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L’ONU discute de l’intelligence artificielle au service du bien

Les robots dotés d'intelligence artificielle seront peut-être les infirmiers, les enseignants ou les partenaires de demain (image symbolique). KEYSTONE/EPA/RITCHIE B. TONGO sda-ats

(Keystone-ATS) L’intelligence artificielle entre de plus en plus dans le quotidien des êtres humains. Si la technologie apporte une réponse aux besoins en matière de soins, d’éducation, de transports ou de lutte contre la pauvreté, elle doit aussi être cadré pour éviter les dérives.

Pour en discuter, l’Union internationale des télécommunications (UIT) réunit durant trois jours à Genève des représentants d’institutions des Nations Unies et des autorités, des chercheurs, des industriels et autres représentants de la société civile. Le Sommet mondial sur l’intelligence artificielle au service du bien social s’interroge sur les conséquences des avancées de la technologie et les moyens de la développer de manière responsable.

L’intelligence artificielle (IA) peut accélérer le progrès pour tous, a déclaré mercredi le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres dans une intervention en ouverture de la manifestation. Mais son développement doit se faire dans la dignité, la paix et la prospérité, a-t-il ajouté.

Inégalités à éviter

Prenant l’exemple des soins, Margaret Chan, directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a reconnu le potentiel de l’IA, tout en voulant rester prudente. Son développement ne doit pas exacerber les inégalités, a-t-elle dit. Actuellement, la technologie est avant tout utilisée dans les pays riches. Il faut en élargir les champs d’action.

Il n’en reste pas moins que dans le domaine de la santé, le personnel est déjà surchargé. Il faudra 40 millions de nouveaux travailleurs de la santé d’ici à 2030 dans les pays riches, a rappelé Mme Chan. Le recours à l’intelligence artificielle, dans les diagnostics ou les soins serait une solution.

Pour Jürgen Schmidhuber, directeur du Laboratoire suisse de l’intelligence artificielle (IDSIA), les robots sont appelés à devenir “nos professeurs et nos docteurs”. “Un nouveau genre de vie est en train d’émerger, ils ne font plus seulement de l’imitation. Ils agissent d’eux-mêmes, ce dont il faut tenir compte”, selon lui.

Un constat que tire également Peter Lee, responsable de la recherche et de l’IA chez Microsoft, en tentant de dédiaboliser l’IA. L’intelligence artificielle peut servir à l’apprentissage et les enfants d’aujourd’hui doivent en profiter. Il ne faut pas en avoir peur, a-t-il affirmé.

La conduite autonome par des machines, par exemple, peut améliorer la vie de manière significative, a renchéri le patron du constructeur automobile allemand Audi, Rupert Stadler.

Armes problématiques

Mais l’intelligence artificielle n’est pas toujours utilisée à bon escient. Ainsi, il n’existe pas de barrière à la création d’algorithmes installés sur des armes autonomes, a relevé Izumi Nakamitsu, sous-secrétaire générale et haute représentante pour les affaires de désarmement de l’ONU. Rien ne peut les arrêter et les innovations technologiques ne se préoccupent pas de la protection des civils.

Il n’existe actuellement aucune règle au sein de l’ONU ou ailleurs pour limiter ce type d’armes. Ces instances doivent dialoguer avec la société civile et le secteur privé qui développe ces systèmes léthaux autonomes pour contrer les conséquences négatives de l’intelligence artificielle, a estimé Mme Nakamitsu. “Nous vivons les prémices d’une technologie à usage double.”

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