
Une Suissesse chargée de poursuivre les criminels de guerre en ex-Yougoslavie
Le nouveau procureur en chef du TPI et du TPR s’appelle Carla Del Ponte. C’est notamment grâce à ses interventions musclées contre l’utilisation du secret bancaire suisse qu’elle s'est faite une réputation internationale.
Le nouveau procureur en chef du TPI et du TPR s’appelle Carla Del Ponte. C’est notamment grâce à ses interventions musclées contre l’utilisation du secret bancaire suisse qu’elle s’est faite une réputation internationale.
Réputée pour sa ténacité, Madame Del Ponte, qui a été nommée à l’unanimité il y a un mois par le Conseil de sécurité de l’ONU, entame ses nouvelles fonctions sous les meilleures auspices. Elle est, cependant, controversée en Suisse où certains lui reprochent de manquer de rigueur et de cohérence et de ne pas très bien savoir mener ses interrogatoires. Cela n’enlèverait rien à ses mérites et il faudrait notamment se féliciter du fait que, grâce à elle, les méthodes de la mafia sont aujourd’hui mieux comprises. Et le rôle de la Suisse dans la lutte contre la criminalité internationale mieux reconnu. Mais on ne peut nier que la ténacité de Carla Del Ponte est parfois synonyme d’obstination. Et que son efficacité est limitée.
A noter que ces critiques, émises par la presse et parfois, sous couvert d’anonymat, par des personnes ayant travaillé avec l’intéressée, sont compensées par des témoignages louangeurs de collègues étrangers, italiens, russes et américains notamment.
Cela dit, on ne peut pas ne pas s’étonner de la facilité et de la rapidité avec lesquelles Madame Del Ponte a été nommée, ni du soutien massif que les Etats-Unis lui ont apporté. En effet, Madame Del Ponte n’est pas vraiment réputée pour ses connaissances d’anglais et de droit international. Et la Suisse, qui n’est pas membre de l’ONU, n’a pas que des amis dans cette organisation. Il est vrai que, pendant la crise du Kosovo, la Suisse s’est légèrement distanciée des positions de l’OTAN, ce qui a évidemment réduit le risque d’un éventuel veto russe ou chinois.
Mais le Tages-Anzeiger avance, lui, une autre explication. Extravagante à première vue, celle-ci mérite cependant d’être signalée. Selon le grand quotidien zurichois, les Etats-Unis – adversaires de toujours d’organes juridiques universels forts auxquels ils pourraient un jour avoir à se soumettre – auraient en l’occurrence favorisé la candidature d’une personne certes relativement prestigieuse mais aussi relativement inoffensive.
Michel Walter

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