
Le père de l’AVS est mort

L'ex-conseiller fédéral Hans Peter Tschudi, considéré comme le père de l'AVS vient de décéder à l'âge de 89 ans.
La Suisse perd ainsi l’un des ministres les plus populaires du 20e siècle, qui fut un travailleur infatigable au service de l’Etat social.
Hans Peter Tschudi a siégé au Conseil fédéral de 1960 à 1973, dirigeant durant ces quatorze années le Département de l’intérieur.
Le futur ministre naît le 22 octobre 1913 à Bâle. En 1936, il termine ses études effectuées entre sa ville natale et Paris avec en poche un doctorat en jurisprudence. La même année, il adhère au Parti socialiste.
En 1938, il est nommé chef de l’inspectorat des arts et métiers du canton de Bâle-Ville. Six ans plus tard, il entre au parlement de son canton, puis au gouvernement de Bâle-Ville en 1953.
Dès 1956, il siège également au Conseil des Etats, chambre haute du parlement fédéral.
Les débuts de la formule magique
Le Bâlois est élu au Conseil fédéral le 17 décembre 1959, en compagnie d’un autre socialiste, le Zurichois Willy Spüler. Le parlement préfère alors Hans Peter Tschudi à Walter Bringolf, président et candidat officiel de son parti.
Cette double élection socialiste marque le début de la fameuse «formule magique» encore en vigueur aujourd’hui au sein du gouvernement fédéral: deux radicaux, deux démocrates-chrétiens, deux socialistes et un démocrate du centre.
Durant ses quatorze années à la tête du ministère de l’intérieur, Hans Peter Tschudi se préoccupe essentiellement du renforcement de la protection sociale.
Il contribue à quatre révisions de l’Assurance vieillesse et survivants (AVS) et à l’introduction des Prestations complémentaires, servies aux personnes dont la retraite n’est pas suffisante.
Infatigable
Hans Peter Tschudi est également à l’origine du troisième pilier pour le financement de la retraite. Il a aussi contribué à l’article constitutionnel sur la protection de la nature et du patrimoine, ainsi qu’à la révision de la législation fédérale sur la protection des eaux.
Dans les années soixante, son Département fait construire les premières autoroutes du pays. Et en tant que ministre de la culture et de la formation, il encourage le cinéma et incite l’Etat à renforcer son soutien aux hautes écoles.
Hans Peter Tschudi avait la réputation d’être un travailleur infatigable. En quatorze ans de gouvernement, il a présenté 164 projets au parlement.
Sociable et modeste
Malgré le rythme qu’il s’imposait, Hans Peter Tschudi était un homme sociable et modeste. Ses qualités étaient reconnues bien au-delà des cercles de son parti. Ses deux brillantes élections à la présidence de la Confédération en 1965 et 1970 le démontrent clairement.
Hans Peter Tschudi quitte le Conseil fédéral en 1973 à l’âge de 60 ans. Il ne se retire pas pour autant de la vie active et poursuit son engagement social.
Il préside ainsi pendant 25 ans la fondation Pro Senectute. Et en 1992, en compagnie d’autres anciens ministres, il soutient encore l’adhésion de la Suisse à l’Espace économique européen.
«Au service de l’Etat social»
En 1993, 20 ans après avoir quitté le gouvernement, Hans Peter Tschudi publie sa biographie, intitulée «Au service de l’Etat social». Il y écrit notamment que l’homme est la cause des problèmes sociaux et que c’est donc à lui de tout mettre en oeuvre pour les résoudre.
Lundi matin, à l’heure d’annoncer son propre retrait du Conseil fédéral, sa camarade Ruth Dreifuss lui a rendu un chaleureux hommage.
swissinfo avec les agences

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