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Paléo: le retour des géants

Vanessa Paradis, d'autant plus attendue que ses prestations scéniques sont rares. AFP

R.E.M., Manu Chao, Massive Attack, IAM, Bashung ou Vanessa Paradis pour les valeurs sûres, Mika, Justice, BB Brunes ou Yael Naïm pour celles qui montent...

En 2001, Manu Chao pulvérise le record d’affluence au pied de la Grande Scène (ainsi que celui du cachet payé à un artiste, dit-on à l’époque). Dix ans après la déferlante «Clandestino», l’ex-Mano Negra est de retour à Paléo. Et même si son dernier disque date d’une année et ressemble furieusement à un copier-coller des précédents, sa venue le mercredi annonce assurément une soirée festive.

R.E.M. par contre a une nouvelle galette à son actif, le bien nommé «Accelerate», salué par la critique comme ce qu’ils ont fait de mieux depuis quinze ans au moins. Et les Américains font partie des groupes que Paléo n’a pas eu besoin d’aller chercher, puisque c’est eux qui ont demandé à y revenir. Autant dire qu’ils sont prêts à tout donner, le dimanche en clôture du festival.

Autre tête d’affiche, même s’il y a 18 mois, son nom ne disait rien à personne: Mika. L’été dernier, la nouvelle diva du brit-pop aurait dû passer à St-Gall, le pendant alémanique du Paléo. Empêché par une maladie, il a conquis en octobre la patinoire de Winterthour (swissinfo y était) et ce mardi, il risque bien de mettre le feu à la Plaine de l’Asse.

French touch… of class

Comme chaque année, Paléo fait également la part belle à la chanson française, toutes tribus confondues.

Ceux qui n’ont jamais compris pourquoi le public (et la critique) s’enflamment depuis 25 ans pour Etienne Daho, son filet de voix et ses allures de dandy, pourront peut-être enfin percer le mystère. Il sera samedi sur la Grande Scène, entre K, un petit Suisse qui monte et l’impeccable icône pop Vanessa Paradis, Madame Johnny Depp à la ville.

Et entre Daho et Paradis, le Chapiteau devrait vibrer aux accents rauques, aux mélodies telluriques et aux climats crépusculaires d’un Alain Bashung que l’on dit en pleine forme malgré sa lutte contre le crabe qui s’attaque à ses poumons.

Et ce n’est pas tout: Paléo cette année accueille encore Thomas Dutronc, depuis longtemps bien plus que «le fils de… », avec sa gouaille et sa virtuosité de guitariste de jazz manouche, IAM, monument encore vert du rap français ou BB Brunes, les ados parisiens et leur rock «candide et énervé», à la fois «classique et neuf»… comme disent déjà les encyclopédies.

Sans oublier Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade, qui même s’il dit aujourd’hui que sa musique n’est pas du pur slam, a quand même réussi à faire connaître cette poésie urbaine aux foules. Il y a deux ans, le Club Tent débordait déjà des gens venus l’entendre. Cette fois, ce sera directement la Grande Scène.

On en oublie quand même ? Forcément, au Paléo, on en oublie toujours, à commencer par tous ceux que l’on n’aura pas le temps de voir.

Mais tout de même, sachez qu’il y aura aussi Ben Harper, qui avait déjà enregistré ici une partie de son album «live», le duo français Justice, digne héritier de Daft Punk, Massive Attack, le gang de Bristol et ses ambiances cotonneuses et envoûtantes ou la belle Yael Naïm, avec sa «New Soul» carrément entêtante…

Et bien sûr, il y a tous ceux dont personne ne vous aura parlé et qui sauront vous accrocher simplement avec une mélodie, un rythme, une présence, une énergie, avant de vous conquérir. Par exemple au Village du Monde, habillé cette année des couleurs du Brésil.

Un piratage pour rien

Comme d’habitude, les billets de cette 33e édition se sont vendus en quelques heures. Le succès du festival est tel que les gens semblent acheter leur sésame sans trop se soucier de qui est à l’affiche. Car Paléo, c’est d’abord une ambiance.

Il n’empêche, tout le monde aime bien savoir avant tout le monde, et depuis trois ans, le programme fait l’objet de fuites. Si celles de 2006 et 2007 étaient authentiques, cette année, on a vu apparaître un programme entièrement faux…

Enfin, entièrement falsifié plutôt, parce que certains des artistes annoncés seront quand même là. L’auteur de ce canular: un jeune homme de 18 ans, qui s’est dénoncé spontanément en voyant l’ampleur prise par l’affaire.

Pas de quoi affoler outre mesure la direction du festival, qui a quand même dû remettre les pendules à l’heure. Les habitués d’Internet ont alors remarqué que ce faux programme – plausible parce que basé sur les dates de tournée des principaux artistes – n’avait abusé personne sur la toile, qui serait dès lors moins candide que les médias traditionnels.

Là où les choses se sont gâtées en revanche, c’est lorsque des petits malins se sont mis à vendre des faux billets pour un concert de Léonard Cohen au Paléo, alors qu’il ne sera qu’à Montreux. Du gag d’un ado qui veut épater ses copains (et copines) à un trafic organisé, on ne joue plus dans la même catégorie. Et là, le festival s’est fâché. Sans pouvoir à ce jour identifier les malfrats.

swissinfo, Marc-André Miserez

Depuis des années, Paléo se tient à guichets fermés.
Toutefois, 1000 billets par soirée seront mis en vente le jour même, dès 09h00, sur www.paleo.ch, (billets imprimables à domicile), ainsi qu’auprès des points de vente Ticketcorner.
Aucun billet n’est vendu sur place.

Paléo s’est longtemps tenu au plafond de 100’000 francs pour une tête d’affiche. Mais désormais, la somme s’énonce en euros (près de 160’000 francs). Paléo n’en refuse pas moins toujours de débourser plus d’un demi-million par soir pour les cachets, ce qui maintient leur coût total à trois millions sur l’ensemble du festival (pour un budget total de 19 millions).

Ainsi, les programmateurs ont refusé de débourser un million pour s’offrir Metallica, considérant que «cela aurait créé un précédent négatif». Idem pour Michel Polnareff, qui ne demandait pourtant «que» 400’000 euros.

… eh bien non. Le premier grand festival de musique en plein air – invention de l’ère hippie – a eu lieu à Monterey, Californie, en juin 1967, au début du ‘summer of love’.

La même année, Montreux organise son premier Jazz Festival, qui mérite alors strictement son nom. Mais la station de la Riviera a déjà connu ses ‘concerts pop’ au Casino… dont l’incendie – faut-il le rappeler ? – inspirera ‘Smoke on the Water’ à Deep Purple.

En 1976 et 77 naissent coup sur coup le Paléo (d’abord Festival folk de Nyon, en salle la première année), le Gurten et l’Open Air de St-Gall.

Dès lors, les pionniers ne feront que croître et embellir (malgré une éclipse pour le Gurten) et des dizaines d’autres viendront enrichir l’offre. Certains ont vécu et sont morts, mais dans l’ensemble, les Suisses restent des enfants super-gâtés côté festivals.

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