive de charme

Avec Doris Leuthard, le parti démocrate chrétien (PDC / centre droit) a délibérément choisi la voie de la candidature unique pour succéder à Joseph Deiss.

Ce faisant, le PDC occulte les exigences que ce parti avait lui-même manifesté à l’égard des autres formations politiques lorsqu’il leur demandait de présenter un éventail de candidats sous la même bannière pour le gouvernement.

Cette candidature, qui avait fait l’unanimité au sein du PDC, n’a pas été contestée en dehors des rangs du parti. Il faut dire qu’aucun homme n’avait osé passer pour un «Ladykiller» et jouer ainsi sa propre réputation politique.

Les rares critiques exprimées à l’endroit de Doris Leuthard, notamment sur son manque de profil politique, se sont rapidement estompées.

Des qualificatifs flatteurs

«Offensive de charme», «yeux de biche», «fascinante», la liste des qualificatifs flatteurs attribués à la démocrate chrétienne par les médias est longue. Et, il n’y a pas que la presse de boulevard qui s’en était fait l’écho.

Agée de 43 ans, Doris Leuthard sera la cadette de l’Exécutif, puisque les autres membres du Conseil fédéral ont en moyenne vingt ans de plus que l’argovienne.

Son style vestimentaire soigné est à l’image de son mode de vie, propre et soigné. L’hebdomadaire alémanique «Schweizer Illustrierte» avait accordé une large couverture à la candidate et publié de nombreuses images de la jeune femme chez elle et en compagnie des siens.

Issue d’une famille bourgeoise établie la campagne, Doris Leuthard, aime cultiver son potager. Sa maison se trouve à quelques pas seulement de celle de ses parents.

Retrouver l’unité

Tant le parcours politique que l’ascension fulgurante de cette avocate sont hors du commun. En 1997, elle entre au Parlement argovien, sans passer par la case départ de la politique communale. Deux ans plus tard, elle est déjà élue au Conseil national (Chambre basse du Parlement).

En 2004, on lui confie la présidence du PDC. Ce parti est alors au creux de la vague, après avoir essuyé coup sur coup la perte de plusieurs sièges à la Chambre basse et le départ forcé de sa ministre, Ruth Metzler.

Depuis, Doris Leuthard fait figure de personnalité rassembleuse et passe pour la femme qui a su remettre son parti sur les rails du succès électoral.

Que les résultats concrets ne correspondent pas tout à fait à la brillante image qui se dégage de cette égérie du PDC n’a pas pesé dans sa candidature pour le Conseil fédéral.

Réseau catholique

Doris Leuthard est originaire d’une région catholique du canton d’Argovie. Ce n’est qu’en 1999, qu’elle et son concubin de longue date, le chimiste Roland Hausin, ont finalement décidé d’officialiser leur union et de la rendre ainsi conforme aux principes défendus par le PDC.

Fille d’un ancien député démocrate-chrétien au Parlement cantonal argovien, elle a su mettre à profit l’existence d’un solide réseau de relations.

Ainsi, à 26 ans, Doris Leuthard, brevet d’avocate en poche, débute sa carrière auprès de l’étude de l’ancien député cantonal Kurt Fricker où elle travaille toujours. Entre temps, elle en est aussi devenue l’associée.

«Lorsque j’ai repris la présidence du PDC, aucun chef d’entreprise n’avait osé revendiquer cette charge», rétorque-t-elle à ceux qui soulignent son manque d’expérience de dirigeante.

Ouverture et dialogue

Pour Doris Leuthard, le gouvernement se doit de sentir les problèmes et montrer l’exemple en faisant preuve de collégialité.

«Les gens en ont assez de ces prises de bec», avait déclaré la présidente du PDC, lorsque les tensions au sein du Conseil fédéral étaient apparues au grand jour.

Ses détracteurs lui reprochent sa position de centriste qui veut plaire à tout le monde. Mais, sur la question de la politique d’asile, la démocrate chrétienne – qui défend une ligne dure – avait notamment fait gronder la Conférence des évêques suisses. Une discussion avait finalement permis de régler ce différend.

En ces temps de polarisation politique, les maîtres mots de Doris Leuthard sont l’harmonie et la cohésion. «Mon but est d’établir un dialogue ouvert et constructif avec toutes les Suissesses et tous les Suisses, qu’elles et ils vivent à l’étranger ou non.»

swissinfo, Andreas Keiser
(Traduction de l’allemand: Nicole Della Pietra)

Doris Leuthard est née en 1963. Elle est l’aînée d’une famille de quatre enfants, établie dans le fief démocrate chrétien de Merenschwand, dans le canton d’Argovie.
La nouvelle conseillère fédérale est licenciée en droit de l’Université de Zurich.
Pour parfaire son français et son anglais, Doris Leuthard a séjourné à Paris et à Calgary.
Jusqu’à son entrée au Conseil fédéral, l’avocate a exercé dans ses deux études de Wohlen et de Muri, dans le canton d’Argovie.
En 1997, elle est élue au Parlement de son canton.
En 1999, elle accède au Conseil national.
On lui confie la présidence du parti démocrate chrétien en septembre 2004.

– Doris Leuthard est la cinquième femme à entrer au gouvernement.

– La première avait été la libérale Elisabeth Kopp. Elue en 1984, elle a été contrainte de quitter son siège cinq ans plus tard, suite à un appel téléphonique qu’elle avait eu avec son époux et qui avait déclenché une retentissante affaire.

– En 1993, Ruth Dreifuss avait été choisie pour l’Exécutif, suite à la non-élection de sa camarade de parti et candidate officielle du PS, Christiane Brunner. Ruth Dreifuss avait quitté le gouvernement en décembre 2002.

– La démocrate chrétienne, Ruth Metzler avait été élue en 1999 mais, quatre après, les Chambres lui avaient préféré le candidat UDC Christoph Blocher.

– En 2002, la socialiste Micheline Calmy-Rey devenait cheffe du Département fédéral des affaires étrangères. Jusqu’à l’élection de Doris Leuthard, elle était la seule femme à siéger au Conseil fédéral.

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