
L’OSCE fait l’inventaire de l’horreur au Kosovo
L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe a publié, ce lundi à Pristina, deux rapports sur les violations des droits de l’homme au Kosovo, auxquels la Suisse a activement participé. L’OSCE accuse les Serbes. Mais aussi les Kosovars.
L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe a publié, ce lundi à Pristina, deux rapports sur les violations des droits de l’homme au Kosovo, auxquels la Suisse a activement participé. L’OSCE accuse les Serbes. Mais aussi les Kosovars.
La Suisse, en tant que membre de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a largement contribué au financement de ces deux rapports. Ses représentants ont, en outre, participé à l’enquête et à la rédaction des deux rapports. Inventaire terrifiant des exactions visant surtout les civils, l’enquête de l’OSCE met à mal deux idées reçues. Dans le premier rapport d’abord, il ressort que les atrocités serbes contre les Albanais ne se sont généralisées qu’après le début de la campagne de bombardement de l’OTAN le 24 mars dernier. Ensuite, les experts affirment dans le second rapport que des violations des droits de l’homme ont été commises par des Kosovars, après la guerre. Elles sont le résultat de représailles spontanées d’une population, meurtrie, qui rentre dans ses villages et qui se venge contre les Serbes et les Roms.
«Kosovo, choses vues et témoignages». C’est le titre du principal rapport de l’organisation internationale, fruit de neuf mois d’enquête menée juste avant, puis pendant les 78 jours de bombardement de l’OTAN contre la Yougoslavie. Sur plus de 400 pages, les experts de l’OSCE détaillent l’horreur dont ont été victimes de jeunes kosovars en âge de se battre, des femmes et des enfants. Pour l’OSCE, les exactions serbes ne résultent pas de bavures. Elles font bel et bien partie d’un plan, d’un schéma directeur visant à terroriser la population albanaise.
L’ambassadeur de Suisse Gérard Stoudmann (à gauche) a déclaré, lundi, dans les colonnes du quotidien «Le Temps» que l’OSCE n’avait aucun agenda politique. En dénonçant les vrais responsables on évite, en particulier au Kosovo, l’idée d’une responsabilité collective du peuple serbe. Pour le directeur du Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme (BIDDH) de l’OSCE , les experts ont en effet établi une différence de comportement entre les diverses unités armées serbes. «On constate, dit-il, que l’armée régulière serbe n’est pas le principal auteur des violations». L’entière responsabilité incombe au régime politique actuel.
Un constat: le mot de génocide ne figure pas dans le rapport de l’OSCE. Il revient à Carla Del Ponte, en tant que procureur du Tribunal pénal international, de déterminer si le contenu du rapport tombe sous sa juridiction.
Jugurtha Aït-Ahmed

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