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Les Suisses se mobilisent contre la guerre

Des milliers de manifestants se sont donné rendez-vous à Berne. swissinfo.ch

Entre 30 000 et 50 000 personnes ont défilé samedi à Berne pour dire leur opposition à la guerre en Irak.

La police a fait usage de canons à eau, de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc pour disperser des agitateurs.

Les Suisses ont une nouvelle fois exprimé leur refus de la guerre samedi, au troisième jour de l’offensive militaire américaine en Irak. Plus de 30 000 personnes selon la police – 50 000 selon les organisateurs – se sont massées sur la Place fédérale, à Berne.

La manifestation a débuté calmement. Toutefois, vers 16h00, la police a utilisé des canons à eau, des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour pouvoir disperser un groupe de jeunes gens cagoulés, dont certains activistes du «Bloc noir» de Zurich.

Le jeu des agitateurs

Suite à cette intervention, des manifestants ont reformé un cortège près de la gare et se sont dirigés vers les ambassades américaine et britannique. Tout au long du trajet, les jeunes gens ont sprayés des murs, endommagés des bâtiments en y lançant des pierres et malmenés des véhicules parqués. Les jeunes ont également lancé des pierres et des bouteilles contre les policiers.

Après la fin de la manifestation officielle, le jeu du chat et de la souris s’est poursuivi entre la police et des jeunes gens en ville. Ils se sont affrontés à la gare à coup de jets d’objets enflammés et de gaz lacrymogènes avant de rejoindre la Reitschule vers 18h30.

Au total, cinq personnes ont été arrêtées. Deux manifestants ont été légèrement blessés ainsi que deux policiers. Deux autres manifestants ont souffert de problèmes respiratoires. Les dégâts matériels n’ont pas encore été évalués.

Place aux discours

Quant au gros des manifestants, il est resté sur la place Fédérale pour suivre les discours des orateurs. Au nombre desquels figurait notamment Rita Schiavi, vice-présidente du SIB (syndicat Industrie et Bâtiment).

«Nous sommes en colère, mais pas découragés, a déclaré Mme Schiavi. C’est une guerre criminelle, sans aucune légitimité.»

«Nos protestations n’ont pas pu empêcher le déclenchement du conflit, a dit la syndicaliste. Mais elles ont éclairé le véritable enjeu de cette guerre.»

Et de conclure: «Il ne s’agit pas d’une guerre juste et propre, mais bel bien d’une démonstration de force destinée à garantir des intérêts économiques dans la région du Golfe».

Une coalition hétéroclite

La marche de protestation avait été convoquée par la coalition nationale contre la guerre, qui regroupe plus d’une centaine d’organisations de tous horizons.

Les organisateurs exigaient notamment la fin immédiate des hostilités, la levée de l’embargo contre l’Irak et l’arrêt du commerce d’armes avec les pays impliqués dans la guerre.

«Il faut que Berne rappelle ses ambassadeurs en poste aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne», a lancé Pepo Hofstetter, membre de la coalition nationale contre la guerre.

Et d’ajouter que les organisateurs du mouvement anti-guerre ont été surpris que le gouvernement helvétique n’adopte pas une position plus tranchée en ce qui concerne le commerce d’armes avec les belligérants.

Pour mémoire, c’est cette même coalition hétéroclite de partis politiques de gauche, de syndicats, d’œuvres d’entraide et d’associations qui avait déjà organisé la gigantesque manifestation nationale du 15 février.

Ce jour-là, à Berne, plus de 40 000 personnes avaient protesté pacifiquement contre la guerre en Irak. Cette manifestation est l’une des plus importantes que la capitale fédérale ait jamais connues.

Un mouvement mondial

La manifestation de samedi s’inscrit dans le cadre d’un mouvement mondial de protestation contre la guerre en Irak.

En effet, dans plusieurs autres capitales européennes, des centaines de milliers de personnes se sont rassemblées pour réitérer leur refus de la politique américaine.

Et des milliers de manifestants ont défilé en Asie aussi, notamment en Indonésie, le plus grand pays musulman du monde.

swissinfo et les agences

A Zurich, un millier de membres d’associations kurdes ont manifesté pour un Kurdistan indépendant et contre la guerre en Irak.

A Winterthur et à Coire, 700 personnes environ ont dit leur opposition à la guerre.

A Lugano, 2500 personnes ont également protesté.

Plus de 30 000 personnes selon la police – 50 000 selon les organisateurs – ont manifesté samedi à Bern.
Jeudi, des dizaines de milliers de collégiens et d’étudiants avaient également protesté contre la guerre en Irak.
Le 15 février, 40 000 pacifistes avaient défilé dans les rues de Berne.

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