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Vanessa Paradis ajoute son grain de sel à Montreux

Vanessa Paradis face à un public à fleur de peau samedi à Montreux. Montreux Jazz Festival © Lionel Flusin

Première dans sa déjà longue carrière, l’ex-Lolita de la chanson française était au Montreux Jazz Festival samedi, en configuration acoustique. Un très joli concert offert par Vanessa Paradis et ses amis musiciens devant un public conquis d’avance.

«C’est très intime, il y a moins d’artifices, on entend le moindre souffle, les chansons sont mises à nu et apparaissent de manière beaucoup plus naturelle. On oublie le spectacle, les chansons sont seules en avant», a-t-elle déclaré à la presse.

Les chansons et, surtout, Vanessa avec les chansons. On attendait ce concert avec un mélange de curiosité et une question: pourquoi Vanessa? Quelle magie la maintient-elle au haut de l’affiche? Talent espiègle, mystère et bulle de timidité, mais cette réponse reste une hypothèse.

Vanessa fait mine de s’étonner elle-même que tout ce public la suive, bientôt vingt-cinq ans après ses débuts. Elle, une fille si normale. Sauf que non. Pas si normale. Et pas seulement en raison de l’ombre portée de Johnny Depp. Non, cette fille a un talent réel pour se faire aimer, sans brusquer, à voix presque chuchotée, d’un remerciement fragile, d’un sourire sensible.

L’occasion du pas de travers

Après la grande tournée d’il y a trois ans à partir de son album Divinidylle, Vanessa est repartie sur les routes cette année. Et l’occasion d’un best of, l’hiver dernier, a été celle du pas de travers.

Un concert en acoustique donc, puis toute une série, durant cet été paradisiaque. La relecture d’un répertoire où se croisent Gainsbourg, Roda-Gil, Bashung et beaucoup d’autres, en vingt-trois chansons sur des arrangements signés Albain de la Simone, aux claviers et à la basse, aux côtés de sept autres musiciens excellents.

Ne pas évoquer ces arrangements, gracieux et mesurés, mais pleins de fantaisie aussi, serait cacher la vraie force du concert de samedi. C’est eux qui lui ont donné son relief. Cette relecture des chansons de Vanessa leur offrent une zeste d’intemporalité. Les instruments acoustiques ajoutent du sel au sucré.

Les cordes du quatuor au début, une lumière bleutée, Vanessa est arrivée, veste rouge à paillettes sur marcel noir, jeans, hauts talons. Délire dans la salle. Souvent au cours des deux heures suivantes, on aura entendu crier: «Vanessa, on t’aime!»

Une pluie de petites étoiles

Sur la scène soulignée de petites lumières évoquant des bougies, Vanessa, d’abord sur une chaise de bar, plus tard le corps en méandres, a chanté «Pourtant». Là où elle assure de sa voix quasi enfantine que «tu n’y vois que du feu»…

Puis au cours de la pluie de petites étoiles qui ont suivi, on a notamment entendu «Que fait la vie», très pop de chambre, «Sacarabé», nocturne, «Dans mon café», joyeusement bluesy, «Dis lui toi que je t’aime», très folk music.

Vanessa, fine et légère, a chanté «Jackadi» seule, s’accompagnant à la guitare sèche. Parmi les relectures particulièrement réussies: «Sunday Mondays», avec flûte à bec et mandoline et l’inévitable «Joe le Taxi» chanté à mi-voix, lesté de mystère.

«Le temps de l’amour», aussi, en version danse trouble et poussiéreuse, ou encore un «Be my baby» que n’aurait pas renié Ennio Morricone, avec banjo, chœur et le sifflet du gringo.

Après quatre titres en rappel, qui a été l’occasion pour la salle d’entonner «Tandem», Vanessa est revenue une dernière fois chanter «Il y a», le tube signé Gaëtan Roussel.

«Il y a là les bordures
Les distances, ton allure
Quand tu marches juste devant»

Vanessa est passée, reste un parfum.

Un Anglais nommé Walsh

Sur la grande scène de Montreux, James Walsh, chanteur anglais de trente ans, avait le redoutable avantage de précéder la Française, avec sa guitare sèche, son piano.

Délaissant son groupe Starsailor, un set en solo, manière de se rapprocher de ses maîtres, Neil Young, Tim Buckley, Nick Drake.

Une voix entre Bowie et Bono, souvent tendue, des phrases ponctuées d’un vibrato léger, Walsh a chanté la difficulté d’être, les amours malheureuses ou contrariées.

Trois chansons au piano, une dizaine à la six cordes maîtrisée haut la main, l’Anglais s’est rangé du côté Liverpool, question foot s’entend, puisqu’il a aussi interprété avec fougue un titre des Stones. Question de jouerie.

Pierre-François Besson, Montreux, swisisnfo.ch

Débuts. La Française nait en 1972. Enfant, on la voit sur les plateaux où tourne son oncle Didier Pain, elle aime la comédie musicale, apprend la danse et un peu le piano. A neuf ans, elle participe à l’Ecole des fans de Jacques Martin. Six ans plus tard, c’est l’explosion, la première place des hit parades avec «Joe le Taxi», qui obsède les radios de Francophonie et d’ailleurs.

Disques. Son premier disque sort en 1988 et s’intitule M&J, écrit par Roda-Gil et Franck Langolff. Suivront neuf albums, dont trois live et un best of, le dernier en date. Une production rare, et de belles collaborations: Gainsbourg, Lenny Kravitz, Bashung, M, Brigitte Fontaine, Thomas Fersen et, dernièrement, Gaëtan Roussel.

Cinéma. «Noce blanche», son premier film tourné aux côtés de Bruno Crémer en 1989 est un succès critique et public. Vanessa reçoit le prix Romy Schneider, elle est aussi la révélation féminine de l’année aux Césars 1990. Sorti en 2010, son neuvième film, «L’Arnacoeur», fait un tabac.

Mode. Longtemps l’égérie du parfum Coco, elle poursuit sa longue collaboration avec la marque Chanel et représente aujourd’hui de nouvelles lignes de rouges à lèvres et de sacs. Elle a aussi défilé pour Castelbajac et été l’ambassadrice de la marque italienne Miu Miu.

Privé. Sa vie avec l’acteur américain Johnny Depp, avec lequel elle a deux enfants de onze et huit ans, émeut souvent les gazettes, même si elle conserve une discrétion relative sur sa vie privée.

Plus de deux semaines. Le 44ème MJF se tient du 1er au 17 juillet.

Partout! Outre les concerts payants donnés dans les deux salles principales du festival (Auditorium Stravinsky et Miles Davis Hall), de nombreuses spectacles et animations complètent le menu, dont les multiples concerts gratuits, les croisières musicales sur le Léman, les workshops instrumentaux, les concours.

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