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Le court métrage suisse en péril

Pour Marc Wehrlin, chef de la Section cinéma, le court métrage n’a pas besoin de la manne fédérale pour vivre. Keystone Archive

Faute de moyens, la Commission fédérale du cinéma souhaite supprimer les subventions au court métrage. Elle a mis en consultation son projet.

Consternés, les cinéastes adressent une pétition à la ministre de la culture Ruth Dreifuss.

La Commission fédérale du cinéma suisse propose de supprimer l’aide à la production des courts métrages. Ou du moins de restreindre l’accès aux subventions pour la période 2003-05.

Ces propositions de répartition des soutiens ont été mises en consultation fin octobre dans le cadre de la nouvelle loi sur le cinéma (LCIn), entrée en vigueur en août 2002. Le délai est fixé au 15 novembre.

Philippe Clivaz, directeur de l’Agence suisse du court métrage, s’insurge contre cette consultation «partielle et précipitée».

La Commission essaie de faire signer ce texte à Mme Dreifuss, cheffe du Département dont dépend la culture, avant qu’elle ne quitte le gouvernement en décembre».

Une pétition adressée à Ruth Dreifuss a été lancée par l’Agence suisse du court métrage. Le Festival international du court métrage de Winterthur va également publier une prise de position.

Carte de visite à l’étranger

A Berne, Marc Wehrlin, chef de la Section cinéma, estime que le genre n’a pas besoin de la manne fédérale pour vivre. Il ajoute qu’avec les restrictions budgétaires imposées par la Confédération, la situation n’est plus tenable. Des choix s’imposent afin de ne pas léser le cinéma suisse dans son ensemble.

Il est vrai que la Confédération aide seulement 20% des courts métrages suisses. Toutefois, ces derniers sont reconnus pour leur qualité par la profession.

65% des films nominés au Prix du cinéma suisse ont reçu une aide fédérale ainsi que la totalité des lauréats.

Les courts métrages fournissent par ailleurs une excellente carte de visite du cinéma suisse à l’étranger. «Les longs métrages sont quasi inexistants dans les Festivals internationaux à part un film de Godard de temps en temps», remarque Philippe Clivaz.

En revanche, les films suisses sont toujours bien représentés à Clermont-Ferrand ou à Oberhausen, deux festivals de courts métrages internationaux majeurs.

Simon Koenig, responsable de la distribution pour l’Agence suisse du court métrage, confirme: «Les courts métrages suisses ont une bonne réputation. On reçoit des demandes de partout.»

En Suisse également, «le court métrage attire de plus en plus de public, lors de festivals ou en avant-programme».

Une visée commerciale

Dans une seconde variante, la Commission fédérale pour le cinéma propose de limiter son aide à un seul film par réalisateur ainsi qu’à des films de moins de dix minutes. Les réalisateurs sont dès lors poussés plus vite vers le long métrage.

Ainsi seuls les courts métrages commercialisables seraient encore subventionnés. Plus ils sont brefs, plus ils ont de chance de passer en avant-programme dans les salles.

Quelle va être la position de Ruth Dreifuss, cheffe du Département fédéral de l’intérieur (DFI)? Elle vient de signer dans le programme du Festival international du court métrage de Winterthur un véritable plaidoyer.

«Un genre en soi avec son propre langage». Qui «reste vraiment la meilleure carte de visite pour les jeunes réalisateurs».

swissinfo/Anne Rubin

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