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Michel Noir est rattrapé par la justice

L'ancien maire de Lyon est enfin renvoyé devant un tribunal correctionnel français pour l'affaire «des comptes suisses».

En 1986, la droite revient au pouvoir en France. Jacques Chirac, Premier ministre, offre à Michel Noir, député de Lyon, le poste de ministre chargé du commerce extérieur. Ce dernier, qui croit à sa bonne étoile, demande à son gendre de collecter des fonds «nécessaires à son ascension politique».

Son gendre s’appelle Pierre Botton. Il ouvre des comptes à Genève à la Société de banque suisse (SBS) et à la Banque de l’Union Européenne (BUE) aux noms de «Belette Agencies» et de «Toves Management».

A trois reprises, en décembre 1986, janvier 1987 et avril 1987, les comptes sont alimentés par des sociétés de travaux publics. Normalement, cette affaire est du ressort dans l’Hexagone de la Cour de justice de la République.

Elle est la seule compétente pour juger les crimes et délits commis par un ministre dans l’exercice de ses fonctions. Michel Noir était au gouvernement de mai 1986 à avril 1988. Mais c’est une spécificité française (on l’a vu également dans l’affaire Elf), cette Cour de justice préfère fermer les yeux, et rend en 1999 un arrêt d’incompétence.

Le marché du périphérique de Lyon

Seulement voilà, les versements sur les comptes suisses se sont poursuivis jusqu’en 1992 pour 2,7 millions de francs suisses. Les donateurs? Les sociétés Bouygues, Dumez et la Compagnie de construction mécanique Sulzer France.

Est-ce un hasard? en 1989 Michel Noir enlève la mairie de Lyon, la deuxième ville de France. Quelques mois après son élection, Bouygues et Dumez obtiennent le contrat de concession du périphérique nord de Lyon, baptisé TEO, un marché de 1,5 milliard de francs suisses.

Pierre Botton, qui est aujourd’hui fâché avec son beau-père, a reconnu l’existence des comptes suisses. Il venait chercher l’argent en liquide et camouflait les billets dans la trousse à pharmacie de sa Mercedes. Son nom de code pour se présenter au guichet des banques genevoises: «Cigalon».

Les aveux du PDG de Bouygues

Michel Noir a évité la Cour de justice de la République, mais pas la justice de Monsieur Tout le Monde. Le quotidien Le Monde vient de révéler que Noëlle Cousinier, juge d’instruction à Lyon, a ordonné son renvoi devant le tribunal correctionnel.

Il est inculpé de «recel d’abus de biens sociaux», ainsi que son Gendre. Les PDG des sociétés qui s’étaient montrées généreuses, et notamment Martin Bouygues, le PDG du groupe Bouygues, les accompagneront sur le banc des accusés. Martin Bouygues a notamment avoué le versement de 570 000 francs suisses sur le compte «Belette».

En France, l’«abus de bien social» correspond à peu près à la «gestion déloyale» dans le droit suisse. La lenteur de la justice n’est pas un vain mot: le premier versement vers les comptes suisses remonte au 22 décembre 1986, et nous sommes en mai 2002.

swissinfo/Ian Hamel

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