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Flavio Maspoli, acteur de son propre procès

Flavio Maspoli devrait connaître le verdict mercredi. Keystone

Le ténor de la Lega a fait une entrée remarquée lundi au Palais de justice de Lugano où il devait répondre des faillites de trois de ses sociétés.

Il a avoué ne pas être «un bon financier». Il a fait rire la présidente du tribunal correctionnel.

La silhouette allégée de quelques kilos mais toujours imposante, Flavio Maspoli était vêtu d’un costume sombre et d’une cravate fleurie.

Les premières paroles de la présidente Giovanna Roggero-Will l’ont sans doute ravi. Elle a, d’emblée, abandonné deux des accusations dont Flavio Maspoli devait répondre: celle de banqueroute simple et celle d’insolvabilité.

Car, elles sont tombées sous le coup de la prescription. Ces inculpations concernaient en effet la faillite, en 1996, de la société l’«Altra Notizia».

Passé au peigne fin

D’un point de vue pénal, la faillite du quotidien fondé par Flavio Maspoli n’entre donc plus en considération. Le tribunal l’a quand même passée au peigne fin. Car elle est déterminante pour les faillites des deux autres sociétés gérées par Flavio Maspoli.

Ces faillites valent au journaliste, cabarettiste et pianiste à ses heures, les accusations de banqueroute frauduleuse, gestion déloyale, omission de la comptabilité et faux dans les documents.

«Je ne suis pas un bon financier, je le reconnais», a dit Flavio Maspoli. En revanche ses dons d’acteur de théâtre sont indéniables. A plusieurs reprises, il a fait rire la présidente de la cour, Giovanna Roggero-Will.

En 1993, parce qu’il n’approuvait plus la ligne éditoriale agressive de l’hebdomadaire de la Lega Il Mattino qu’il dirigeait, Flavio Maspoli fondait le quotidien l’Altra Notizia.

L’entrée en scène de Karl Schweri

«J’étais persuadé que tout me réussirait, j’étais entré au Conseil national quelques mois après la fondation de la Lega et j’étais euphorique. Je me suis lancé sans avoir les garanties financières suffisantes», a déclaré le politicien.

Le journal est tout de suite déficitaire. Trois mois après son lancement, il accuse une perte de plus d’un million de francs. ET cela malgré l’entrée en scène du fondateur et patron du groupe Denner.

Karl Schweri verse en effet 500’000 francs dans les caisses de la société. Mais le quotidien met tout de même la clé sous le paillasson en avril 1995.

Le personnel réclame plusieurs mois d’arriérés de salaire. La faillite est déclarée un an plus tard. Le découvert est de deux millions de francs.

Mais Karl Schweri que Flavio Maspoli avait soutenu dans sa campagne anti-ONU en 1994 ne laisse pas tomber le Tessinois. Il l’incite à fonder, en janvier 1996, la société «Medeag», chargée des relations publiques et commerciales de Denner.

Mais «Medeag» sombre aussi rapidement qu’elle est apparue. Elle est mise en faillite avec un déficit de 260’000 francs. Pour ce deuxième cas, Flavio Maspoli répond de banqueroute frauduleuse.

Denner n’est pas étranger au «désastre financier»

Selon le procureur luganais Emanuele Stauffer, le conseiller national a détourné à des fins personnelles plus de 650’000 francs des caisses de la société.

La boucle est bouclée avec la troisième et dernière aventure financière du Flavio Maspoli. Constituée en août 1996, la société «Deag» qui s’occupe de l’achat de produits italiens pour Denner, sombre en l’espace de six mois. Elle doit cinq millions de francs à ses fournisseurs. Sa faillite vaut au prévenu l’accusation de gestion déloyale.

Denner n’est pas étranger à «ce désastre financier» comme l’a indiqué le prévenu. Le groupe avait assuré à la société des commandes qu’il n’a jamais honorées.

Pour le rôle qu’il a joué dans cette affaire, Karl Schweri avait été accusé d’escroquerie. La procédure pénale a été abandonnée à sa mort survenue en mai 2001.

Lundi Flavio Maspoli a rejeté la responsabilité du krach de «Deag» sur les responsables du management de Denner: «ce sont eux et pas Karl Schweri qui tiraient les ficelles», lance-t-il.


Le conseiller national tessinois répond aussi d’omission de la comptabilité et de faux dans les documents pour avoir apposé une fausse signature sur trois chèques au porteur, d’une valeur de 100’000 francs l’un. Le jugement devrait être rendu mercredi.

swissinfo/Gemma d’Urso à Lugano

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