Aujourd’hui en Suisse
Chères lectrices, chers lecteurs,
Après un mois de présidence au Conseil de sécurité de l’ONU, quel bilan tirer de la prestation suisse? Difficile à dire, car l’importance de ce rôle est parfois surestimée (de même que la capacité de l’organe à agir). Il semble tout de même que la Suisse s’en est bien sortie et a pu prouver ses capacités en tant que «constructeur de ponts».
Bonne lecture,
La Suisse terminait mercredi son premier mois de présidence au Conseil de sécurité de l’ONU. L’occasion de faire le bilan.
D’après les sources new-yorkaises de la RTS, c’est mission réussie. Celles-ci parlent d’éloges envers la diplomatie suisse, qui a su, dans un contexte tendu, piloter avec finesse l’organe onusien responsable (en théorie) du maintien de la paix dans le monde. Un rôle principalement organisationnel, mais qui demande un fort engagement quotidien: négociations, préparations des séances, déclarations devant les médias, etc.
«J’ai partout dans le monde des réactions très favorables au fait que la Suisse soit un pays européen non-aligné, neutre», s’est félicité Ignazio Cassis, ministre des Affaires étrangères. Mardi encore, il présidait une rencontre difficile sur la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijia, contrôlée par la Russie. Elle s’est soldée par un rare consensus au sujet de l’Ukraine (Moscou est membre permanent du conseil).
Lors de plusieurs débats, la Suisse a pu porter haut le thème de la protection des civils. Un sujet toujours autant d’actualité alors que les populations civiles continuent de payer un lourd tribut dans les conflits: de l’Ukraine au Soudan. Berne prendra une seconde fois la tête du conseil en octobre 2024.
- Lire l’articleLien externe de la RTS
- Au Conseil de sécurité, la Suisse préside un rare moment de consensus sur l’UkraineLien externe (Le Temps, abonnement)
- Lire mon explicatif sur ce qu’implique la présidence du Conseil de sécurité
À Berne, le Parlement continuait jeudi sa session d’été. Au menu: le sujet brûlant de la réexportation des armes suisses.
Députés et sénateurs discutent d’une modification de la loi visant à limiter la «déclaration de non-réexportation» à cinq ans. Et ce seulement pour les pays «attachés aux valeurs» suisses. Pour que ces armes aillent dans un pays en guerre, celui-ci devrait être en position d’autodéfense. Concrètement, cette modification permettrait à un pays comme l’Allemagne d’envoyer des munitions suisses pour ses tanks en Ukraine.
Ce serait un changement de cap important pour la Suisse. Le droit international de la neutralité n’empêche pas un pays neutre d’exporter ses armes, mais la Suisse a par le passé préconisé le principe d’égalité de traitement. À savoir: soit tous les belligérants reçoivent des armes, soit aucun.
Jeudi toujours, les deux Chambres fédérales se sont finalement mises d’accord sur la définition du viol. Elle se base sur le principe du «non, c’est non» (le Conseil national préférait «seul un oui est un oui»), mais avec une mention de l’état de sidération. Une formulation qui permet de couvrir le non implicite.
- Une vidéo pour saisir les enjeux du droit et de la politique de neutralité
- Lire le texteLien externe en discussion
- Parlement: lire notre explicatif pour le comprendre
- Les Chambres se mettent d’accord sur la définition du viol (swissinfo via Keystone-ATS)
Travail.Suisse lance jeudi une «liste noire» des mauvais élèves en matière d’égalité salariale. Cela fâche l’Union patronale suisse.
Trois ans après la révision de la loi sur l’égalité salariale, la faîtière syndicaledresse un bilan négatif. Elle passe donc à l’étape suivante et lance une «liste noire» des entreprises qui n’ont pas effectué d’analyse salariale malgré l’obligation de le faire.
Le personnel suspectant son employeur de ne pas respecter la loi peut le signaler anonymement sur «respect8-3.ch». Travail.Suisse prendra alors contact avec l’entreprise pour vérifier si elle enfreint la loi ou refuse de fournir des renseignements. Selon les statistiques fédérales de 2020, la différence salariale non expliquée sur la carrière d’une femme s’élève à 420’000 en moyenne.
«En dressant une liste noire, Travail.Suisse s’arroge une prérogative qu’elle n’a pas. Elle outrepasse clairement ses compétences en voulant distinguer les vertueux des méchants», rétorque l’Union patronale suisse. Elle juge l’initiative inutile sur la base de récentes enquêtes montrant un niveau de respect élevé de la loi.
Et pour finir, une plongée en audio dans le terrorisme italien des années 1960-80 et ses circuits financiers passant par la Suisse.
L’attentat de la gare de Bologne de 1980 a coûté la vie à 85 personnes. C’est le plus meurtrier des «années de plomb» en Italie, durant lesquelles des tensions politiques extrêmes débouchent sur des actes de terrorisme.
L’explosion est revendiquée par un groupe néo-fasciste, mais son financement demeure incertain. L’un des suspects, Licio Gelli, dit «le marionnettiste», avait ses habitudes en Suisse et appréciait la discrétion de ses banques.
Mais qui était-il vraiment? Et qu’ont fait les justices suisses et italiennes pour faire la lumière sur l’attentat de Bologne? C’est sur ces questions qu’ont enquêté – des deux côtés de la frontière – les journalistes d’investigation Marie Maurisse et François Pilet.
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- Et pour celles et ceux qui l’ont manqué: le premier épisode
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