Affluence impressionnante pour saluer Chirac aux Invalides

(Keystone-ATS) Les Français ont afflué par milliers dimanche aux Invalides, à Paris, pour honorer la mémoire de leur ancien président, Jacques Chirac. Cet hommage populaire était organisé à la veille d’une cérémonie officielle en présence de nombreuses personnalités étrangères.
Cet hommage à celui qui fut une figure de la vie politique pendant quarante ans a commencé par une cérémonie inter-religieuse devant sa dépouille, en présence de la famille Chirac, mais sans son épouse Bernadette, trop affaiblie.
La foule a ensuite pu commencer à défiler devant le cercueil, exposé à l’entrée de la cathédrale Saint-Louis des Invalides. Recouvert du drapeau bleu-blanc-rouge, il avait été placé sous un portrait géant de l’ancien président et entre deux colonnes aux couleurs l’une du drapeau européen, l’autre du drapeau français.
« Vous nous manquez déjà »
À l’extérieur de l’hôtel militaire, qui abrite notamment le tombeau de Napoléon, dans le calme et le recueillement, la file d’attente, impressionnante, s’étendait en milieu d’après-midi sur des centaines et des centaines de mètres. Dans la foule, une pancarte « Adieu président, vous nous manquez déjà », des fleurs… Certains ont patienté depuis le matin, malgré les averses.
Ont défilé des militants, des politiques, mais aussi des citoyens de tous âges. La disparition à 86 ans de « Chichi », « l’humaniste » bon vivant et séducteur, a ému le pays qu’il a présidé durant douze ans (1995-2007) après avoir été maire de Paris entre 1977 et 1995.
Entre jeudi et samedi, environ 5000 personnes, parfois bien jeunes, se sont pressées pour signer des registres de condoléances au palais présidentiel de l’Élysée, exprimer leur « tendresse » et leur admiration pour l’homme qui avait lancé « Notre maison brûle » dès 2002 face à l’urgence climatique, dit non à la deuxième guerre d’Irak en 2003 ou reconnu la responsabilité de la France dans la déportation des juifs.
A égalité avec de Gaulle
Jacques Chirac, qui n’a jamais été aussi populaire qu’après son retrait de la vie politique, est désormais considéré par les Français comme le meilleur président de la Ve République (depuis 1958), à égalité avec Charles de Gaulle, selon un sondage Ifop publié dans le Journal du dimanche.
Beaucoup préfèrent passer sous silence le bilan mitigé de ses douze ans à la tête de l’État et les affaires judiciaires accolées au nom de celui qui fut en 2011 le premier ancien chef de l’État français condamné au pénal pour une affaire d’emplois fictifs à la mairie de Paris.
« Chirac, c’est entendu, n’était pas un ange. Ce bon vivant (…) a franchi bien des lignes jaunes – la conquête du pouvoir était à ce prix », commente le Journal du Dimanche qui rend aussi hommage au « Compagnon des Français » et à ses « vertus »: « la simplicité, la bravoure, la résistance et l’ambition – pour lui bien sûr mais aussi pour son pays ».
Deuil national
Lundi, journée de deuil national, les honneurs militaires seront rendus dans la cour d’honneur des Invalides, en présence du président Emmanuel Macron. Un service solennel présidé par ce dernier sera célébré à 12h00 en l’église Saint-Sulpice à Paris.
Une trentaine de chefs d’État et de gouvernement étrangers ont annoncé leur venue, parmi lesquels le président russe Vladimir Poutine, ses homologues italien Sergio Mattarella et congolais Denis Sassou Nguesso, le président allemand Frank-Walter Steinmeier, celui de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, les Premiers ministres belge Charles Michel, libanais Saad Hariri et hongrois Viktor Orban. Le conseiller fédéral Guy Parmelin représentera la Suisse.
En revanche le roi du Maroc Mohammed VI sera absent pour cause de maladie et sera représenté par le prince héritier Moulay El Hassan.
Doivent aussi être présents des dirigeants en place à l’époque de la présidence de Jacques Chirac: l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, l’ancien Premier ministre espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero, l’ancien président sénégalais Abdou Diouf.
La classe politique française devrait être largement représentée. Mais la chef de l’extrême droite Marine Le Pen, dont le père avait fait de Jacques Chirac un « ennemi », a renoncé à s’y rendre, après les réserves de la famille Chirac sur sa présence.
Jacques Chirac, au fil d’évolutions parfois sinueuses, a toujours affiché un rejet intransigeant de l’extrême droite.