Aujourd’hui en Suisse
Bonjour à vous, Helvètes du monde,
La Suisse est prête à apporter son aide humanitaire aux victimes du terrible séisme survenu ce week-end au Maroc; il ne lui manque plus qu’une chose: le feu vert des autorités marocaines. Le point sur la catastrophe, vue de Suisse.
Je vous parle aussi d’un nouvel incident au Gothard, d’un camouflet pour les grands projets photovoltaïques en Valais, et je vous propose une plongée dans les archives nationales à l’occasion des 50 ans du coup d’Etat militaire au Chili.
Excellente lecture,
Après le séisme dévastateur au Maroc, qui a fait près de 2500 victimes selon un bilan encore susceptible de s’alourdir, la Suisse a proposé son aide au royaume pour des abris provisoires, le traitement et la distribution d’eau, des installations sanitaires et du matériel d’hygiène.
Une équipe de huit spécialistes du Corps suisse d’aide humanitaire (CSA) a été constituée pour accompagner la livraison de matériel. Elle est opérationnelle et prête à partir dès que les autorités marocaines auront donné leur feu vert. L’offre n’a pas encore reçu de réponse, a indiqué ce lundi le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
En attendant, d’autres initiatives d’aide locales et non coordonnées, émanant notamment de la diaspora marocaine de Suisse, sont en train de fleurir.
Environ 2000 Suisses étaient présents sur le territoire ce week-end, selon le Temps. Le journal s’est fait confirmer par le consulat qu’il n’y avait pas de ressortissant-es suisses parmi les personnes blessées lors du séisme.
La plupart ont en tout cas vécu la peur de leur vie, rapporte le quotidien, qui a pu s’entretenir avec des Suisses au départ de l’aéroport de Marrakech. Si une partie quittent le pays secoués mais soulagés, d’autres restent pour soutenir la population marocaine.
- L’interview d’un médecin du Corps humanitaire suisse dans l’émission ForumLien externe de la RTS
- «L’aide humanitaire suisse pourrait intervenir au Maroc dans les prochains jours» – l’interview de Silvio Flückiger, responsable de la cellule de crise, au TempsLien externe (sur abonnement)
- Dans un Marrakech dévasté, des Suisses racontent un week-end en enfer – l’article du TempsLien externe (sur abonnement)
- Le sujet du 19h30 de la RTSLien externe sur la mobilisation de la diaspora marocaine de Suisse
Après le tunnel ferroviaire, c’est le tunnel routier du Gothard, un des principaux points de passage entre le nord et le sud de la Suisse et de l’Europe, qui se retrouve fermé pour une durée indéterminée. L’Office fédéral des routes (OFROU) a indiqué avoir fermé le tunnel dimanche après-midi, après avoir détecté une fissure de 25 mètres de long au plafond du tunnel, à 700 mètres de l’entrée nord.
L’OFROU tente désormais de déterminer l’ampleur des dommages ainsi que l’origine du problème. En conférence de presse, le ministre des transports Albert Rösti a assuré que l’office mettait tout en œuvre pour réparer les dégâts le plus vite possible, mais que «la sécurité est prioritaire». Le trafic est dévié par la route du San Bernardino (A13) ainsi que par le col du Gothard.
Cette fermeture intervient alors qu’un des tubes du tunnel ferroviaire de base du Gothard est également fermé depuis un mois, après qu’un train de marchandises a déraillé. Seize wagons sont sortis des rails. Le train a endommagé la voie sur sept kilomètres, provoquant «des dégâts immenses», selon les CFF. Environ 20’000 traverses de voie en béton doivent être remplacées.
Albert Rösti a affirmé que le Gothard «nous touche beaucoup, avec deux événements qui se sont produits en l’espace d’un mois». «Nous sommes dans une région de montagne, dans un environnement où la nature bouge, de tels événements peuvent se produire», a-t-il relevé, en se félicitant qu’il n’y ait à nouveau pas eu de victime.
- La dépêche ATS
- La RTS sur les lieux du déraillementLien externe dans le tunnel ferroviaire du Gothard
- Dans les archives: l’ouverture du Gothard aux voitures en 1980
La population du canton du Valais a rejeté dimanche un décret sur les grands parcs solaires alpins. Le texte visait à accélérer les procédures d’autorisation pour construire de grandes installations photovoltaïques en montagne. Entré en vigueur en février, il est abrogé avec effet immédiat.
Le décret devait servir de base d’application cantonale à la loi fédérale sur l’énergie, modifiée fin septembre. Baptisée Solar Express, celle-ci doit permettre d’augmenter rapidement la production d’électricité pendant l’hiver afin d’éviter la pénurie. Malgré le refus du décret, les huit projets solaires annoncés à ce jour en Valais pourront rester sur les rangs.
Sur la question, le canton est profondément divisé, plus géographiquement que politiquement. Le comité référendaire, opposé au décret, était composé des Verts, du Parti socialiste du Valais romand, de l’UDC (droite conservatrice) du Valais romand et des organisations de protection de la nature. Le Centre, le PLR (droite libérale), les Vert’libéraux, l’UDC du Haut-Valais et les socialistes du Haut-Valais avaient pour leur part appelé à l’accepter.
Incidemment, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a présenté ce lundi à Berne un audit sur la transition énergétique en Suisse. L’AIE estime que la transformation y est trop lente et que les autorités doivent accélérer les procédures d’autorisation relatives aux installations de production d’énergies renouvelables et aux réseaux électriques
- Le sujet de la RTSLien externe sur le rejet du décret sur les grands parcs solaires alpins en Valais
- La dépêche ATS sur l’audit de l’AIE
- Foire d’empoigne autour des parcs solaires alpins – l’article de mon collègue Simon Bradley
- Voici à quoi devrait ressembler une Suisse décarbonée en 2050 – l’article de mes collègues Samuel Jaberg et Luigi Jorio
Le Chili commémore ce lundi les 50 ans du coup d’Etat militaire qui a renversé le président socialiste démocratiquement élu Salvador Allende. Le 11 septembre 1973 a marqué le début d’une dictature sanglante dirigée par le général Augusto Pinochet, au cours de laquelle des milliers de personnes ont été arrêtées, torturées ou exécutées, et beaucoup d’autres ont disparu sans laisser de traces.
Une plongée dans les archives montre que la Suisse officielle, hostile à Allende depuis le début, s’est montrée plutôt soulagée sur le moment. Le soir même du putsch, à l’ambassade suisse de Santiago, on trinque à la chute du gouvernement marxiste; Berne reconnaît aussi le régime de Pinochet bien plus tôt que la plupart des autres pays occidentaux.
Les autorités helvétiques se méfiaient des personnes fuyant le Chili, classées à gauche, ce qui a freiné leur accueil. Dans une note rédigée en octobre 1973, le conseiller fédéral Kurt Furgler définissait des critères d’admission précis pour éviter d’héberger des «extrémistes». Le Conseil fédéral doit finalement lâcher du lest sous la pression de la société civile. Au final, près de 6000 Chiliens et Chiliennes demanderont l’asile entre 1973 et 1990.
Dans une interview au Temps, l’intellectuel suisse Jean Ziegler estime que «la Suisse a joué un rôle terrible au Chili». Il relève que «la Suisse officielle était totalement mobilisée contre Salvador Allende parce que ses dirigeants croyaient que le Chili était un deuxième Cuba». Selon lui, la place financière helvétique a aussi été «matériellement complice» de «stratégies d’étouffement du gouvernement démocratique».
- La Suisse voyait le coup d’Etat au Chili comme un «retour à l’ordre» – l’article de mon collègue Andrea Tognina
- L’interview de Jean ZieglerLien externe dans le Temps (sur abonnement) et sa série d’articlesLien externe consacrée à la dictature (sur abonnement)
- Le sujet du 12h45 de la RTSLien externe
- La Suisse comme modèle pour la démocratie chilienne (août 2022)
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