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Un million perdu pour le court métrage

Les cantons n'auront pas les moyens de subventionner davantage le court métrage, si Berne supprime ses aides.

La Commission fédérale du cinéma discute actuellement la répartition des fonds pour 2003-05. Elle donne la priorité aux longs métrages.

La Commission fédérale du cinéma se penche en ce moment sur les régimes d’encouragement au cinéma. Elle suggère de supprimer les subventions au court métrage. Ce qui imposerait aux villes et cantons – qui aident traditionnellement ce genre – de prendre la relève.

«Proposer cela sans consulter les principaux intéressés, c’est tout de même un peu cavalier», s’indigne Philippe Clivaz, directeur de l’Agence suisse du court métrage. «En Suisse, dit-il, il n’y a que deux cantons qui ont de l’argent pour le cinéma: Zurich et Genève.»

Marc Wehrlin, chef de la Section cinéma de l’Office fédéral de la culture, répond qu’il est évident que les cantons ne peuvent accueillir cette proposition avec enthousiasme. En outre, la consultation s’adresse en premier lieu à la branche du cinéma.

A la Ville de Zurich, Paul Baumann, chef de la Commission qui octroie des fonds au cinéma, reste circonspect. Il attend l’issue de la consultation et les propositions définitives de la Commission.

Il confirme néanmoins que Zurich n’a pas les moyens de combler ce probable manque à gagner pour le court métrage. Le million attribué chaque année par Berne à ce genre serait ainsi purement et simplement perdu.

Relève compromise

Le délégué aux Affaires culturelles du canton de Genève, Jean-Pierre Ballenegger, tombe des nues quand on lui parle de cette éventuelle suppression. A la Ville de Genève, même étonnement. Si ce n’est incompréhension.

«Le renouvellement du cinéma suisse, ne peut s’amorcer que par le court métrage. C’est là que se dessine la relève», affirme Jean-François Rohrbasser, conseiller culturel aux Arts de la scène de Genève.

Simon Koenig, responsable de la distribution de l’Agence suisse du court métrage, souligne lui la rentabilité de l’investissement dans ce genre. «Avec le million qui est accordé au court métrage, on peut financer 100 courts métrages contre seulement deux longs métrages.»

Si la Confédération renonçait à encourager le court métrage, elle ne remplirait en outre plus le mandat instauré par la nouvelle loi sur le cinéma (LCin).

Autrement dit «favoriser l’éclosion de films suisses qui contribuent sensiblement à la qualité et la diversité de l’offre cinématographique».

Le court métrage en chiffres

Le canton de Genève a quasiment doublé ses aides accordées au cinéma entre 2000 et 2001.

La part du court métrage était de 135 000 francs en 2001 sur un budget total de 215 000. 75 000 francs vont encore au fonds Regio, un fonds commun aux cantons et aux villes. 10 000 francs ont été attribués à la post-production.

La Ville de Genève augmente d’année en année les subventions accordées au court métrage. En 2003, elles pourraient passer à plus de 1 million de francs, si le législatif l’accepte.

La Ville de Zurich a attribué cette année 2,25 millions au cinéma en général. Le montant n’a pas été augmenté pour 2003. Entre cinq et six courts métrages sont financés par an, en dehors de la douzaine de films d’école.

swissinfo/Anne Rubin

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