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Le cirque Knie ouvre le bal suisse à Pékin

Ma-Chao-et-Wan-Yu-Jie: encore un numéro bluffant.

La Chambre économique Suisse – Chine et la Société Suisse de Pékin organisaient le 28 novembre le traditionnel bal suisse dans la capitale chinoise. Festivités placées sous la bannière du cirque Knie, qui se félicite de 25 ans de collaboration avec les acrobates chinois.

«Que des bons souvenirs !», se réjouit Frédy Knie junior, le directeur artistique du cirque national suisse, représentant de la sixième dynastie des Knie. «Depuis 1984, c’est devenu une tradition chez nous que d’engager des artistes chinois. Ils sont tous au top niveau, la qualité de leurs numéros est toujours excellente, et ils amènent une touche d’exotisme très appréciée.»

Si Frédy Knie aime la Chine, il n’y est jamais allé, mais rappelle que le fils de son cousin Franco, Franco Knie junior, a épousé une acrobate chinoise. Il y a donc du sang chinois chez les Knie.

Le soir du bal, dans un grand hôtel de Pékin, tout avait été fait pour transformer la salle en chapiteau. Costumes, flonflons, saucisses à rôtir et barbe à papa, arène, projecteurs, balisage et affiches aux couleurs de Knie et de son spectacle 2009 «C’est magique».

Défi à la pesanteur

Magique comme le numéro de ces cinq très jeunes artistes de Mongolie intérieure, perchées sur des monocycles de 2 mètres, et qui font valser des bols qu’elles interceptent infailliblement sur leurs têtes, l’un des moments forts de la tournée 2009 chez Knie.

Et c’est en 2006 qu’on avait découvert en Suisse le numéro des deux artistes de la troupe acrobatique du Zhejiang, «les parapluies d’Icare», qui leur a valu deux grands prix internationaux.

La jeune Wang Yu Jie jongle avec des parapluies, qu’elle maintient en équilibre sur tous ses membres, elle-même juchée sur le dos ou les pieds de son partenaire Ma Chao. «J’ai commencé à m’entraîner quand j’avais 5 ans», explique Wang Yu Jie. «Ma grand-mère m’a initiée à l’acrobatie. J’ai rejoint la troupe à 10 ans.»

Ma Chao, lui, est passé par une académie d’acrobatie. «La concurrence était très rude, mais j’aime les défis, et j’avais le soutien de ma famille». Aujourd’hui, tous deux sont rattachés à une troupe d’Etat qui compte une centaine d’artistes.

Les premiers Chinois en Occident

Han Ning est l’homme qui alimente le monde en artistes de cirque chinois, et qui a coordonnée le spectacle du bal suisse. Il dirige la section marketing extérieur de la «China performing Arts Agency».

Ami de longue date de Frédy et de Franco Knie, il se félicite de l’excellente collaboration qu’il entretient avec eux depuis 1984. «Le Knie a été le premier cirque occidental à engager des acrobates de Chine populaire après la révolution culturelle.»

Pour lui, c’est d’autant plus important qu’il se pose en défenseur d’une tradition qu’il juge menacée. «Je crois que le développement de l’acrobatie chinoise tout au long de ces 60 dernières années n’a pas œuvré en faveur de l’interaction entre les artistes et leur public. Nous devons nous améliorer».

Au service du Parti

«Avant la révolution de 1949, nous avions des troupes de rue, des petits chapiteaux, des petits cirques très rudimentaires, mais avec quelques animaux … singes, chats …», poursuit Han Ning.

«Mao a mis fin à tout cela, il a rassemblé tous les artistes et a créé des troupes d’acrobates dans chaque province, sans animaux, qui se produisaient sur des scènes de théâtres et non plus dans des arènes de cirque. Ces spectacles servaient la propagande politique, surtout durant la révolution culturelle, ils ressemblaient à de l’opéra de Pékin. Ce n’est que maintenant qu’on commence à se rendre compte que les spectacles d’acrobate doivent être divertissants. Certaines troupes du sud du pays ont commencé à monter des tentes, à intégrer des animaux, à engager des clowns.»

Meilleur accueil

«Oui, on préfère se produire à l’étranger, confirment les deux acrobates du Zhejiang. Le public est plus chaleureux, il emmène ses enfants au spectacle, nous sommes mieux accueillis».

Confirmation avec Frédy Knie, qui évoque la réaction habituelle des artistes chinois lorsqu’ils se produisent pour la première fois dans l’arène de Knie: «ils n’arrivent pas à croire que tous ces applaudissements s’adressent à eux. En Chine, les mentalités sont différentes, le public applaudit moins, il est moins exubérant.»

Au bal suisse, les quelques numéros ont certes charmé le public, mais sans véritablement recréer la magie d’un spectacle sous chapiteau. «L’objectif était de créer un pont entre deux cultures en principe fort différentes, mais que le cirque permet de rapprocher», explique Yvan Sprunglin, l’un des organisateurs.

Pendant ce temps en Suisse, le cirque Knie prépare sa prochaine saison. «Nous aurons évidemment à nouveau des acrobates chinois», promet Frédy Knie … «… 11 à 12 Chinois chez Knie, si on compte le cuisinier, l’interprète ou le directeur de troupe, c’est dans la moyenne annuelle».

Alain Arnaud, swissinfo.ch, Pékin

Franco et Frédy Knie ont négocié deux ans avant de pouvoir, en 1984, engager les premiers artistes de cirque chinois à se produire hors de leur pays. Lors de cette première saison «chinoise», 25 artistes assuraient toute la deuxième partie du spectacle.

«Les premières années, les Chinois ne pouvaient pas rester plus longtemps que 4 mois, nous devions changer de personnes en cours de tournée», se souvient Frédy Knie. Depuis lors, le cirque national suisse n’a jamais dérogé à son engouement pour les artistes venus de Chine, et «n’a jamais été déçu», déclare son directeur.

Les choix se font conjointement entre l’Agence chinoise pour les arts de la scène et Knie. Ils sont d’autant plus faciles que «l’offre est énorme, et les numéros se renouvellent beaucoup. Les Chinois savent s’adapter aux goûts occidentaux», poursuit Frédy Knie, qui conclut: «nous continuerons de les engager aussi longtemps que Knie existera».

Chaque année, la chambre de commerce Suisse-Chine de Pékin et la Société Suisse de Pékin convient les presque 600 citoyens suisses enregistrés dans la capitale ainsi que leur entourage au traditionnel bal de fin d’année. Ils ont été cette année 305 à répondre à l’appel, une participation jugée «très satisfaisante» par les organisateurs.

Au total, 4000 Suisses sont installés en Chine, dont la majorité à Hong Kong (1600). Shanghai en recense environ 800. La plupart des autres sont à Pékin ou dans les zones économiques du sud du pays.

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