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L’instantané pour dire le mouvement

Quand les images arctiques de Markus Bühler-Rasom se mêlent au paysage biennois. swissinfo.ch

Sous le titre «on the road... again», la 9ème édition des Journées photographiques de Bienne jouent la carte du mouvement: voyage, exode, asile, contrastes...

Jusqu’au 25 septembre 2005, vingt-cinq photographes suisses et étrangers sont exposés dans onze lieux différents.

Décidément, les Journées photographiques de Bienne aiment les thématiques particulièrement vastes. Après «De la vie à la mort – de la mort à la vie» en 2004, voici donc «on the road… again » en 2005.

«On souhaite une thématique qui attire, qui a quelque chose d’émotionnel. Mais cela doit être un thème assez large pour qu’on puisse présenter la diversité de l’art contemporain – projets artistiques, reportages classiques – tout en montrant que les frontières entre ces catégories disparaissent, que les choses s’entremêlent» réagit Barbara Zürcher, directrice artistique de la manifestation.

Pour dire le mouvement, 25 photographes d’ici et d’ailleurs sont donc exposés dans 11 lieux de la ville de Bienne. «J’aimerais que le visiteur soit surpris. Qu’il doive chercher la relation de l’image avec la thématique du mouvement. Et entre réellement dans la matière lors du deuxième regard», explique la journaliste bâloise.

Inuits, voitures et strip-tease forain

Parfois, le premier regard suffit: le voyage y est clairement illustré. C’est le cas pour Markus Bühler-Rasom, qui évoque de façon esthétique et classique le monde inuit au Groenland.

Le mouvement se double d’une quête existentielle lorsqu’on suit Carmela Odoni à la recherche de sa mère de sang au Sri Lanka, ou quand Manuel Bauer accompagne des Tibétains qui fuient Lhassa pour rallier Dharamsala, en Inde. En noir et blanc, un diaporama qui est aussi une sorte de journal de voyage.

La voiture, championne des road movies, est également de la partie. Mais sous des angles bien particuliers. Images poétiques et amusantes d’Yves Leresche autour de la Dacia, la voiture à tout faire des Roumains. Récit étonnant du Rwanda que Jean-Luc Cramatte raconte depuis la banquette arrière d’un taxi, derrière l’épaule du chauffeur.

Le monde de la voiture toujours avec ces portraits instantanés que saisit Jules Spinatsch. Il profite des feux rouges, qu’ils soient new-yorkais, parisiens ou zurichois, pour photographier les conducteurs inconnus qu’il côtoie un instant. «We will never be so close again», dit joliment le titre.

Alors que Geri Stocker évoque la Suisse à l’heure de son américanisation – affiches Marlboro, saloon et autres taxis jaunes – l’Américaine Susan Meiselas s’attarde sur des strip-teaseuses de la Nouvelle-Angleterre, dans les années 70, à la chair triste et flasque.

Voyage, quel voyage? C’est la qu’intervient le «deuxième regard» dont parle Barbara Zürcher. Ces strip-teaseuses ont en fait quitté leurs villes d’origine, et, de fête foraine en fête foraine, exhibent leur nudité avachie. La route ne sourit pas toujours.

L’intégration de la ville…

Parmi les lieux occupés par les «Journées photographiques de Bienne», des musées, des galeries, des restaurants, mais aussi la ville en elle-même. Ainsi, une installation de Daniel Zimmermann, sur la Place de la Gare souhaite rappeler aux passants que si la cité tourne le dos au lac, celui-ci est bel et bien présent à Bienne.

Et puis il y a la «Promenade visuelle» le long de la Suze, où chaque artiste invité aux «Journées» est représenté par une toile suspendue au-dessus de l’eau. Une toile où figure l’une de ses images, mais qui laisse néanmoins apparaître la ville en filigrane. Mélange réussi de représentation et de réalité.

«On joue avec l’art contemporain hors musées. Par exemple, sur la Suze, on montre comme un inventaire les facettes de la mobilité, mais on joue aussi avec le visiteur qui se promène, et qui est confronté avec l’image sur un cours d’eau qui bouge. Pour moi, c’est le cœur du festival, qui fait le lien entre la zone muséale et la vieille ville».

… et de ses habitants

Pour aller plus loin dans cette intégration, les organisateurs collaborent avec Mémoire régionale. «Un projet qui réunit des documents historiques de la région – Bienne, Seeland, Jura bernois. On collectionne des photos et des films d’amateurs surtout. C’est une archive virtuelle. Les documents sont scannés, numérisés, et rendus publics sur le web», explique Manuela di Franco, responsable de cette section.

Cette année, le Musée Neuhaus dévoile des images tirées des archives du magasin Photo Bandi, qui comptent 50.000 portraits. Un souvenir des temps d’avant les Photomatons… De grands tirages en négatif, apposés contre des fenêtres, qui donnent à ces visages d’il y a quelques décennies des allures fantomatiques.

«C’est le temps et le mouvement. Pour moi, c’est important de montrer dans le secteur de la photographie, ce qu’on a gagné, mais ce qu’on a perdu aussi, avec l’industrialisation. Tous ces magasins sont en train de mourir» constate Barbara Zürcher. Et tant pis si, en l’occurrence, le lien avec la thématique choisie cette année est pour le moins ténu.

Les Journées photographiques de Bienne s’intègrent chaque année un peu plus dans la ville qui les a vues naître. Mais jouent également des collaborations orientées vers l’extérieur.

«Ce printemps, on était invités à Berlin avec cette édition, en version réduite. Puis on se présentera au Haus für Kunst Uri à Altdorf, le centre de la Suisse! Et on ira peut-être à la ‘Photofesta’ à Maputo, au Mozambique», se réjouit Barbara Zürcher.

On the road again?

swissinfo, Bernard Léchot à Bienne

Les Journées photographiques de Bienne se tiennent jusqu’au 25 septembre.
Thème de cette 9ème édition: «on the road… again»
Centre d’accueil et informations: Musée Schwab et Ancienne Couronne.
Horaires d’ouverture des expositions: mercredi à vendredi de 14h00 à 18h00, samedi et dimanche de 11h00 à 18h00, lundi et mardi fermé.

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