Bombardements à Rafah, après la prise par Israël d’une zone tampon

(Keystone-ATS) Des tirs d’artillerie intenses et des bombardements ont frappé jeudi la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où l’armée israélienne a annoncé contrôler une zone tampon stratégique entre le territoire palestinien et l’Egypte.
En dépit de l’indignation internationale soulevée par un bombardement meurtrier dimanche d’un camp de déplacés à Rafah, l’armée israélienne poursuit ses frappes et son offensive terrestre dans la ville surpeuplée. L’opération a été lancée le 7 mai pour, selon elle, éliminer les derniers bataillons du Hamas.
Après avoir débuté des opérations dans l’est de la ville, elle a progressé vers l’ouest, entraînant l’exode en trois semaines d’environ un million de personnes, selon l’ONU, pour la plupart des déplacés à nouveau sur les routes vers des zones déjà surpeuplées du territoire assiégé.
50 cibles visées
L’armée a dit jeudi avoir visé la veille 50 cibles à travers la bande de Gaza. Des tirs d’artillerie ont eu lieu à Zeitoun, un quartier de la ville de Gaza, selon des journalistes de l’AFP. Toujours dans le nord, les forces israéliennes ont visé Beit Lahia et le camp de Jabalia, selon des témoins.
A Rafah, des témoins ont fait état de bombardements intenses par l’artillerie et de tirs dans le centre et l’ouest de la ville. Selon Israël, 300 combattants palestiniens ont été tués depuis le début des opérations terrestres dans la ville. Un journaliste de l’AFP a vu de nombreux Palestiniens fuir le secteur ouest de Rafah.
Le conseiller israélien à la sécurité nationale Tzachi Hanegbi a affirmé mercredi que la guerre pourrait se poursuivre « encore sept mois », afin d’atteindre l’objectif de détruire le mouvement islamiste palestinien, auteur de l’attaque du 7 octobre en Israël.
« Tuyau d’oxygène »
L’armée israélienne a annoncé mercredi soir avoir pris le contrôle « ces derniers jours » du couloir de Philadelphie, une zone tampon de 14 kilomètres de long qui borde la frontière égyptienne le long du sud de la bande de Gaza, près de Rafah.
« Le couloir de Philadelphie servait de tuyau d’oxygène au Hamas, par lequel il faisait transiter régulièrement des armes vers la bande de Gaza », a déclaré le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari.
« Infrastructure souterraine terroriste »
Il a ajouté que l’armée avait « découvert une infrastructure terroriste souterraine sophistiquée à l’est de Rafah d’une longueur d’un kilomètre et demi à une centaine de mètres du passage » entre l’Egypte et la bande de Gaza.
L’Egypte a démenti l’existence de tunnels sous la frontière, affirmant qu’Israël cherchait ainsi à justifier son offensive à Rafah.
Les deux pays se renvoient par ailleurs la responsabilité du blocage de l’acheminement de l’aide humanitaire par le poste-frontière de Rafah, seul point de passage entre le territoire et l’Egypte, depuis que l’armée israélienne en a pris le contrôle, du côté palestinien, début mai. Ce point de passage est crucial pour l’entrée de l’aide dont la population de Gaza a désespérément besoin.
« Accord global » sous condition
A Pékin pour un forum réunissant la Chine et des pays arabes, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a appelé jeudi à empêcher tout déplacement de Gazaouis « par la force ». Le président chinois Xi Jinping a quant à lui plaidé pour l’organisation d’une « conférence de paix élargie » pour mettre fin au conflit, affirmant que la justice ne devait « pas être absente pour toujours ».
Alors que les négociations indirectes menées par le Qatar, les Etats-Unis et l’Egypte sont au point mort, le Hamas a dit être disposé à parvenir à une trêve qui inclurait un « accord global sur un échange » d’otages et de prisonniers palestiniens, mais uniquement si Israël arrêtait ses bombardements. Israël a toujours refusé de mettre fin à son offensive tant que le Hamas ne serait pas vaincu.
Le Jihad islamique, second mouvement islamiste armé de Gaza allié du Hamas, a publié jeudi une vidéo d’un otage identifié par les médias israéliens comme étant Sacha Trupanov, un Israélo-russe de 28 ans, après de premières images diffusées mardi.
Elections exigées
En Israël, le parti de centre-droit de Benny Gantz, membre du cabinet de guerre, a déposé jeudi un projet de loi pour dissoudre le Parlement et tenir des élections anticipées. Le Likoud (droite), le parti de Benjamin Netanyahu, a répliqué qu’un tel scénario signifierait « une capitulation face aux pressions internationales et un coup fatal aux efforts visant à libérer nos otages ».