
A Barcelone, Henry Dunant occupe les sommets

Perché sur la colline de Monjuic au sud-ouest de la capitale catalane, le Musée militaire abrite une exposition consacrée au fondateur de la Croix-Rouge. Henry Dunant surplombe ainsi Barcelone et son œuvre s’ouvre sur le large.
Il faut grimper très haut pour accéder à Henry Dunant. Au sommet de la colline de Monjuic, se trouve la forteresse du même nom qui abrite le Musée militaire de Barcelone. C’est là, dans trois des salles du musée, que se tient l’exposition «Henry Dunant, Primer Nobel de la Paz» (Henry Dunant, Premier Nobel de la Paix).
On y arrive donc le souffle coupé. Coupé par la montée raide et par la vue qui s’offre: la mer, le large et l’ouverture sur le monde. Y voir un signe avant coureur de l’hommage rendu, au fil de cette exposition, à celui qui donna à la Croix Rouge un horizon illimité.
Fondée il y a environ 150 ans, la Croix-Rouge a depuis essaimé. Elle a donné naissance au Croissant Rouge et aujourd’hui à un Carré Rouge, symbole neutre d’une paix qui préfère éviter tout signe distinctif religieux. Croix, croissant et carré flottent côte à côte dans l’exposition.
Mais peu importe la bannière, ce qui compte c’est son créateur: Henry Dunant vu comme celui qui réconcilie les peuples. Tout le monde connaît le mouvement international du Genevois, mais tout le monde ne sait pas qu’il en est le fondateur.
C’est ce qui a décidé Carmen Fusté, Présidente de l’Association des amis du Castell de Montjuic (Forteresse de Montjuic), à mettre sur pied cette exposition qui devait se tenir l’an passé à l’occasion du 150e anniversaire de la bataille de Solférino et qui fut reportée, pour des raisons administratives, à cet été.
«Ici en Espagne, Henry Dunant n’est pas une vedette comme en Suisse ou même en France, confie donc Carmen Fusté. Vous serez étonné si je vous disais qu’il est méconnu par nos employés de la Croix Rouge, voire même par nos autorités publiques». Raison pour laquelle Carmen Fusté dit vouloir œuvrer afin que la mémoire de Dunant reste vivante au-delà de cette exposition – qui se tient jusqu’au 31 août.
Pour une salle permanente
«Si nous parvenons à obtenir une prolongation jusqu’au 30 octobre, ce serait bien, poursuit-elle. Nous aurons ainsi un plus grand public d’étudiants. Mais ce que je souhaite par-dessus tout, c’est consacrer de façon permanente une salle à Henry Dunant, ici, au cœur du Musée militaire où le gouvernement espagnol entend créer un centre international de la paix».
En attendant la réalisation de ce vœu, visite donc de l’exposition qui commence par une idée originale: un tableau mural en papier (un livre d’or en quelque sorte) pour recueillir les remarques des visiteurs. On y lit des éloges et des critiques. Parmi elles, celle-ci: «Barak Obama n’a rien fait pour mériter le Prix Nobel de la Paix».
Lorsque l’exposition prendra fin, le tableau en question sera découpé en plusieurs parties. Chacune d’elle ira à un pays du monde: Arménie, Chine, Egypte, France, Hollande… Entendez, à tous les pays qui ont participé à cette exposition en envoyant, chacun, une copie dans leur langue respective du célèbre livre de Dunant «Un souvenir de Solférino».
Henry Dunant l’avait écrit et publié en 1862, à la suite de sa visite à Solférino (Italie), alors en pleine bataille. Le livre eut un grand retentissement en Europe, et Solférino conduisit à la création de la Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre, dont la Charte fut proposée par Dunant.
L’étendue de l’action humanitaire
Ce que souligne l’exposition, qui réunit de nombreuses photos et accessoires (anciennes trousses médicales, armes et costumes d’époque, bannières, maquette de la bataille de Solférino réalisée par des enfants, calendrier commémoratif de ladite bataille…), c’est avant tout l’action humanitaire. Celle menée par Henry Dunant récompensé, en 1901, par le Prix Nobel de la Paix. Il fut le premier au monde à l’obtenir, suivi, en 1902, par Albert Gobat, lui aussi Suisse.
L’exposition dresse d’ailleurs la liste de tous les lauréats, depuis Dunant jusqu’à nos jours. «La Suisse est le pays qui a obtenu le plus grand nombre de Prix Nobel par rapport à son nombre d’habitants», affirme Johann Müller, Consul général adjoint de Suisse à Barcelone.
Présent sur les lieux le jour de notre visite, il nous explique que plusieurs des photos exposées ont été recueillies auprès de l’Armée suisse et du CICR, à Genève. Certaines montrent les dégâts des guerres menées aujourd’hui dans le monde. D’autres mettent l’accent sur l’étendue de l’action humanitaire. D’un côté on détruit, de l’autre on construit.
D’autres objets proviennent du Musée Henry Dunant à Heiden et du Musée de Solférino et San Martino. Car l’Italie participe également à cette exposition via son Consulat général à Barcelone.
Des sponsors privés suisses et espagnols s’y sont mis également. Une manière de saluer l’internationalité de Henry Dunant.
Ghania Adamo, swissinfo.ch, de retour de Barcelone
Henry Dunant, Primer Nobel de la Paz».
Exposition à voir au Musée militaire, Castell de Monjuic, Barcelone. Jusqu’au 31 août.
Possibilité de prolongation jusqu’au 30 octobre.
Humaniste et homme d’affaires suisse, né à Genève en 1828, dans une famille bourgeoise calviniste, et mort à Heiden en 1910.
En 1859, il se rend à Solférino (Italie) pour affaires et découvre les dégâts de la bataille qui s’y déroule.
A partir de cette expérience, il écrit un livre «Un souvenir de Solférino» qu’il publie en 1862.
Une année plus tard, il participe, à Genève, à la fondation du Comité international de secours aux militaires blessés, appelé, dès 1876, Comité international de la Croix-Rouge.
La première Convention de Genève est ratifiée en 1864 et se réfère largement à ses propositions.
En 1901, il obtient, avec Frédéric Passy, le premier Prix Nobel de la Paix, et est considéré comme le fondateur du mouvement de la Croix-Rouge internationale.

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