
L’avocat suisse d’Alfred Sirven espionné par la justice française

Maurice Harari, l'avocat genevois de l'ancien numéro deux d'Elf a été "pisté" par la juge parisienne Eva Joly en France et au Liban. Il s'agissait pour la justice de remonter jusqu'à Alfred Sirven, en fuite aux Philippines.
Les relations entre Eva Joly et les avocats ont toujours été exécrables. En janvier 1999, la juge d’instruction, en charge du dossier Elf, avait perquisitionné le cabinet d’Eric Turcon, avocat d’Alfred Sirven depuis 1996. Ce dernier déposait une plainte pénale, déclarée toutefois irrecevable par la Cour de cassation.
Le 30 mai dernier, Eric Turcon a une nouvelle fois dénoncé les « atteintes aux droits de la défense et à l’exercice de la profession d’avocat ». Motif? Une « demande de renseignement très urgente » le concernant, adressée par la brigade financière à l’antenne suisse d’Interpol. La plainte de l’avocat français risque cette fois d’être appuyée par celle d’un confrère suisse, Maurice Harari, également avocat d’Alfred Sirven.
Maurice Harari aurait été espionné par la justice française lors de séjours dans un hôtel parisien entre 1997 et 2000 et pendant un voyage au Liban il y a deux ans. A cette époque, une fausse rumeur situait la « planque » d’Alfred Sirven dans ce pays du Moyen Orient. L’avocat suisse était également soupçonné d’avoir commandé des bouteilles de Chinon, le vin préféré d’Alfred Sirven!
« Cette une énormité qui met en péril notre profession », a aussitôt déploré Pierre de Preux, le bâtonnier de Genève, dans le quotidien parisien Le Figaro, tandis que Maurice Harari, ancien juge d’instruction, parle de pratique « intolérable et indigne ». En effet, a-t-on le droit d’espionner un avocat pour tenter de retrouver un fugitif?
Contrairement à Eric Turcon, Maurice Harari n’avait jusqu’à présent jamais reconnu être le défenseur d’Alfred Sirven. Il a pris la succession de Dominique Poncet en 1998 lorsque ce dernier est devenu l’avocat d’Omar Bongo, président du Gabon, autre acteur de l’affaire Elf.
Ian Hamel

En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.