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Patti Smith plus vraie que vraie

Patti Smith I, 1978, huile de Franz Gertsch 242 x 345 cm. Kunstmuseum Munich

Le Museum Franz Gertsch, à Berthoud (Burgdorf), expose les toiles que l’artiste hyperréaliste bernois a consacrées à la chanteuse américaine.

Plongée dans les seventies grâce à une icône sombre et sulfureuse.

Le mot «popstar», aujourd’hui, en suscite d’autres: paillettes, vedettes-kleenex, variété formatée, chanteurs ‘mignons’ et chanteuses dont le talent est souvent inversement proportionnel à leurs avantages mammaires.

Dans les années 70, une «popstar» pouvait être dure, vêtue de noir, ne pas jouer d’une plastique de bimbo et devenir néanmoins une icône vivante.

Ce fut le cas de Patti Smith, physique de louve décharnée, voix hallucinée et répertoire lyrico-rebelle qui marqua profondément toute une génération, qu’on se souvienne de «Radio Ethiopia», de sa reprise de «Because the Night» (de Springsteen) ou de l’hymne rimbaldien «Frederick».

On associe en général le visage de Patti Smith aux photographies qu’en fit Robert Mapplethorpe, qui fut son compagnon. Mais un autre homme s’est passionné dans le fait de saisir ce personnage trouble: le peintre bernois Franz Gertsch.

Né en 1930 à Moringen, dans le Canton de Berne, l’artiste a approché l’hyperréalisme dès la fin des années 60. Et c’est le portrait qui va le retenir pendant pratiquement une décennie. Son cycle «Patti Smith» mettra d’ailleurs un terme à cette période.

Un visage, une situation

Franz Gertsch appréciait la musique et l’univers poétique de Patti Smith. Mais, frappé par une pochette d’album signée Mapplethorpe, c’est son visage qui l’a poussé à peindre la chanteuse.

Pourtant, sur ces toiles au format immense, ce n’est pas celui-ci qui prime. Dans «Patti Smith I», la rockeuse est même peinte de dos, accroupie devant son ampli, tripotant ses potentiomètres, dans un geste que les guitaristes connaissent bien.

Dans «Patti Smith II», la star est totalement décalée à gauche, laissant la majeure partie de la toile à un mur gris. Equilibrant l’ensemble, sur la droite, un pied de micro et un ampli évoquent le contexte de la scène tout en participant à la mythologie des seventies.

Les portraits de Franz Gertsch évoquent autant une situation qu’un individu. Et, dans leur imitation de la photographie, optent pour l’instantané, l’impression de l’instant volé, plutôt que pour l’image posée et mise en scène.

Au Museum Franz Gertsch, inauguré l’année passée à Berthoud, on peut voir jusqu’au 26 octobre quatre des cinq portraits géants consacrés à la chanteuse, car «Patti Smith IV» est exposé actuellement dans le cadre de la Biennale de Venise.

Ensuite, les cinq toiles, enfin réunies, partiront pour Munich où elles seront présentées du 26 novembre au 6 janvier 2004 ( Pinakothek der Moderne).

swissinfo, Bernard Léchot

-Le Museum Franz Gertsch, a Berthoud, a ouvert ses portes en 2002.

-Jusqu’au 26 octobre, on peut y voir quatre des cinq toiles que l’artiste hyperréaliste bernois a consacrées à la chanteuse américaine.

-Transformant des instantanés photographiques en vastes œuvres picturales, Franz Gertsch s’y intéresse autant au visage de Patti Smith qu’à la situation dans laquelle la musicienne est saisie.

-Patti Smith est née en 1946 à Chicago. Elle connaît un énorme succès dans les années 70 (les albums «Horses» en 1975, «Radio Ethiopia» en 1976, «Easter» en 1978, «Wave» en 1979). Son dernier disque, «Gung Ho», date de 2000.

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