Un quartier traditionnellement en mouvement

La Langstrasse a toujours été un quartier de «plaisirs». Emigrés et marginaux de toutes sortes s'y sont longtemps côtoyés sans s'agresser.

Aujourd’hui, les équilibres multiculturels sont rompus.

Vers le milieu du siècle dernier, les magasins de la Langstrasse attiraient du monde de toute la ville. «La Langstrasse réalisait le deuxième chiffre d’affaires après la Bahnhofstrasse», rappelle Rolf Vieli, chef du projet «Langstrasse Plus».

Preuve de sa notoriété: le quartier a reçu beaucoup de surnoms, depuis, précisément, «Bahnhofstrasse des petites gens» à «Spaghetti-Allee» ou «Broadway des ouvriers».

Les familles sont parties

La prostitution y a toujours été présente, mais le Niederdorf, quartier de la vieille ville, comptera longtemps davantage de lampions rouges. A la Langstrasse, la prostitution a pris de l’ampleur dans les années 60.

Mais le choc pétrolier et la récession ont font partir la main d’œuvre étrangère. Les appartements libérés ont alors accueilli non seulement les prostituées chassées du Niederdorf et des bords du lac, mais aussi des requérants d’asile, des marginaux.

Les équilibres multiculturels, déjà précaires, se sont mis à vaciller encore plus.

La fermeture du Letten en février 1995 a accéléré le mouvement. Tandis que, de l’autre côté des voies de chemin de fer, le Kreis 5 se battait pour ouvrir cafés et magasins branchés, le Kreis 4 s’est laissé envahir par la drogue et la prostitution.

Les familles sont parties. La libéralisation des cafés a aussi entraîné de nouvelles nuisances: plus de bars, plus de bruits, plus de voitures. La marmite menace à tout moment d’exploser.

swissinfo, Ariane Gigon Bormann, Zurich.